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Bien avant que Bernard Werber s’intéresse aux Fourmis, Arthur C. Clarke avait relevé le potentiel philosophique des sociétés insectes, capable d’assener une claque virulente aux prétentions de toute-puissance humaine. Ici, les termites sont au centre de la réflexion. Dans le contexte du voyage spatial, la complexité de leur organisation rivalise avec celle d’autres sociétés extraterrestres et pourrait même remettre en question l’hégémonie de l’homme sur Terre. Une idée rapidement esquissée et qui se propose modestement en filigrane de la trame, pour permettre au lecteur de tirer ses propres conclusions…
Une histoire symbolique conçue d’après une vision cyclique des évènements fondateurs de la civilisation humaine. Le souffle épique des Prairies bleues, nouvelle qui servit à l’élaboration du roman éponyme, trouve ici son élan dans la description du processus de domination de l’homme sur l’animal par le biais de la domination. « […] Il se sentait le frère de tous les bergers qui avaient gardé leur troupeau depuis l’aube des temps. Il était David qui, au milieu des collines de Palestine, guettait les lions des montagnes prêts à fondre sur les moutons de son père. » Mais l’échelle est différente. Au lieu de moutons, l’homme s’attaque désormais à la cible plus noble, mystérieuse et fantasmatique des baleines. Cette bonne idée ne parvient toutefois pas à atteindre ses ambitions et la vigueur épique des premiers paragraphes retombe bientôt, épuisée par une écriture qui ne parvient pas à garder son dynamisme rythmique.
Lorsque Raymonde se livrait avec frénésie à ses achats par correspondance, il s’agissait de lutter contre le désœuvrement. C’est maintenant au tour de Robert d’être gagné par la fièvre acheteuse, et il s’agit pour lui de faire la preuve ostentatoire de son appartenance à la modernité. Véritable foire du « made-in-china », la maison des Bidochon est envahie par d’étranges objets pratiques qui ne font finalement gagner aucun instant mais font perdre beaucoup d’énergie et de patience à leurs utilisateurs déboussolés. Pour Robert, c’est l’occasion de sortir de son apathie et de s’ouvrir vers le monde extérieur. Pour Raymonde, il s’agira surtout de constater, une fois de plus, l’aveuglement stupide et parfois rageur de son compagnon d’appartement.
Au bout du 20e épisode de la série, Christian Binet semble avoir fait le tour de sa critique de la société de consommation. Il ne tarit pas vraiment de mauvaises idées, mais n’éblouit plus non plus par des inventions neuves. Le progrès a peut-être bien une fin…
La Légende dorée et son cortège de 150 saints et martyrs ont de quoi donner des frissons. Si une telle lecture peut sembler indigeste, cette édition plus modeste de la Vie des douze apôtres guérira des appréhensions compréhensibles. Parmi toutes les saintes existences évoquées par Jacques de Voragine, chroniqueur italien du 13e siècle, béatifié en 1816, nous ne sélectionnerons que leurs variantes apostoliques –à peine un dixième du volume original. L’édition est d’ailleurs si modeste qu’elle nous lâche dans le texte sans indication préalable. D’où surgit le déferlement d’informations que nous fournit Jacques de Voragine ? Il faudra se renseigner de sa propre initiative pour apprendre que ses sources sont d’une densité exceptionnelle et comptent par exemple des évangiles apocryphes ou des Pères latins Grégoire de Tours, Saint Augustin, Saint Jérôme ou grecs Jean Chrysostome. Ce travail gigantesque est condensé en quelques pages aussi brèves et savamment articulées que des nouvelles. Eléments attestés, légendes, miracles et symboliques s’entrecroisent dans des ébauches de vie dont la plus ou moins grande crédibilité passe souvent au crible du jugement de Jacques de Voragine. La vie des douze apôtres semble entièrement dirigée dans l’objectif de prouver la lutte de Dieu contre les puissances hérétiques qui se déchaînent au cours des siècles suivant la venue du Messie. On découvre alors un paradigme entièrement exotique faisant se mêler foi et politique sans conscience coupable, les empereurs et princes révélant parfois d’une folie religieuse plus déchaînée encore que celle qu’on aurait préféré attribuer aux apôtres.
« […] Vespasien avait dans le nez, depuis l’enfance, une espèce de vermine, d’où lui était venu son surnom même de Vespasien. […] « Je crois que s’il a pu ressusciter les morts, il pourra me délivrer de mon infirmité ! » Et aussitôt les vers lui sortirent du nez, et il retrouva la santé. »
Cette Légende dorée abrégée délivre un lot de trésors narratifs apte à chambouler le plus blasé des lecteurs modernes. Dans le style médiéval le plus épuré, Jacques de Voragine aligne une succession de faits et de renseignements qui font s’alterner l’anecdotique au plus sanglant sans manifester le moindre état d’âme. Les textes religieux ne sont pas ennuyeux comme le sermon d’un prêtre en église lorsqu’ils retrouvent leur véritable source dramatique. On découvrira que l’empereur Domitien fit plonger Saint Jean dans une marmite d’huile bouillante, que Judas tua son père pour un sac de pommes, que des mères misérables découpaient et faisaient revenir la chair de leurs enfants dans de grandes marmites pour se nourrir ou que Néron fut dupé par des médecins lui faisant avaler des grenouilles afin de satisfaire sa curiosité de la gestation maternelle.
Si les douze apôtres revenaient sur Terre, quels miracles pourraient-ils encore accomplir et comment se heurteraient-ils à l’incrédulité contemporaine ? La Légende dorée, même abrégée, nous donne déjà l’aperçu d’une époque qui, sans doute non exempte de défauts, connaissait une passion et une excentricité qui nous feraient presque pâlir d’envie…
Mérimée ne se faisait guère d’illusions sur ses qualités d’écrivain. Sa correspondance mérite peut-être plus d’intérêt que ses nouvelles en cela qu’elle laisse apercevoir la lucidité d’un homme réfléchissant aux raisons qui le poussent à écrire, alors que cette activité semble être une besogne plus qu’une nécessité, un devoir plus qu’un plaisir –une activité presque vile par rapport à ses plus prestigieuses occupations politiques. Il viccolo di Madama Lucrezia est encore une fois dédié à une des connaissances de Prosper Mérimée. Ecrivant, pour se plaindre de son manque d’inspiration, il nous révèle les origines de ce petit conte fantastique :
« Je voudrais bien établir que je suis toujours un faiseur de contes, et si j’en avais un prêt je le donnerais aussitôt. Le mal, c’est que je n’en ai pas, mais conseillez-moi. Il y a quelques années que j’en ai fait un pour Mme Odier, où il y avait deux chats et qui est inédit. Je ne m’en souviens plus du tout. Il faudrait que vous les lussiez et vissiez si cela peut passer en lettres moulées. »
Après ce dernier effort, Prosper Mérimée n’écrira plus. Pourtant, Il viccolo n’est pas la nouvelle la plus dispensable de l’écrivain. Peut-être parce qu’elle nous rappelle la Vénus d’Ille et ses effigies sculpturales aussi belles que cruelles, la lecture nous accueille en nous laissant présager le déroulement d’une histoire dans laquelle torture et amour sont les deux modalités des aventures de jeunes protagonistes. Le rôle de la statue se dissipe bientôt dans un arrière-plan au profit d’une créature constituée cette fois de chair et de sang –plus insaisissable et mystérieuse qu’une effigie de pierre ayant traversé les siècles :
« Une jeune dame romaine, probablement d’une grande beauté, m’avait aperçu dans mes courses par la ville, et s’était éprise de mes faibles attraits. Si elle ne m’avait déclaré sa flamme que par le don d’une fleur mystérieuse, c’est qu’une honnête pudeur l’avait retenue, ou bien qu’elle avait été dérangée par la présence de quelque duègne, peut-être par un maudit tuteur comme le Bartolo de Rosine. Je résolus d’établir un siège en règle devant la maison habitée par cette infante. »
Prosper Mérimée n’invente cependant rien de plus et si l’on connaît un peu son goût pour la cruauté d’une Vénus d’Ille et pour les histoires d’amours déchirantes d’une Arsène Guillot, on aura à peu près tout compris à ce Viccolo di Madama Lucrezia. Anecdotique et à peine divertissant.
De la lassitude à l’exaltation, de la critique au lyrisme, du dégoût à la passion, Emil Cioran parcourt toutes les contradictions qui le constituent et que ses veilles nocturnes ont révélé, pareilles aux éclairs de lucidité de l’homme illuminé. S’il a pu gravir les Cimes du désespoir plutôt que de mener l’existence plus classique d’un étudiant parisien planchant sur des thèses et se limitant aux digressions intellectuelles en trois parties -thèse– antithèse, synthèse-, Emil Cioran le doit à sa maladie : l’insomnie. Peu importe que personne ne considère vraiment cela comme un mal. La maladie a des charmes captieux qu’il suffit de désirer ne serait-ce que partiellement pour en être touché.
« Il n’est personne qui, après avoir triomphé de la douleur ou de la maladie, n’éprouve, au fond de son âme, un regret –si vague, si pâle soit-il. […] Lorsque la douleur fait partie intégrante de l’être, son dépassement suscite nécessairement le regret, comme d’une chose disparue. Ce que j’ai de meilleur en moi, tout comme ce que j’ai perdu, c’est à la souffrance que je le dois. Aussi ne peut-on ni l’aimer ni la condamner. J’ai pour elle un sentiment particulier, difficile à définir, mais qui a le charme et l’attrait d’une lumière crépusculaire. »
L’activité d’écriture d’Emil Cioran apparaît alors comme un moyen de dépasser ses terribles insomnies qui l’écartèrent de toute existence conventionnelle et lui firent connaître les nuits solitaires ou marginales de Paris. Le dépassement de cet état maladif constitue une attitude que Nietzsche n’aurait pas reniée et pourtant, Emil Cioran s’écarte des conclusions de son prédécesseur et choisit de ne pas exalter la puissance pure mais sa forme désenchantée : la mélancolie.
« Les éléments esthétiques de la mélancolie enveloppent les virtualités d’une harmonie future que n’offre pas la tristesse organique. Celle-ci aboutit nécessairement à l’irréparable, tandis que la mélancolie s’ouvre sur le rêve et la grâce. »
Emil Cioran reste trop humain en acceptant ses fléchissements. S’il est probable que Nietzsche ait connu une apathie aussi virulente que lui, son combat contre les sentiments compassionnels lui aura refusé d’en relater le moindre récit personnel. Emil Cioran ne revendique quant à lui aucune volonté de la sorte. En dehors de lui-même, le mal et le bien n’existent pas. Ne sont réelles que les luttes contradictoires qui se mènent dans son âme à la fois exaltée et fatiguée. Les paragraphes courts font s’alterner des voix qui ne semblent pas toujours émaner du même individu, si le goût pour la transcendance désenchantée de leur auteur ne constituait pas le refrain lancinant de leurs variations. Emil Cioran reconnaît une apathie des plus funestes, traduisant l’intérieur d’un homme dévitalisé –malade de l’insomnie, et malade de la refuser.
« En ce moment, je ne crois en rien du tout et je n’ai nul espoir. Tout ce qui fait le charme de la vie me paraît vide de sens. Je n’ai ni le sentiment du passé ni celui de l’avenir ; le présent ne me semble que poison. Je ne sais pas si je suis désespéré, car l’absence de tout espoir n’est pas forcément le désespoir. »
Il reconnaît aussi le vertige qui saisit l’homme enivré de son ascension, celui qui, ayant dépassé la plupart des autres hommes dans un parcours de solitude et de désespoir, se rend compte que abîmes menaçants qui l’entouraient n’avaient jamais été une menace pour son âme invincible.
« Je ressens en ce moment un impérieux besoin de crier, de pousser un hurlement qui épouvante l’univers. Je sens monter en moi un grondement sans précédent, et je me demande pourquoi il n’explose pas, pour anéantir ce monde, que j’engloutirais dans mon néant. Je me sens l’être le plus terrible qui ait jamais existé dans l’histoire, une brute apocalyptique débordant de flammes et de ténèbres. »
Peu importe que ces deux attitudes s’excluent -excepté dans le caractère extrême de leurs descriptions- car elles ne convaincront peut-être pas qui refuse le chaos en soi, mais sauront faire abdiquer celui qui accepte de le connaître ou celui qui l’a déjà connu.
« Ceux qui n’ont que peu d’états d’âme et ignorent l’expérience des confins ne peuvent se contredire, puisque leurs tendances réduites ne sauraient s’opposer. Ceux qui, au contraire, ressentent intensément la haine, le désespoir, le chaos, le néant ou l’amour, que chaque expérience consume et précipite vers la mort ; ceux qui ne peuvent respirer en dehors des cimes et qui sont toujours seuls, à plus forte raison lorsqu’ils sont entourés –comment pourraient-ils suivre une évolution linéaire ou se cristalliser en système ? »
Nietzsche craignait d’exalter la fatigue vitale en relâchant l’autorité qui cadenassait en lui tout instinct compassionnel ; Emil Cioran, au contraire, reconnaît cette pitié comme un tendre laxisme qui redonne de la confiance à une âme que la fatigue ne se permettrait de toute façon jamais d’épargner. La fougue au charme captieux d’Emil Cioran semble alors le souffle épique qui accompagne et enchante celui qui se dirige vers les Cimes du désespoir.
« Comment oserait-on encore parler de la vie lorsqu’on l’a anéantie en soi ? J’ai plus d’estime pour l’individu aux désirs contrariés, malheureux en amour et désespérés, que pour le sage impassible et orgueilleux. »
Les Schtroumpfs m’ont accompagnée lors de mes premiers cheminements bédéphiles avant que je ne les laisse sur le bord du chemin. Bien dociles, ils ont attendu que je revienne vers eux pour vérifier si le plaisir que me procuraient leurs histoires n’a pas changé...
Leurs aventures, ici presque exclusivement basées sur un comique de répétition, n’ont rien d’exceptionnel en soi. Reste cependant le charme de l’univers propre aux Schtroumpfsque Peyo a réussi à rendre original et crédible, accueillant et confortable, donnant envie au lecteur de rapetisser pour se retrouver entouré d’une compagnie digne de la Phalanstère dans ses plus glorieux moments.
Dans cet épisode, les Schtroumpfs sont en lutte contre des événements extérieurs venant troubler la quiétude uniforme de leur organisation. Il s’agit de combattre un virus virulent transmis par la mouche « Bzz », d’assouvir les ambitions destructrices d’un Schtroumpf-Icare ou d’échapper à Gargamel, cet alchimiste aux talents combinatoires peu convaincants. Pour une madeleine de Proust bédéphile, ces retrouvailles schtroumpfs sont plaisantes.
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« Quand je mens, j’ai l’impression de vraiment me cacher de la vérité. Ma terreur, c’est que si jamais je cessais de me cacher de la vérité, je pourrais découvrir qu’elle n’existe même pas. »
Est-ce l’histoire d’un homme ou est-ce l’histoire d’un monde ? En tant qu’homme, Karoo s’est toujours senti isolé. Il tire son sentiment d’existence de cette solitude monadique qui l’empêche de communiquer avec les autres. Voilà sa force, mais voilà aussi son désespoir, voilà pourquoi Karoo oscille sans cesse entre badinerie et ironie.
Alors qu’il aimait se payer des cuites régulières, Karoo réalise un jour que plus aucune substance ne parvient à le tirer hors de lui-même. Les verres de whisky peuvent bien s’aligner, sa lucidité reste d’une précision alarmante. Toutefois, Karoo continue à simuler l’ivresse pour satisfaire les attentes de ses congénères. Alcoolique il fut, alcoolique il restera, tel est le blason qu’il doit continuer à porter car le monde est un grand plateau de cinéma sur lequel chacun doit jouer son rôle du début jusqu’à la fin de son entrée sur scène. La métaphore est bien connue mais Steve Tesich la décline sur des modes variés qui offrent une souplesse de visualisation rare. Trois niveaux s’imbriquent : sur la scène de la vie, Karoo retape des scénarios de cinéma pour produire des soupes commerciales, jusqu’au jour où il tombe sur une vidéo dans laquelle il reconnaît Leila, la mère de son fils adoptif Billy. Non seulement Karoo décide de rechercher cette actrice pour l’inclure dans sa vie au premier niveau, mais aussi afin de transformer cette mauvaise scène du père fuyant qui renie son fils en scène du père aimant. Karoo concrétise ses ambitions mais avance toujours avec hésitation, conscient de la précarité de ses réalisations. Il suffirait d’une grimace pour que l’ensemble du jeu s’effondre. Concentré sur le rôle qu’il doit jouer, il se ferme sur la plupart des informations qui proviennent de l’extérieur.Karoo ne parvient jamais à sortir de lui-même et plus il voudrait aimer, moins il y parvient, parce que les objets de son élection sont trop inconsistants et s’évanouissent plus vite qu’une figure de cinéma.
Karoo est à la fois médiocre et brillant. Brillant, parce que l’évidence eschatologique lui brûle les yeux, l’infinie complexité de l’univers recréant le chaos cosmique dans sa façon d’appréhender les événements anodins d’une existence. Rongé par cette affirmation que « la vie […] n’est pas dépourvue de sens » mais qu’ « elle est au contraire tellement pleine de sens que ce sens doit constamment être annihilé au nom de la cohésion et de la compréhension », Karoo essaie d’épurer le flux d’informations qui lui parvient, et c’est à cet endroit qu’il se montre médiocre. Pourquoi s’évertue-t-il à épurer en ne gardant que les aspects négatifs qui lui parviennent ? Pourquoi ne parvient-il pas à se transcender d’une manière qui soit satisfaisante pour lui, et donc pour les autres ? Karoo est peut-être un homme imbu de lui-même, à moins que ses congénères ne soient véritablement pas à la hauteur de ses conceptions. Son histoire se hissera bientôt jusqu’à la conversion religieuse, non pas tant que Karoo se sente soudainement proche de certains dogmes établis précis, mais parce qu’il rejoint l’illumination archétypique des prophètes, en tant que celle-ci exprime, dans son sens profond, la vie secrète et inconsciente de chacun, mais dont seuls quelques élus peuvent être conscients.
Karoo ne pouvait pas aimer seulement une femme, ou un fils, ou un ami ni même une profession ou un idéal de vie. Karoo trop médiocre pour le monde, ou le monde trop médiocre pour Karoo ? L’itinéraire reproduit les frasques d’un Zarathoustra nietzschéen : il faut aller très loin pour revenir apaisé. C’est peut-être, aussi, le sens primordial du message christique.
Monstrueuses sont les archives dans lesquelles Stéphane Audeguy s’est faufilé pour extirper quelques fringants morceaux qu’il expose entre les pages de son livre sobrement intitulé Les Monstres. Avec délectation, on découvrira des illustrations, reliques et sculptures assez rares pour captiver une attention qui se croyait déjà aguerrie aux prototypes monstrueux les plus grotesques qu’il soit ; on se surprendra à (ré)apprécier les figures monstrueuses des temps anciens, avant de retrouver nos plus récents monstres modernes.
Dommage que le texte des Monstres ne suive pas cette tendance horrifique et ne se perde pas sur mille chemins le long desquels nous attendent des créatures contre-nature. Les propos de Stéphane Audeguy exaltent moins que les illustrations et se contentent de retracer un parcours très conventionnel de l’image du monstre dans l’histoire. On n’évitera malheureusement pas de toucher au fameux point Godwin, digression de mauvais goût et raccourci politique évident dont l’ouvrage aurait pu se passer. Stéphane Audeguy semblait surtout vouloir nous présenter ses découvertes artistiques monstrueuses ; le texte n’est qu’un pardessus nécessaire destiné à rendre l’ouvrage présentable sur les rayonnages des magasins.
Conrad Gessner
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Anonyme, Portrait d'un nain
A propos d'Elephant Man :
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Jean Riolan, De monstro nato Lutetiae
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Le Géant Giovanni Bona
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L'Ethiopie, miniature de Robinet Testard dans Secrets de l'histoire naturelle
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Portrait de Gregor Baci
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Thomas Grunfeld
« Chaque soir, une fois le bureau fini, une fois le restaurant fini, une fois les amis partis –revient la joie féroce, le rafraîchissement d’être seul. C’est l’unique vrai bonheur quotidien. »
Cesare Pavese