Film tout à fait réjouissant de Woody Allen. Après bien des déceptions causées par l’outrance verbale du réalisateur, Annie Hall me comble pleinement dans son équilibre parfait
entre suggestion et démonstration. Le thème évoqué par le film n’est sans doute pas étranger non plus à mon enthousiasme : alors que, la plupart du temps, les films de Woody Allen présentaient la
naissance d’une idylle et sa lente dégradation, ici, nous nous embourbons immédiatement dans une relation à l’état de déliquescence. Pas d’emportements naïfs et agaçants, pas d’enjolivures… Pour
autant, Woody Allen ne part pas dans le versant opposé. Annie Hall est parfaitement équilibré, qu’il s’agisse de la répartition entre les scènes du début et de la fin de la
relation, ou de la représentation des sentiments liés à la relation entre Annie Hall et Woody Allen.
Cette justesse s’explique peut-être par l’implication du réalisateur puisque Annie Hall est la transposition cinématographique de ce qu’il vécut réellement avec Diane Keaton. On
sent que Woody Allen a travaillé avec précaution pour exprimer ses sentiments au plus près de la réalité, sans négliger toutefois cette part d’humour qui caractérise toujours ses films. Il ne
tarit pas dans les réflexions cyniques considérant les aspects de la vie de couple, et sa joie presque intarissable à dénoncer les travers des relations humaines nous le ferait presque soupçonner
de masochisme...
Woody Allen donne le ton dès l’introduction du film : la vie est d’une absurdité impitoyable. Loin de s’en désespérer, lui s’en amuse et essaie de se raccrocher aux moments de joie et de
transport que ces évènements absurdes de son existence lui procurent.
Me voilà réconciliée (pour le moment) avec Woody Allen…