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15 décembre 2012 6 15 /12 /décembre /2012 17:07





La première minute de Breaking the waves a à peine le temps de s’écouler qu’on reconnaît déjà la marque de Lars von Trier. Les scènes semblent avoir été filmées avec un appareil d’amateur : la lumière naturelle, même si elle capte des rayons de soleil, semble glauque. Les couleurs sont tristes, tout semble minable. Et pourtant, on fête bientôt un mariage. Bess se marie avec Jan et, si les deux futurs époux semblent s’adorer, la célébration n’est pas vue de bon œil par tout le monde. Bess a grandi dans la communauté d’une petite ville religieuse tandis que Jan est considéré comme un étranger. Bruyant et braillard là où les villageois sont mesurés et sobres, son caractère jure avec le reste de la communauté, et même avec celui de Bess, plus jeune, naïve et très pieuse. Mais contrairement aux religieux de son village, Bess ne trouve pas que son amour soit incompatible avec sa ferveur. Les conversations qu’elle mène avec son Dieu semblent même ravivées par l’élan de bonheur amoureux qu’elle traverse.





Comment aurait évolué l’amour de Jan et de Bess s’il avait suivi son cours ? Le sentiment religieux de Bess se serait-il finalement peu à peu tari, avec l’habitude de la vie conjugale ? Aurait-il pris un autre tournant ? L’amour absolu que ressent Bess –Jan est laissé de côté par Lars von Trier comme amoureux un peu trop classique pour qu’on daigne vraiment s’intéresser à lui- n’aura pas le temps de s’épanouir : à peine mariée, Jan lui est enlevé, du moins physiquement. Employé sur une plate-forme pétrolière, Jan subit un accident qui manque le tuer, mais qui se contente finalement de le paralyser… les pronostics sont mauvais. Jan et Bess se résignent déjà à l’idée que leur vie ne sera plus la même.

Notamment parce qu’ils ne peuvent plus faire l’amour ensemble, Jan –dont on ne peut plus jurer de la bonne santé mentale- demande à Bess de coucher avec d’autres hommes en imaginant qu’il s’agit de lui. Se met alors en place une sexualité détournée et perverse (en tout cas atypique) où s’installe peu à peu le masochisme et l’humiliation. L’amour fou de Bess semble n’avoir aucune limite.




Lars von Trier piège son spectateur dans une situation très inconfortable. Il joue sur ses principes moraux en lui présentant la dégradation mentale et physique d’une jeune fille admirable de manière telle qu’on ne peut s’empêcher d’y ressentir du plaisir, de l’intérêt et de la fascination. Parfois, Lars von Trier force les traits : trop ne semble jamais assez. Et les 2h30 que dure le film ne se font pas sentir…


Pour le réconfort du spectateur, Lars von Trier semble toutefois ne pas avoir cédé à la cruauté gratuite. Revenant sur les sentiments les plus extrêmes, il nous interroge : qu’est-ce que la folie ? Pourquoi nomme-t-on ainsi tout sentiment dès lors qu’il devient menaçant et destructeur ? Y a-t-il vraiment une différence entre l’amour absolu éprouvé par Bess pour Jan au début de leur union et celui qu’elle continue à éprouver et à exprimer, d’une manière différente, alors que celui-ci est cloué dans son lit au bord de la mort ?






Lars von Trier semble aimer les personnages extrêmes, et Breaking the waves ne déroge pas à la règle…

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