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18 mai 2011 3 18 /05 /mai /2011 09:21




Sous la forme d’un journal intime, Debbie Drechsler nous livre une autobiographie pas rose du tout de son enfance et de son adolescence.
Malgré la dureté du sujet, les dessins et les propos ne sombrent jamais dans le désespoir. Entre les histoires de famille et les histoires à l’école, le journal de Lil ressemble au journal de n’importe quelle autre jeune fille, si ce n’est que son père abuse d’elle à la moindre occasion, lorsque toute la maisonnée dort, ou lorsque le reste de la famille est parti en courses.

L’album entame le sujet à vif, sans introduction. Suivent des histoires plus anodines, qui n’ont pas forcément de lien direct avec les abus dont Lil fait l’objet, mais qui sont la conséquence de sa culpabilité et de la peur que les hommes et leurs désirs lui inspirent. Lil fait constamment bonne figure, mais les traces des abus dont elle est la victime sont indubitablement là.
Seul le lecteur peut s’en rendre compte, et on aimerait bien prendre Lil par les épaules et la secouer un bon coup pour lui faire prendre conscience de sa situation, car c’est dans ce fait que le livre est le plus atroce : jamais Lil ne remet en question l’autorité de son père. Elle accepte ce qui lui arrive comme une évidence et s’en sent coupable. Son père ne fait rien pour l’aider :

« Il a dit qu’ils ont dû rater quelque chose avec moi, pour être devenue une telle salope. Il a dit qu’il savait que j’aimerais ça à ma façon d’agir, à comment je le regardais. »

Les solutions que Lil imagine pour s’en sortir sont irréalisables, désespérées : avoir un cancer, prendre la fuite… Lil espère de tout cœur que sa famille réalise le drame qu’elle subit au quotidien, mais sa mère ne l’aide pas et continue au contraire à l’enfoncer :

- Hé, m’man, ça va ?
- Oh bien sûr ! Ca va très bien. J’adore déménager. C’est si excitant ! Oh oui, tout va vraiment comme sur des roulettes.
- Oh la la, m’man, parfois j’aimerais juste pouvoir te rendre heureuse.
- Ouais, moi aussi. J’aimerais que tu puisses. Je l’ai espéré des millions de fois.


L’album se conclut par une touche un peu plus optimiste que le reste, ce qui n’est pas bien difficile à faire. Malgré tout, les séquelles seront toujours là, et on referme Daddy’s girl en se disant que ce sont peut-être les dessins et les textes que l’on tient entre les mains qui ont permis à Debbie Drechsler de surmonter ce qui lui est arrivé.

Quelques planches :



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