Topor aurait été content. Ce dictionnaire biographique n’est pas n’importe quelle tentative de vulgarisation à l’usage de l’indifférent car il est avant tout le résultat d’une vive amitié entre
Roland Topor et Laurent Gervereau. Allant dans le sens d’une évolution que n’aurait pas renié l’artiste multiforme, ce modeste (presque) tout Topor avait d’abord porté le titre
plus solennel de Dictionnaire Topor, conçu et revu sous son égide. Si les lecteurs italiens ont pu immédiatement profiter de cette première mouture, il aura fallu attendre la
mort de Roland Topor pour que paraisse sa version française, très rapidement épuisée. A nouveau contenu, nouveau titre : aujourd’hui paraît la version revue et augmentée de ce premier
Dictionnaire Topor. Pas de quoi faire remuer Roland dans sa tombe : les ajouts ciblent surtout la collaboration de l’ami Gervereau dans cette entreprise et quelques derniers
dessins que notre plaisir ne rechigne pas. Pour le reste du contenu, les extraits de textes, les informations biographiques et les dessins sont toujours répertoriées sous la forme classique du
dictionnaire.
Le langage est quand même bien fait : le B de l’entrée « Biographie » arrive presque en tête du classement alphabétique, ce qui nous permettra de connaître le parcours de Roland Topor plus
précisément avant de découvrir son œuvre multiforme. L’artiste, au nom relativement peu connu eut égard à la quantité de réalisations qui furent siennes, a travaillé à la fois en tant que
dessinateur et écrivain, mais il a aussi collaboré pour la réalisation de films, d’affiches publicitaires, de collages, d’installations et de chansons. La légende suit implicitement leur
présentation et il n’est besoin d’aucun commentaire pour comprendre que Roland Topor ne suivait aucune démarche préalablement réfléchie. La recherche d’une expression multiforme se conjugue à
l’originalité d’un humour amer qui mêle allègrement érotique et morbide. Roland Topor ne semble toutefois pas avoir pour ambition de se constituer l’image d’un artiste rongé par des pathologies
névrotiques. On parcourt son œuvre et on comprend que l’utilisation d’images fortes n’est pas une fin en soi mais correspond à la manière publicitaire de capter l’attention d’un spectateur pour
lui véhiculer un message quasi-subliminal. Dans le cas de Topor, aucun message définitif ne nous est assené. On reste souvent désarçonné devant un texte ou une image qui nous trompe sur sa
signification. Les réalisations de Topor deviennent bientôt des miroirs réfléchissants mais aussi déformants : un détail particulier devient saillant sous l’observation avisée du maître
illusionniste.
(presque) tout Topor porte bien son nom. Ses pages contiennent un peu de l’artiste et un peu de l’homme, juste ce qu’il faut en connaître pour que la synergie des deux facettes
nous ouvre sur la compréhension d’un univers qui suit son siècle. Le refus de la société de consommation se couple à l’intérêt accru pour une forme d’art qui n’avait jamais réussi à trouver ses
spectateurs jusqu’alors. On pense à l’émergence de l’art naïf et primitif lorsque Roland Topor souligne l’intérêt des [/justify]dessins d’enfants, par exemple («
Pourtant beaucoup de ces dessins possèdent de grandes qualités sur le plan esthétique, émotionnel, symbolique… »). Le mélange d’un humour primesautier à des saillies verbales parfois
violentes rappelle l’art d’un Boris Vian qui s’amusa lui aussi, en musique et en mots libérés de leurs anciens carcans. Si ce dernier souffrait de troubles cardiaques provoqués par une angine
infectieuse, Roland Topor souffre d’un asthme métaphorique, se rapprochant par la même occasion d’un Emil Cioran dont il cite l’influence directe : « Cioran dit
quelque part : « La réalité me donne de l’asthme ». Je souffre de la même maladie ». Plus loin, une explication des causes de cette maladie : « le
sérieux n’est que la crasse accumulée dans les têtes vides ». Roland Topor nous donne la possibilité de rebooter nos cervelles encrassées. On se sent plus frais après avoir cheminé
quelques pages en sa compagnie.
Les barges de Bar-Le-Duc (chanson) a écrit: |
Elle me chie cette nana Assise au bout du bar Si elle s’approche de moi Je lui colle un coquard C’est vraiment la pétasse Qui se case pour la nuit Son parfum dégueulasse Me détruit le whisky Je ne suis pas misogyne Mais il faut avouer Qu’il y a des frangines Qui vous rendraient pédé |
La chanson du boucher a écrit: |
En rognant mes côtelettes Je construis je bâtis dans ma tête Un monde différent De c’qu’il est à présent Un monde où les rognons Les tendrons me cachent plus l’horizon Un monde où les bouchers Auraient l’droit d’s’exprimer |
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Bouquet d'ancêtres
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Illustration pour les oeuvres complètes de Marcel Aymé
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Le fils de Van Gogh
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le gourmet
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Tauromachie
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Tu es vraiment crétin, Samuel
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Uranus, 1980
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Dessin paru dans la revue Opus International
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Pour le Corriere della Sera
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