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11 juillet 2011 1 11 /07 /juillet /2011 09:31




Ce texte a été commandé par l’Unesco dans les années 1950 pour traiter de la question du racisme. Visant à dénoncer l’ethnocentrisme comme la base de la plupart des conceptions racistes, les idées de Lévi-Strauss, bien que pertinentes, sont de plus en plus controversées pour leur manque d’efficacité. Le problème du racisme n’a toujours pas disparu malgré les progrès effectués en matière de relativisation, ceci signifiant, pour certains, que la solution de Lévi-Strauss était incomplète ou limitée au contexte des années 1950.

A ce propos, un article de la revue Exergue : link

Malgré ce problème pointé sur le manque d’efficacité de la thèse de Lévi-Strauss, Race et histoire est ponctué de nombreux passages pertinents, expliqués dans un langage clair, et certainement novateurs à l’époque de leur publication.


« […] à côté des différences dues à l’isolement, il y a celles, tout aussi importantes, dues à la proximité : désir de s’opposer, de se distinguer, d’être soi. Beaucoup de coutumes sont nées, non de quelque nécessité interne ou accident favorable, mais de la seule volonté de ne pas demeurer en reste par rapport à un groupe voisin qui soumettait à un usage précis un domaine où l’on n’avait pas songé soi-même à édicter des règles. Par conséquent, la diversité des cultures humaines ne doit pas nous inviter à une observation morcelante ou morcelée. Elle est moins fonction de l’isolement des groupes que des relations qui les unissent. »

Contre l’abolition des différences interculturelles :


« […] la simple proclamation de l’égalité naturelle entre tous les hommes et de la fraternité qui doit les unir, sans distinction de races ou de cultures, a quelque chose de décevant pour l’esprit, parce qu’elle néglige une diversité de fait, qui s’impose à l’observation et dont il ne suffit pas de dire qu’elle n’affecte pas le fond du problème pour que l’on soit théoriquement et pratiquement autorisé à faire comme si elle n’existait pas. »

Sur la conception de l’histoire des cultures :


« Des civilisations disparues, nous ne connaissons que certains aspects, et ceux-ci sont d’autant moins nombreux que la civilisation considérée est plus ancienne, puisque les aspects connus sont ceux-là seuls qui ont pu survivre aux destructions du temps. Le procédé consiste donc à prendre la partie pour le tout, à conclure, du fait que certains aspects de deux civilisations (l’une actuelle, l’autre disparue) offrent des ressemblances, à l’analogie de tous les aspects. Or non seulement cette façon de raisonner est logiquement insoutenable, mais dans bon nombre de cas elle est démentie par les faits. »

Si Race et histoire se voulant bref et concis pour répondre à la demande de l’Unesco, les exemples pour illustrer les idées de Lévi-Strauss sont malheureusement trop rares. On a l’impression de suivre le développement des raisonnements qu’un ethnologue aurait mis au point depuis longtemps et qui se décide enfin à le coucher sur papier, mais en faisant abstraction de la majorité des étapes qui l’ont conduit à aboutir à une telle réflexion. Un peu frustrant pour le lecteur qui n’a pas mêmes connaissances que Lévi-Strauss…

Cette lecture est donc intéressante mais je pense qu’elle nécessite vraiment d’être croisée avec les autres ouvrages du même auteur pour être comprise plus entièrement.

Sur ce livre, un site intéressant : link

Sur Evene, on peut trouver un article qui retrace brièvement la carrière de Lévi-Strauss, à l’occasion de sa mort en octobre dernier. Le lien : link

Citation:
Le structuralisme, attaché au nom de Lévi-Strauss, a suivi des protocoles parfois austères. Son impulsion, en revanche, est restée simple. Il s'agit de déceler, au-delà des apparences, les analogies formelles entre différents objets d'observation. D'en mettre au jour les règles communes, les variations, les systèmes cachés. Or, en appliquant cette méthode héritée de la linguistique à l'étude des sociétés humaines, Lévi-Strauss parvient à deux conclusions culturellement renversantes. D'une part, les sociétés dites "primitives" ne fonctionnent pas comme l'Occident le croyait jusqu'alors (c'est-à-dire dans un esprit irrationnel ou infantile), mais, au contraire, suivant des constructions mentales riches et cohérentes. Au-delà des particularités propres à chaque culture et à ses mythes, Lévi-Strauss tente ainsi de saisir les grands invariants de la pensée humaine.




"Dans tout ce que j'ai écrit et la façon dont je l'ai écrit, j'ai cherché, d'abord inconsciemment, puis de plus en plus consciemment, à faire avec des sens, des significations, ce que d'autres arrivaient à faire avec des sons"
Claude Lévi-Strauss

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commentaires

C
Blog(fermaton.over-blog.com),NO.24- THÉORÈME de STRAUSS. - Mon rêve de toujours.
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