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28 juin 2011 2 28 /06 /juin /2011 09:07



Résumé éditeur :

Citation:
Un soir, un clochard s'enfuit de la maison d’accueil où il a été placé pour passer l'hiver. Pieds nus, en pyjama sous la neige, il traverse la campagne glacée à cause d'une infirmière qui lui a servi une soupe froide. Pour lui, c'est pire qu'une insulte. La soupe froide est tout juste bonne pour les chiens, pas pour un être humain. Humilié, il préfère risquer sa vie que rentrer dans cet hospice si peu attentionné à son égard.



Savoir qui est Charles Masson éclaire un peu plus sur la lecture de cet ouvrage…
Médecin ORL, il a été en contact avec de nombreux patients issus de différents milieux sociaux. De toutes les expériences qu’il a pu vivre au cours de l’exercice de sa profession, il en a retenu certaines qui l’ont davantage marqué que d’autres et qu’il a eu envie d’exprimer par le biais de la bande dessinée, qu’il pratique en amateur :

« En 2000, je suivais un autre patient que j’aimais beaucoup. On établit des liens privilégiés avec certains malades et ce patient était un peu ma mascotte. C’était un clochard de Lyon : il venait toutes les semaines à ma consultation et je le faisais hospitaliser dès que les grands froids arrivaient. Un soir, au début du printemps, il a voulu quitter le service avec toutes ses affaires et nous ne sommes pas parvenus à le convaincre de rester. Il avait été vexé : une infirmière lui avait servi une soupe froide. Pour lui, m’a-t-il expliqué, c’était une insulte : c’est aux chiens que l’on sert la soupe froide. »
Charles Masson

Cet amateurisme n’est pas flagrant dans le dessin. Les nombreux traits griffonnés, qui donnent à l’histoire un aspect sombre et agressif, marquent la personnalité de Charles Masson et renforcent ses propos souvent cruels sur la condition d’un vagabond confronté au froid, à la faim, à la solitude et au cancer.



Sous forme de témoignage, Charles Masson ne cherche pas à donner d’explication rationnelle au comportement de son clochard. Il ne critique pas non plus les institutions médicale ou humanitaire. Celles-ci font de leur mieux, mais cela n’empêche pas non plus l’exaspération.

Sur 120 pages, il sera uniquement question de suivre le cheminement de ce clochard que l’on découvre, dès la première page, perdu en pleine campagne, la nuit, en hiver. Jusqu’à ce qu’il retrouve son hôpital, on suivra le cours de ses pensées furieuses. Comme une bête, muni d’un acharnement sans pareil, certaines paroles ne cesseront pas de revenir, que cela concerne sa soupe, son cancer de la mâchoire ou le nouveau mari de sa femme. On découvrira aussi son passé, et en filigrane, les causes de sa destitution d’honnête citoyen à clochard proche de l’hypothermie.

Très émotionnel, ce récit l’est parfois un peu trop. Je n’ai pas été totalement convaincue par le ton du récit. L’histoire, qui tient en une ligne, tombe facilement dans la redite sur toute la longueur de l’ouvrage. On sent toutefois que Charles Masson s’est beaucoup impliqué dans la mise en page de cette histoire qui semble lui tenir à cœur, et cette raison est suffisante pour pardonner au livre ses quelques défauts…


« Pauvre Juju. L’était mort d’hypothermie qu’ils disaient. J’avais été voir le registre. Le médecin légiste a écrit « Mort naturelle ». Ca lui paraissait naturel de mourir de froid à c’t’ enculé. »


« Bertille, où es-tu maintenant ?... Putain, qu’est-ce que je donnerais pour te revoir, Bertille ! On s’aimait plus trop à la fin mais au moins, tu me faisais à manger. »
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commentaires

J
C'est un des rares albums de cet auteur que je n'ai pas encore lu ... j'ai par contre bien aimé Droit du sol, qui parle de Mayotte, dont on connait finalement peu de choses.
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