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21 août 2012 2 21 /08 /août /2012 20:06






J’ai du mal avec les road-movies, que j’assimile trop souvent avec « ennui ». Deux cas de figure se présentent :
1- Le road-movie se veut pur divertissement. Je m’ennuie rapidement car ça ne m’intéresse pas de voir des personnages se marrer comme des bossus alors que je ne suis pas incluse dans l’amusement.
2- Le road-movie se veut porteur d’un message, revendicateur d’une cause. Le film s’effondre au bout d’un quart d’heure, ruiné par une imprécision et une caricature que le dynamisme du genre rend inévitable.

Thelma et Louise figure dans le second cas. Personne n’ignore que ce film se veut une illustration engagée de la cause féministe, et quiconque ne le sait pas ne tarde pas à le découvrir. Thelma fait figure de bobonne asservie à la domination mâle de son époux Darryl ; lorsque Louise, petite amie délaissée de Jimmy, lui propose une virée le temps d’un week-end, le drame conjugal semble proche. Darryl acceptera-t-il que sa donzelle convole sans lui ? Malgré son refus, Thelma finit quand même par se retrouver en voiture avec Louise, et les deux amies sont bien décidées à s’amuser comme de petites folles. Donc, elles conduisent toute la journée –chouette !- et, le soir venu, elles se retrouvent dans une boîte miteuse, à boire du bourbon, à se faire draguer, à danser et à manquer de se faire violer. Enfin, ça c’est le programme de Thelma la fêtarde. Heureusement, Louise est là pour veiller au grain, et lorsqu’elle retrouve son amie en mauvaise position, ni une ni deux, elle dégaine son flingue et abat le fornicateur affamé.



A partir de ce moment-là, le week-end destiné à la teuffe se transforme en cavale jusqu’au Mexique pour échapper aux keuffes. A la place de Thelma et Louise, on n’aimerait pas trop. Surprise : en fait, elles kiffent ce qu’il leur arrive (même si elles ronchonnent de temps en temps, mais en fait, c’est surtout parce qu’elles manquent de fric). Sorties du foyer, elles ont l’impression de retrouver leur liberté et de pouvoir faire ce qu’il leur chante. A d’autres : si elles se lâchent et semblent parfois péter un câble, c’est plutôt parce qu’elles sont passées de l’autre côté de la légalité en abattant un type. Maintenant, quitte à se faire chopper, autant que ce soit justifié, et les crimes s’accumulent les uns à la suite des autres : braquage de magasin, coffrage de flic, explosion d’un camion-citerne… La liberté flirte avec la démence, mais on n’est pas à ça près.



La scène finale -monumentale, épique, dramatique !-, est censée plonger le spectateur dans une profonde réflexion… Etait-on obligé d’en arriver là ? Si les garçons étaient plus gentils, tout cela ne se serait peut-être jamais produit… Il faut dire, en effet, que les membres de la caste masculine de ce film envoient du pâté : lorsque ce ne sont pas de gros machos qui regardent du baseball en avalant des pizzas, ce sont de beaux gosses en tournés toujours absents, des violeurs incontrôlables ou des dragueurs lourds et vulgaires, toujours prêts à considérer la femme d’abord comme un objet avant de lui accorder son statut d’être humain. Dans ces conditions, on comprend que Thelma et Louise ne soient pas contentes. Mais leur monde vire à la science-fiction.
De même, leur évolution psychologique n’est absolument pas crédible. Bêbêtes et insouciantes avant de partir, il suffit d’un crime pour que Louise endosse le rôle de cheffe des opérations qui ne se trompe jamais, et d’une trahison pour que Thelma perde toute sa naïveté vis-à-vis des hommes. Encore une fois : science-fiction, quand tu nous tiens.

En conclusion, ce film n’incite ni à la distraction, ni à l’instruction. La plupart du temps, Thelma et Louise conduisent en voiture, s’enferment dans des motels ou parlent au téléphone. Elles s’énervent souvent, mais elles rigolent quand même de temps en temps pour montrer que la vie n’est pas tout le temps triste, même quand on se trouve dans une situation désespérée. Derrière tout ça, on peut espérer soulever un débat sur la question de la condition féminine.
En effet, il semblerait que Ridley Scott ait voulu nous montrer comment la soumission de Thelma et Louise –représentatives des femmes en générale- les a conduites dans une situation désespérée. En réalité, le débat n’existe pas : si Thelma et Louise avaient été réellement soumises à leurs maris, elles n’auraient jamais pu sortir de leur maison, et Louise n’aurait pas su conduire. D’ailleurs, Louise ne travaillerait certainement pas et n’aurait pas eu d’argent pour s’acheter une voiture. Interrogeons-nous plutôt sur les particularités des Etats-Unis : le port d’arme libre et la peine de mort. Pourquoi ne pouvons-nous pas penser que Ridley Scott a également voulu dénoncer le port d’arme libre ? Sans cela, Louise ne se serait jamais trouvé en possession d’un flingue et n’aurait jamais tué quiconque. A moins que Ridley Scott n’ait voulu dénoncer la peine de mort ? En effet, sans cette menace, Thelma et Louise auraient peut-être connu une fin différente…



Bien sûr, tout cela n’est pas soulevé une seule fois dans le film. On se contentera donc d’un énième message féministe qui, loin d’arranger les choses, continue à faire passer les femmes pour des crétines.

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