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4 avril 2013 4 04 /04 /avril /2013 11:12






Dommage que le résumé de Tomboy ne permette pas au film de conserver intact le secret de ses premières minutes et de jouer avec les interrogations du spectateur. Malgré cela, le talent et les prouesses réalisées par Céline Sciamma nous permettent malgré tout de continuer à douter : l’enfant que nous voyons est-il une fille ou un garçon ? On a l’impression que les deux lui conviennent parfaitement et qu’il revient uniquement au spectateur de trancher, selon la focale qu’il choisit d’adopter.

Laure n’a pas décidé de son plein gré de se faire passer pour un garçon. Ce sont les circonstances qui l’ont amenée à mentir sur son identité. Nouvelle arrivée dans un quartier où personne ne la connaît, elle rencontre Lisa. Par quelques mots anodins, Laure comprend que celle-ci la prend pour un garçon, et plutôt que de rétablir la vérité, Laure se trouve un nouveau prénom : Mickaël. C’est aussi simple que ça. Céline Sciamma n’a pas envie de chercher des explications en remontant dans le passé de Laure ou en invoquant les failles du milieu familial dans lequel elle a grandi. Ce foyer, d’ailleurs, semble très humain et chaleureux, et Laure paraît s’y sentir à l’aise.




L’enjeu tourne plutôt autour de la difficulté à garder le mensonge intact. Souvent, il semble à la limite d’être démasqué. Ainsi lorsque les autres enfants, jouant à action et vérité, insinuent un rapprochement amoureux entre Lisa et Mickaël, lorsqu’il s’agit de jouer à torse-nu sur le terrain de football ou de passer un après-midi à nager dans le lac, chaque jeu anodin se charge soudain d’enjeux énormes, épreuves que Laure arrive à surmonter avec ruse, mais au prix d’interrogations qui surviennent bien trop tôt dans son existence. La petite sœur de Laure est bientôt prise au jeu du mensonge, mais lorsque ses parents prennent conscience de la supercherie dont leur fille a usé durant tout l’été, Laure est contrainte d’avouer la vérité à ses amis.






Encore plus talentueuse que dans la Naissance des pieuvres, Céline Sciamma innove dans une histoire imprévisible qu’elle ne cherche pas à dénaturer ou à rendre conventionnelle en y introduisant des éléments d’explication forcément oiseux. Le mérite revient aussi aux acteurs de tout âge –enfants, préadolescents, adultes- dont le ton sonne avec justesse et noblesse, parvenant ainsi à sublimer la réalisation de Céline Sciamma.

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