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14 janvier 2013 1 14 /01 /janvier /2013 19:44






Boulet, docteur ès bédé, passe ses Notes au crible de son stéthoscope. Notes, chères Notes, souffrez-vous du syndrome de Frankenstein ? Tous les prémisses sont là : album fait de « trucs à droite à gauche », qui indépendamment « ont l’air super » mais qui, une fois rassemblés en un volume, deviennent « un truc monstrueux ». Mais peut-être ces Notes souffrent-elles du syndrome du collègue rigolo ? –dont Boulet nous livre ainsi la définition :


« C’est comme si on était des collègues et qu’on ne se voyait qu’au moment de la pause-café et genre je raconte la petite blague du jour. Ça te met de bonne humeur, c’est cool » ; mais lorsque les blagues arrivent toutes d’un coup, sans pause ni trêve, « ça peut devenir lourd voire insupportable » !


Le syndrome de Frankenstein


D’accord, on a compris… Alors, diagnostic ? Les Notes souffrent bien, en effet, de ces deux syndromes, quoique de manière très atténuée. En ouvrant l’album, pas de risque donc de se laisser terroriser par un monstre rabiboché de bric et de broc, même s’il est vrai que l’absence de ligne conductrice et que l’assemblage aléatoire des notes fera un peu tourner la tête. Pas de risque non plus de se voir apparaître des envies de meurtre envers le « collègue rigolo », même si on aimerait bien parfois cesser de voir sa tronche à l’intérieur de chaque case, toujours en train de se la ramener à la façon « geek décontracté, moderne et artiste dans l’âme ». Même les personnages les plus intéressants, lorsqu’ils semblent accrochés à nos basques et ne plus vouloir s’en détacher, finissent par devenir insupportables. Et, il faut bien le reconnaître, beaucoup de gags se ressemblent furieusement, lorsqu’ils ne remâchent pas inlassablement les mêmes thématiques pas franchement folichonnes (comment j’ai oublié mon ticket de train, combien de canons j’ai bus hier soir avec mes potes, comment je ne sais pas faire à manger, comment j’ai toujours envie de faire sommeil…)



Les histoires de la SNCF... Difficile de les trouver intéressantes, mal scénarisée... Heureusement, Boulet a fait mieux depuis !


Adepte de l’homéopathie ? Soignons le mal par le mal… Comme remède à ces syndromes, reconnaissons toutefois qu’il n’est pas déplaisant de se déplacer au hasard de l’inspiration de Boulet, sans jamais savoir précisément ce à quoi nous devons nous attendre… Si aucune histoire rocambolesque ne nous est proposée, les petites tranches de vie quotidienne de Boulet essayeront de se substituer à leur manière –avec modestie, ne revendiquant pas être davantage que ce qu’elles sont, drôles et fraîches au lieu d’être extravagantes. Perd-on au change ? Tout dépend de ce que l’on cherche…



D'un style à l'autre...


Enfin, s’il est vrai que ces Notes s’entassent les unes sur les autres et finissent par ressembler à s’y méprendre à Frankenstein, acceptons-nous de nous pencher davantage sur ce monstre… la variété des styles abordés par Boulet, ses tentatives d’innovations, ses audaces, ses échecs, sont ici regroupés sur un seul et même prototype qui accepte, sans pudeur, de dévoiler l’évolution scénaristique et graphique d’un dessinateur qui n’aurait sans doute jamais cherché à publier ses Notes si un ardent public d’admirateurs ne l’y avait pas encouragé…

Citation:

Comme Boulet, je souhaite faire péter mes boutons de ceinture quand je me penche pour récupérer par terre un demi-cornichon glissant, pour ça, je me munis d’un billet de 10 euros et je vais réclamer à l’échoppe de mon épicier macédonien un grand bocal de KORNISONI avec un pack de binouze.




On s'amuse avec l'image du geek...
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12 janvier 2013 6 12 /01 /janvier /2013 19:05






La Vitesse moderne dont parle Blutch est multiforme…
Serait-elle cette ivresse qui caractérisa l’existence de la duchesse de Berry lors de la Régence ? Il s’agirait alors de se consumer dans une frénésie d’expériences inédites dont la seule évocation effrayerait ceux qui préfèrent se laisser porter calmement par le temps… De se laisser porter par une vitesse qui n’a de « moderne » que la conception démystifiée d’une mort qui semble meilleure qu’une éternité terne.
Le Commandatore a une autre hypothèse : la Vitesse Moderne naît de l’ivresse provoquée par l’Art –obsession qui retire du monde réel et qui enferme dans une sphère de beauté salvatrice :


« Je bondissais si loin, si haut, qu’on me disait possédé. En vérité, je l’étais, possédé… Oui, possédé par une puissance divine qui dépassait le provincial mal dégrossi que j’étais… Cette puissance, c’était l’Art ! Je n’avais pas le choix… C’était danser ou crever. La danse a fait de moi un être d’exception, un surhomme, en un mot, un artiste. Pourquoi es-tu étrangère à la beauté du monde ? »




Pour Lola, danseuse bien trop indolente de l’avis du Commandatore, le passage de la Vitesse Moderne commencera lors de sa rencontre avec Renée. Ecrivain médiocre, tout juste bonne à écrire des manuels de dressage sur les huskys, cette dernière a choisi de suivre Lola et d’en faire le sujet central de son prochain roman. L’existence des deux femmes se lie, Renée ne quittant plus Lola qui l’emmène de vagabondage en vagabondage, sans pouvoir anticiper le nouveau cours baroque que prend son existence -comme si, à son tour, la présence de Renée donnait une nouvelle dimension à celle de Lola. Deux existences ternes deviennent alors une existence fantasmagorique…




Les scènes s’enchaînent dans une apparence de logique d’autant plus déstabilisante que Blutch l’enrichit d’éléments absurdes, de personnages grotesques, de scènes oniriques et d’incohérences poétiques. On se croit souvent en plein rêve –les couleurs nous le rappellent- et alors que tout semble se dérouler de manière rationnelle, un détail vient subjuguer la totalité d’une scène afin de mettre à jour l’irréalité qui était sienne depuis le début.




Vitesse Moderne est une expérience poétique intéressante à poursuivre ; un bon moyen, lorsque la nuit se termine, de retrouver la mécanique propre au monde des rêves. Ultime moyen d’accéder à la Vitesse Moderne ?


Citation:
Dans son grand âge, Victor Hugo se levait la nuit et sortait… Il sortait pour se rendre dans les quartiers chauds de la capitale qu’il arpentait de long en large. Naturellement, il ne montait jamais avec l’une de ces dames… Non, s’il se donnait cette peine, c’était pour se montrer. Il voulait que le peuple de la nuit le voie et reconnaisse en lui le prestigieux homme de lettres qu’il était. Il désirait offrir à la pègre une vision grandeur nature du génie français. Ce génie prodigieux qu’il incarnait pleinement. Et rien qu’en le voyant passer devant eux, qu’ils ressentent confusément au tréfonds de leur âme perdue le besoin de devenir meilleurs. Bref, il voulait les inspirer. Pour les sauver, ma petite ! Ne serait-ce qu’un minimum !




En supplément, Blutch nous présente un dossier permettant de prendre conscience du travail effectué au cours de la réalisation de l'album...


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10 janvier 2013 4 10 /01 /janvier /2013 20:58






Pour comprendre d’où provient ce fameux Vent du soir qui donne son titre au 8e volume de la série des Bidochon, il faut savoir que cet album est dédicacé « à tous les airs », avec qui son auteur Binet entretint des rapports « aussi divers qu’enrichissants ». Peut-être cette précision permettra-t-elle d’éclaircir certains aspects de cet étrange volume aux ambitions éthérées…





Binet semble bien connaître les « airs ». Sous toutes leurs déclinaisons, il les énumère page après page et évoque…


… des « airs » de musique, que Robert tente lamentablement de pianoter sur le clavecin électronique qu’il s’est fait refourguer par un commerçant habile… Pourtant, lors de la démonstration, tout avait l’ « air » si simple : il suffisait d’appuyer sur les touches lumineuses en suivant leur ordre d’apparition ! Devant Raymonde, le processus ne fonctionne plus, et même si elle essaie de prendre l’ « air » intéressé, elle regrette surtout que son pitoyable époux n’ait pas plutôt investi sa cagnotte dans l’achat de quelque chose de plus utile… un mixer, par exemple ?






N’oublions pas non plus les « airs » de la grande comédie sociale, ceux que l’on se force à emprunter, ceux qui nous collent de faux sourires et qui nous arrachent le visage… L’ « air » ravi d’être invité à dîner chez les Pelletier, alors qu’une soirée télévision n’aurait peut-être pas été plus désagréable…


Mais l’ « air » n’est pas seulement une question de figure, c’est aussi une question de tube digestif. Tant pis s’il faut ici ravaler sa fierté, nous parlerons ici des « airs » intestinaux, dont Robert semble maîtriser la production à quantité industrielle –mais pour ce qui est de la maîtrise de leur émission, il nous faudra en reparler plus tard. Une boîte de cassoulet en conserve, et les « airs gastriques » envahissent les toilettes, les placards et le lit conjugal… Vent du soir… espoir ? Non ! Raymonde ne se donne plus de faux « air » : si elle n’a pas envie, elle n’a pas envie ! Mais Robert est tenace ! Et puis, il est si rapide… Raymonde a plus vite fait de céder que de résister, mais ça ne ressemble plus aux doux « airs » de sérénade que lui jouait son tendre amant aux débuts de leur relation.





Entre autres « airs », citons aussi celui qui fait s’agiter la crotte de nez suspendue à sa muqueuse, très gênant lorsqu’il faut adresser ses condoléances à un proche.


Bien que rien ne relie les différents chapitres de ce huitième album, sinon ce prétexte de décliner le mot « air » à toutes les sauces, il sera difficile de ne pas les apprécier en fin connaisseur. On continue d’y reconnaître une apathie, un ringardisme et un humour qui prolongent encore cet « air » familier que nous jouent les Bidochon depuis le début de leurs aventures, et qui fait tout le plaisir de la lecture.


Citation:
Du coup, je lui donne son cadeau ou je lui donne pas ? Vu la tête qu’elle me tire, est-ce que je peux arriver devant elle en lui souhaitant des années à venir aussi heureuses que celles passées ? Elle va accepter mon cadeau du bout des lèvres… A ce prix-là, c’est vraiment du gâchis ! D’un autre côté, si je ne lui offre pas, c’est encore plus gâché ! Gâché pour gâché, autant choisir le moins gâché !




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7 janvier 2013 1 07 /01 /janvier /2013 20:49






“Il dit venir de Rome et il parle en latin… C’est un membre du clergé catholique ? »




Pour une fois, ce n’est plus Lucius qui s’interroge sur l’identité des personnes qu’il rencontre au cours de ses voyages temporels. Il commence à en avoir l’habitude… Le terme de « visages plats » lui suffit pour désigner cette population de japonais qui accueille ses pérégrinations fantastiques. Parmi cette foule indéterminée, il distingue parfois des personnages à part… telle cette baigneuse resplendissante qu’il confond d’abord avec Diane, la déesse de la Chasse, et qu’il finira définitivement par nommer ainsi.






Est-ce parce que les sentiments de Lucius, que l’on croyait figés depuis que son épouse l’avait abandonné, semblent de nouveau exprimer un attrait pour une femme, que son voyage temporel paraît devoir s’achever au Japon ? Vaille que vaille, il aura beau s’épuiser, méditer ou provoquer les plus grands remous dans les eaux de ces terres orientales, il ne parviendra pas à retourner à l’époque de sa chère Rome antique. Diane, aussi intelligente que belle –elle est la seule à savoir parler couramment le latin et, passionnée par la Rome antique, elle dispose d’un diplôme d’archéologie du 3e cycle- s’entretient alors avec Lucius. Croyant tout d’abord qu’il arrive d’Italie voire du Vatican, elle finit par comprendre qu’il affirme venir de l’époque de la Rome antique. Qu’elle le croie ou qu’elle entre sciemment dans son jeu, elle lui souffle alors l’hypothèse que s’il ne peut pas rentrer chez lui, c’est peut-être parce qu’il a une mission de longue haleine à accomplir au Japon… des expériences à y vivre…





Les thermes ne dessinent plus qu’un paysage d’arrière-plan. Dans ce 4e volume, Lucius consent à passer quelques jours au Japon, bien que ses préoccupations romaines ne cessent de lui revenir en tête. Il découvre de manière plus approfondie tout ce qu’il n’avait jusqu’alors qu’entre-aperçu : le tourisme, la cuisine, le rangement, le ménage, l’art des geishas… La découverte la plus frappante reste toutefois celle de l’électricité : Jupiter incarné jusque dans les écrans de télévision ! Lucius passe ces découvertes au prisme de son savoir antique et tente de les interpréter à sa manière. Malgré ces différences culturelles, il reste toutefois une similitude majeure entre la culture japonaise et la personnalité de Lucius : leur rigueur et leur perfectionnisme sont aussi développés chez l’un que chez l’autre, et permettent à l’architecte thermal de s’intégrer à cette société beaucoup mieux qu’on ne l’aurait imaginé.






Bien que la question de savoir si Lucius pourra ou non retrouver sa Rome antique ne se pose pas vraiment –on se doute bien que la réponse sera positive- cette accalmie dans la fréquence de ses voyages temporels semble avoir modifié le regard que porte Lucius sur la civilisation des « visages plats »… de retour chez lui, inventera-t-il le moteur 2000 ans avant l’heure ?


Citation:
[…] au chapitre 43 du tome 2 de son Histoire Naturelle, le grand naturaliste romain Pline écrit, sur la base de ses observations scientifiques, que la foudre, contrairement à ce que relatent les mythes grecs et romains, n’est pas une détonation et une lumière produite par le tout-puissant Jupiter, mais qu’elle est provoquée par la dilatation de l’air au sein des nuages et par les frictions des nuages entre eux. A cette même époque, le magnétisme et l’électricité statique ayant eux aussi déjà été découverts, on peut imaginer que si des expériences combinant tous ces éléments avaient été menées, le moteur électrique aurait pu être inventé il y a plus de 2000 ans.





Diane serait-elle un modèle réduit de Mari Yamazaki ?
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6 janvier 2013 7 06 /01 /janvier /2013 18:35






Moins de découvertes dans ce troisième volume de Thermae Romae… Alors que les voyages dans le temps s’enchaînaient à un rythme frénétique dans les épisodes précédents, Mari Yamazaki décide de ralentir la cadence pour mieux développer chacun des chapitres. Ce qui ne change pas, en revanche, c’est la pugnacité de Lucius, que l’on retrouve toujours aussi dévoué aux ordres de l’Empereur, obéissant au point de mettre en danger la pérennité de ses jours.


Sous l’ordre des commanditaires d’un complot malfaisant, Lucius part en pleine campagne, croyant répondre à la volonté de l’Empereur qui lui aurait demandé de bâtir une nouvelle ville thermale. Sa route ne manque pas de croiser celle de Barbares aussi rustres, sales et brigands que lui se montre civilisé, manucuré et honnête. Lucius montre ici les premiers signes d’une obsession thermale qui vire à la folie lorsqu’il croit pouvoir transformer ces barbares en de dociles petits employés des bains après leur avoir démontré les vertus de la trempette… et ça marche ! car Mari Yamazaki, qui contrôle la destinée de Lucius, est aussi toquée que lui des thermes et croit fermement à une possibilité de rédemption par les bains. Adoucissement des mœurs, détente conviviale, développement d’un marché de services… la civilisation ne demande qu’à jaillir des sources d’eau chaude !





Lucius continue à développer ses équipements et villes thermales en se nourrissant des découvertes glanées çà et là dans le Japon des années 70. Comment incliner la population à passer plus de temps aux thermes ? En développant des services parallèles : magasin de bibelots et de souvenirs, auberges, parcs de jeux… Pour un peu, on se prendrait là une belle leçon de marketing, le tout interprété à la sauce antique. Ou lorsque les horribles peluches japonaises deviennent des effigies de figures divines…


Ce troisième volume introduit un peu de nouveauté en permettant pour une fois à Lucius de promulguer ses conseils et services aux Japonais. Il entrera en effet en contact avec un employé des bains publics chargé d’aménager des termes dans le bon goût supposé régner à Rome à l’époque de l’Antiquité… occasion pour Lucius d’éradiquer les préjugés en vogue de l’époque contemporaine, et d’assurer la renommée du petit employé modeste qu’il aura pris sous son aile…






Avec le ralentissement de la cadence des voyages temporels, Mari Yamazaki semble vouloir s’attarder davantage sur les rapports qu’il serait possible d’établir entre la Rome antique et le Japon moderne. Bien sûr, les thermes gravitent encore comme figure centrale, mais ne constituent plus l’unique source de motivation de Lucius dans ses découvertes d’un autre temps et d’un autre monde. Peut-être lui permettront-ils alors d’élargir ses perspectives au-delà de ce qu’il aurait pu imaginer…



Quelques découvertes culinaires à la façon "Gourmet solitaire"




Mari Yamazaki a écrit:
Chicago, la ville des gangs, du blues et d’Obama. C’est une grande ville, la vie peut y être amusante, certes… Mais de mes fenêtres, tout ce que je vois, ce sont des gratte-ciel qui sentent le « business » à plein nez, ce qui a le don de me faire suffoquer. Tous les jours, dans l’immeuble juste en face du mien, à la même hauteur que mon appartement, je vois des Américains en quête d’équilibre entre leur corps et leur esprit venir dès cinq heures du matin s’adonner frénétiquement à diverses activités sportives. Lorsque je suis face à ce spectacle, je me sens comme écrasée, avec en plus l’impression que ce poids ne quittera plus jamais mes épaules.


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4 janvier 2013 5 04 /01 /janvier /2013 18:42






Les bains de Rome ne sauraient être achevés en un volume…
Introduit dans le sillage de l’Empereur Hadrien, notre architecte Lucius se confronte à des situations où son ingéniosité et son imagination sont à chaque fois mises à plus rude épreuve, ceci de manière naturelle, sans que la lecture ne nous donne jamais l’impression d’un renforcement inéluctable nécessité par les contraintes de l’écriture.


Dans ce deuxième volume, Mari Yamazaki nous démontre que les thermes peuvent être ancrés dans une multiplicité de domaines qu’elle aborde en autant de chapitres différents. Sa passion et sa connaissance des bains publics lui permettent d’excéder son sujet et nous donnent ainsi à découvrir des pans parfois méconnus de la culture romaine antique. Le culte du phallus est ainsi évoqué et renvoyé aux temps d’une religion polythéiste multiforme qui ne connaissait pas encore la pudeur ni la morale judéo-chrétiennes. La succession de l’Empereur Hadrien est également évoquée, qui n’est pas sans rapport avec la rencontre d’un jeune adolescent étonnamment mûr et sage pour son âge… Il s’agit de celui que l’on connaît aujourd’hui sous le nom de Marc-Aurèle. Lucius s’étonne d’apprendre que celui-ci n’a pas été désigné par le grand Hadrien pour prendre à sa suite la tête de l’Empire romain, mais la passation du pouvoir au temps de l’antiquité est tout aussi soumise aux conflits d’intérêt qu’à notre époque. Qui croirait pouvoir y voir clair en un coup d’œil fait fausse route…







A travers ce deuxième volume, Mari Yamazaki nous confirme son don pour transcender la nature des sujets qu’elle aborde. Souvent triviaux, a priori dénués d’intérêt, le regard toujours avide et curieux de son personnage Lucius permet de leur rendre la place qu’ils méritent. Prenons l’exemple des bananes, que nous sommes si souvent habitués à boulotter tout au long de l’année… que peut en penser une personne qui n’en a encore jamais vu, jamais goûté ? L’analyse organoleptique de Lucius est aussi délicieuse que le fruit qui en fait l’objet :





« C’est ainsi qu’on enlève la peau… Comment dire… C’est comme si ce fruit avait choisi de prendre la forme et les contours les plus pratiques qui soient. De plus, sitôt la peau enlevée, une douce odeur sucrée s’en dégage. Et ce n’est pas tout… On peut le manger sans se salir les mains ni la bouche. Dans ce pays, c’est donc jusqu’à la forme des fruits qui a évolué ? […] Cette texture moelleuse… Aucune acidité !!! La chair est onctueuse et ne libère pas la moindre goutte de jus… Et la saveur… Quelle douceur ! Et le corps… Quelle densité !!! A chaque bouchée, on se sent plus généreusement nourri qu’à la précédente… »




Le sérieux avec lequel Lucius découvre les toboggans aquatiques ouvre également la vanne à un flot de considérations qui déparent avec l’impression immédiate de divertissement lié à cette activité. Même nous, lecteurs habitués à ce qui constitue pour Lucius une nouveauté, finissons par renouveler un regard qui s’était figé sur une certaine vision :





« C’est terrifiant et amusant à la fois !!! Je veux bien croire que cela enseigne le courage !!! Et ce, sans donner un seul instant l’impression désagréable de subir un entraînement sévère !!! Tant les adultes que les enfants fortifient ainsi leur esprit dans la joie, j’en suis sûr !!! »




En ce qui concerne les modalités de déplacement de Lucius, rien n’a changé par rapport au premier volume : notre ingénieur thermal continue à faire des aller-retour entre l’antiquité Romaine et le Japon moderne. Ce phénomène, s’il avait été exploité comme un maillon à visée uniquement dramatique, commencerait déjà à faire sentir ses limites, mais Mari Yamazaki parvient à en conserver tout l’intérêt en y ajoutant une passion et un engagement que l’on ne trouve pas dans la majorité des mangas. Les conditions du voyage ne sont peut-être pas originales et se renouvellent pas, mais ce que le voyage en lui-même apporte à Lucius et au lecteur suffisent à contrer cette faiblesse.


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3 janvier 2013 4 03 /01 /janvier /2013 18:54
 






Les bains publics ? Oui, bon… on imagine deux ou trois jacuzzis, un sauna… A moins de bénéficier d’une cure thermale au prix d’une pathologie justifiant cette prescription, ou d’un porte-monnaie abondamment rempli, la culture des bains représente peu de choses pour le français d’aujourd’hui. Après tout, ce n’est pas un problème : si la série de Mari Yamazaki s’intitule Thermae Romae, c’est qu’elle nous renvoie à l’Empire Romain au temps du règne d’Hadrien, au deuxième siècle de notre ère. Il est de coutume que, dans ce contexte, la culture des bains publics soit plus développée que dans notre contrée.





Lucius, architecte brillant, forgé comme une statue grecque ( !), travaille pour la grande cité de Rome au développement de son service des bains publics. La tâche ne sera pas facile à conduire à bien car il faut faire avec le développement rapide et prodigieux de la cité, satisfaire les exigences d’Hadrien et ne pas mécontenter un peuple bigarré aux attentes fluctuantes. Les dons humains sont ici reliés aux dons divins et Lucius sera aidé dans son travail par des interventions miraculeuses : plongé en pleine réflexion, absorbé par ses spéculations autour des bains, allant jusqu’à s’immerger complètement dans ceux-ci, Lucius traverse des brèches temporelles qui le font parvenir jusqu’au Japon des années 1970. Contrairement à l’Occident, aujourd’hui, la culture japonaise semble n’avoir pas négligé sa culture des bains et c’est en jouant sur un double paradoxe à la fois temporel et spatial que Mari Yamazaki focalise l’attention sur le déplacement des intérêts et des cultures en fonction de l’époque. Si les Romains de l’ère antique avaient pu s’inspirer des techniques modernes du bain telles que nous les connaissons aujourd’hui au Japon, qu’auraient-ils apportés comme innovations à leur propre système ?


« Pendant que nous, romains, nous escrimons à concevoir des œuvres architecturales gigantesques, des aqueducs, que sais-je encore…les visages plats eux, réussissaient à concevoir des systèmes de bains en plein air qui ont fait date en s’en remettant à un pragmatisme fondamentalement primaire ! Mais peu importe car ce que l’Empire apprend des autres civilisations vient nourrir sa gloire à venir ! »



Lucius découvre ainsi des procédés, des aménagements, des boissons et des nourritures qui le surprennent et qui l’entraînent à s’interroger sur le bien-fondé de la supériorité présumée de l’Empire romain sur le reste du monde. Chaque tournée fantastique se termine dans un étourdissement qui le ramène dans sa Rome du 2e siècle, où il peut alors adapter et appliquer les techniques qu’il a découvertes. Lucius se forge ainsi une solide réputation d’architecte ingénieux. Il progresse peu à peu et finit par entrer dans le sillon intime de l’Empereur Hadrien. Les demandes deviennent plus ambitieuses : il s’agit à présent de mettre en place des bains de plein air, de construire des aménagements pour des vieillards en fin de vie ou de restituer l’ambiance des bords du Nil… Chaque fin de chapitre est ponctuée par une double page dans laquelle Mari Yamazaki s’exprime en tant que telle pour apporter son lot d’informations sur les découvertes de Lucius et sur son expérience propre. Ces interventions ne coupent pas le récit et permettent au contraire de relancer l’intérêt. Mari Yamazaki, passionnée par son sujet, y montre un enthousiasme visible, comme il l’est par ailleurs du fait de la quantité d’informations et de réflexions qui poursuivent Lucius au fil de ses aventures.





Ce premier volume de Thermae Romae est convaincant. Original, il ose faire son incursion dans un domaine qui semblerait a priori rébarbatif et peu propice au déroulement d’intrigues trépidantes… à notre grande surprise, on découvre qu’avec un brin de passion, il est possible de mettre en avant des thématiques pas franchement affriolantes.





Peut-être, en tant que lecteurs occidentaux, est-on également séduits par ce regard croisé entre civilisation occidentale et civilisation orientale ? Irrattrapables que nous sommes, dès lors que notre propre culture est évoquée…


Une découverte de Lucius parmi tant d'autres :




Et lorsque Mari Yamazaki tient à dire son propre mot..

Citation:
Si tout porte donc à croire que les Européens d’il y a deux mille ans mettaient un point d’honneur à se décrasser consciencieusement, moi qui vis sur le Vieux Continent depuis longtemps, je n’ai jamais vu d’autres ustensiles que des brosses et des éponges pour remplir cet office. Or je ne peux me convaincre qu’une brosse ou une éponge douce permette d’ôter la crasse. La façon de se laver des gens d’ici me donne l’impression qu’ils nettoient la crasse au savon plutôt qu’ils ne l’enlèvent.

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31 décembre 2012 1 31 /12 /décembre /2012 15:23






Si Punpun a la tête d’un petit canari tout jaune, ce n’est pas qu’il soit victime des dernières radiations en date survenues au Japon… Ce n’est pas non plus qu’il se nourrisse de graines et de vermisseaux car, comme tous les petits garçons de son âge, il préfère manger des tartes au chocolat, des currys doux à la pomme râpée et des fondues savoyardes ( !). Ce n’est pas non plus qu’il se passionne pour les oiseaux, car il préfère passer son temps libre à étudier les étoiles dans l’espoir de découvrir une nouvelle planète sur laquelle il pourrait se réfugier avec Aïko, sa romance secrète… A moins qu’il ne se contente d’un prix Nobel de physique, ce qui ne serait pas mal non plus à défaut d’autre chose.




En fait, si Punpun a l’apparence d’un canari, c’est peut-être simplement parce que son créateur, Inio Asano, a voulu le distinguer du reste des personnages. Après tout, il est vrai que Punpun est un peu différent des enfants de son âge… et quel meilleur endroit que l’école pour laisser aux différences la possibilité de s’exprimer et de se comparer ? Lorsque ses camarades sont bruyants, extravertis et polissons, Punpun se place en retrait, plus observateur qu’acteur, reste calme et discret et fait preuve d’une naïveté qui n’est plus de son âge. Même les adultes sont plus délurés que lui, et l’extravagance des comportements, que l’on retrouve typiquement dans le manga japonais, s’exprime ici dans toute son exubérance. Le maître de la classe de Punpun s’emporte dans des jeux de rôles dramatiques, les directeurs de son école s’amusent comme des petits fous dans leurs bureaux, et les petits vieux des maisons alentours refusent de laisser le temps agir sur leur énergie et leur entrain… Même Dieu est plus décontracté que Punpun, qui lui reproche d’être trop sérieux et de se poser trop de questions ! Quant à ses parents, ils sont extrêmes eux aussi, même s’ils penchent plutôt du côté négatif de l’exubérance en déchaînant, du côté de la mère, des craintes et des inquiétudes pathologiques et, du côté du père, une violence qui l’entraînera en prison.



Lorsque l'instituteur devient fou...



Punpun doit donc gérer beaucoup de choses. Sa petite tête de canari, inexpressive, ne permet jamais de savoir ce qu’il pense des situations qu’il vit, mais il s’exprime d’une autre manière, dans un monde imaginaire qu’Asano personnalise par des procédés graphiques judicieux. Pupun tempère un peu la folie des personnages qui l’entourent et offre des trêves relatives qui permettent au lecteur de souffler un peu, là où la fatigue aurait rapidement pu apparaître.


Punpun et Dieu...



Finalement, si l’on met de côté cette audace graphique qui a coûté à Punpun son apparence humaine, Bonne nuit Punpun ne se distingue pas spécialement des autres mangas décrivant le chemin de maturité d’un jeune personnage. La lecture est agréable et se ponctue de nombreux évènements pas forcément prévisibles, mais n’apporte rien de neuf au panorama déjà bien encombré du manga.


Citation:
Quel est le sport dans lequel une boule pend, où il faut passer une tige dans un trou et où le mouvement des hanches est important ? Tu as une idée ? Je te vois venir…petit polisson. Il s’agit du bilboquet.







Faudrait savoir... :
Citation:

Il faut que vous ayez de grands rêves dans la vie !! Rêvez, ça ne coûte rien ! Bien sûr, il est important de tenir compte de votre personnalité et de la situation financière de votre famille !! Sinon, l’avenir risque d’être assombri par de grandes déceptions !!
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28 décembre 2012 5 28 /12 /décembre /2012 11:13





On peut décider de découvrir Freud et sa pensée en lisant les multiples essais et articles qu’il a écrits ou en se plongeant dans sa correspondance, forte de quelques 20 000 lettres. On peut aussi trouver qu’un abrégé de son œuvre fera tout aussi bien l’affaire. Le Freud en bande dessinée, réalisé par Corinne Meier et Anne Simon, pourrait être un de ces ouvrages… La psychanalyse parle de la psychanalyse et Corinne Mayer s’arroge le droit de savoir en rappelant qu’elle se situe dans la lignée de Freud et qu’elle exerce elle-même la profession de psychanalyste.


On découvre donc Sigmund Freud dans les débuts de sa vie. Aîné d’une famille de huit enfants, il est promis à une grande carrière qui défoule dès sa jeunesse son ambition. Il étudie la médecine pour obtenir l’assurance d’un gagne-pain, mais rêve en réalité d’être un savant… La découverte de l’hypnose par Charcot le lancera peu à peu sur la voie qui deviendra la sienne : celle de la psychanalyse. Et de découverte en découverte, le lecteur pourra revenir sur les avancées les plus marquantes du docteur viennois…





Freud se distingue des autres bandes dessinées à tendance biographique par une plongée dans la subjectivité même du personnage. Aucun narrateur extérieur ne prend en main la narration : le tout est laissé au jugement de Freud, qui s’exprime en sa propre personne. Un peu de changement ne fait pas de mal… hélas, l’artificialité du processus est flagrante et rend immédiatement compte de la volonté trop didactique (au point d’en être réductrice) de Corinne Maier. Vous avez envie d’en savoir un peu sur Freud, mais pas trop quand même ? Bonne pioche ! Voici dans cette bande dessinée le minimum légal à connaître sur le personnage pour comprendre les références qui peuvent lui être faites dans la vie quotidienne ou pour épater un bon ami dont notre pulsion de vie –à travers Eros- se serait entiché et aurait envie d’impressionner... Parmi les petites histoires les plus connues, on retrouvera le cas d’Anna M., l’homme au rat, le petit Hans et sa terreur des chevaux et le mythe d’Œdipe. Des petits détails de la vie de Freud nous seront dévoilés, qu’il s’agisse de sa vie privée, de sa vie familiale, de ses ambitions intellectuelles ou de sa fin de vie.






Le travail au dessin d’Anne Simon est presque plus remarquable que le scénario de Corinne Maier et cherche à intégrer une once d’originalité par le biais de couleurs qui n’appartiennent pas à la gamme de la réalité. On vire plus souvent aux ambiances oniriques –presque psychédéliques, quoique se cantonnant quand même à la douceur des tons. Beaucoup de symboles sont utilisés pour représenter des évènements abstraits de la vie de Freud (sa conceptualisation de l’inconscient, du moi, du surmoi…) et tentent de pallier tant bien que mal aux raccourcis faciles qu’emprunte le déroulement de la biographie. Toutefois, l’usage à outrance des symboles rend parfois le remplissage des cases bien laborieux et pousse à s’interroger sur la nécessité de recourir au dessin…et donc à la bande dessinée… mais Corinne Maier aurait alors dû étoffer davantage ses textes.




En dernière page, Corinne Maier se permet de ressusciter Freud et de le placer devant un écran de télévision afin que celui-ci constate, avec horreur bien sûr, ce que la parole des média a fait de son édifice culturel. « Quatsh ! Que de bêtises débitées en mon nom ! », vocifère-t-il en brandissant les poings, l’air visiblement indigné de se faire le spectateur de la récupération erronée de son œuvre. Dommage que Corinne Maier n’ait pas placé notre bon vieux psychanalyste devant sa propre réalisation… on aurait bien aimé savoir ce qu’il en aurait pensé !


Citation:
Je ne fais que tâtonner… J’envie les mathématiques et leur science exacte. Moi, je plane dans les airs. Faute d’y voir clair, je tente de voir les obscurités. Je ne suis jamais content. Et le temps m’est à présent compté…




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25 décembre 2012 2 25 /12 /décembre /2012 14:56






Lorsque l’on ouvre la première page et que l’on lit, d’entrée de jeu, cette anecdote signée de Konami Kanata :




« J’adore le football. J’ai récemment acheté un maillot de Kashiwagi, joueur des Urawa Reds, que j’ai suspendu dans mon atelier. »




…on se dit que, ça y est, ce qu’on présageait depuis quelques tomes déjà est en train de se produire : Konami Kanata sèche complètement ; Elle ne sait plus quoi raconter et se détourne de sa perte d’inspiration comme si de rien n’était, en se mettant à nous baratiner avec des histoires de footballeur qui sont à mille lieues de Chi et de son univers.
Et pourtant…






Le miracle se révèle petit à petit. On a d’abord du mal à y croire : il faut dire que Konami Kanata débute son 9e tome en nous lançant sur une fausse piste et en calant un intermède inutile nous présentant Chi engoncée dans une collerette –épisode qui semble n’avoir pour seul intérêt que celui de permettre à la pauvre bestiole de s’humilier dans une valse de pitreries. Mais ensuite, un véritable fil conducteur se met en place et relie pour une fois les différents chapitres du volume. Alors que les précédents tomes se constituaient à l’image de boules à facettes –chapitres décousus et absence de thématique qui rendaient les histoires de Chi insipides-, celui-ci offre une véritable cohésion. Et que de suspens… Chi, malgré son interdiction de sortie, réussira-t-elle à braver les obstacles que ses maîtres dressent entre elle et le monde extérieur ? Arrivera-t-elle à retrouver son compagnon de jeu Minou et à se faire une place dans la réalité cruelle des matous de rue ? Oui, bon, d’accord… il y a plus palpitant comme intrigue mais par rapport à ce que Chi a pu vivre dans le passé, on atteint ici les sommets du dramatique. Les adeptes de la spéculation cérébrale y trouveront également leur compte et pourront se pencher sur la définition philosophique de la liberté, telle que Chi et son compagnon Minou tentent de la cerner entre deux gamelles raclées au coin d’une rue :


- Il faut faire quoi pour être libre ?
- D’abord, s’occuper de la bouffe.



Oui, car, qu’on ne s’y méprenne pas, Chi est à l’image de ses plus jeunes lecteurs, et Konami Kanata dissimule ici une véritable leçon de morale : pourquoi vouloir se confronter précipitamment à la dure réalité du monde extérieur ? Il est tellement plus doux et plus confortable de pouvoir dormir au chaud chez soi et de se faire porter sa gamelle devant sa gueule pour becqueter des boulettes en boîte ! A moins que l’on ne préfère aller grailler au KFC… car, comme nous le précise en conclusion Konami Kanata –visiblement adepte des anecdotes qui tombent à plat- :


« Vous savez quoi ? Chi a été choisie pour une opération marketing de KFC en Chine du 26 décembre 2011 au 18 janvier 2012. Pour un menu acheté parmi les menus A, B et C, un strap parmi quatre disponibles était offert. La pub passait à la télé, un homme est même venu plusieurs fois acheter un menu en expliquant qu’il voulait offrir tous les straps à sa copine et qu’il lui en manquait encore un. La campagne a remporté un franc succès ! Il paraît que les straps ont été fabriqués à cinq millions d’exemplaires pièce ! »




De quoi détruire un peu l’auréole de magie et d’innocence qui entourait cette brave Chi…


L'intermède inutile et débile de la collerette :




Les joies du jeu...




L'art de la séduction en terrain hostile...

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