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6 mai 2011 5 06 /05 /mai /2011 11:59




Présentation de l'éditeur

Citation:
J’aurais aimé expliquer à mon mari ce qui s’était passé, mais j’aurais dû lui expliquer les roues de la poussette et ça c’était la chose au monde que je pouvais plus jamais raconter à personne. " Une très jeune femme raconte son histoire. Avec une saine autodérision, elle essaie d’oublier (mais n’y parvient pas) l’épisode traumatique qui l’a pour toujours figée dans l’adolescence. Comment vivre après cela ? Même la compagnie de Newborn, arrivé par la Poste, adorable poupon nouveauné, taille 36, ne pourra changer la donne... Construit autour et à cause d’une blessure que notre société préfère taire, la stérilité, La Poussette ne cultive ni pathos ni apitoiement. Bien au contraire ! La voix singulière de la narratrice donne à ce court roman un ton à la fois naïf et cruel, tendre et inconfortable.



Présenté comme un roman en charge de dénoncer les pressions sociales subies par les femmes à l’âge de procréer, La poussette ressemble finalement davantage à un conte qu’à un pamphlet virulent.

L’histoire nous parvient à travers les propos d’une femme de trente-et-un ans dont la croissance, tant physique que mentale, semble s’être figée à l’âge de quatorze ans et demi, alors que l’accident de la poussette, utilisé comme justificatif à toutes ses déceptions futures, survint lors d’un cours de puériculture. On devine facilement qu’à travers cet incident plutôt insignifiant, la narratrice se justifie d’une impossibilité à procréer qui ne doit rien au hasard d’une leçon de puériculture.
Le ton employé pour nous raconter son histoire –la rencontre avec son mari, le ramassage des balles de golf au fond des obstacles d’eau, le voyage de noces, suivis de la lente décrépitude qui s’accompagne, entre autres, de la « mort » du mari, de la perte du « morceau de foie », de la « naissance » de NewBorn- est celui d’une fillette tout juste sortie de l’enfance.
Naïve, elle s’émerveille des papillons qui viennent voler autour de ses cheveux…

« Les papillons devaient aussi aimer particulièrement mon shampooing adoucissant au mélaleuca d’Australie, ils venaient voleter autour de ma tête, se poser sur mes cheveux, les explorer de leurs longues antennes et quand ils comprenaient qu’il n’y avait rien à en tirer, à part qu’ils étaient brillants et souples, ils repartaient en voletant vers les vraies orchidées. J’ai testé à tour de rôle plusieurs adoucissants, la vanille bio de Madagascar, l’hibiscus du Burkina Faso, le fruit de la passion du Brésil… En fonction, ce sont d’autres papillons qui venaient, soit tous les jaunes, soit tous les multicolores, soit ceux avec une tête de mort sur les ailes. »

… et elle rêve d’avoir un enfant pour s’en occuper comme d’une poupée, déambulant devant les vitrines des magasins en imaginant de quels accessoires et de quels vêtements elle pourrait remplir son sac si, enfin, elle parvenait à être mère :

« Je faisais des trousseaux imaginaires avec une brassière en coton bio, une salopette multipoches, un cardigan zappé, une gigoteuse, un nid-d’ange… Dans les pharmacies, je demandais des échantillons de lait en poudre, de soins pour la peau, que l’assistante pharmacienne me tendait avec un sourire ému. Je les mettais dans l’aquarium en rentrant. »

Alors, oui, si l’accident de la poussette a figé cette jeune femme à l’âge de quatorze ans, il est en effet la cause de tous ses malheurs. Plus les pages du livre s’égrènent, plus les évènements qui traversent sa vie deviennent sinistres, mais ils semblent au contraire rapprocher la narratrice de l’idéal de la mère tel qu’elle se l’imagine et son discours se fait de plus en plus émerveillé, jusqu’au dénouement final qui signe la condamnation d’une jeune femme à ne jamais connaître la maternité.

Malheureusement, désirant rappeler à chaque page que la narratrice est encore une enfant, le style de l’écriture est lourd et ne laisse pas le lecteur se prendre au jeu, à la manière d’un Momo dans La vie devant soi. Les tournures de phrases sont lourdes à digérer et sentent bien trop le réchauffé :

« Au rayon de la supérette, je suis restée longtemps devant les Clearblue, Primastick, Predictor, First Response… Ils coûtaient tous la même chose, mais un seul disait « Enceinte » ou « Pas enceinte », écrit avec de vrais mots en vraies lettres et pas seulement avec un trait où il faut relire trois fois le mode d’emploi pour se souvenir si le trait doit être au milieu à droite ou à gauche pour que ça soit la preuve que oui ou que non. »

Difficile de s’attacher à cette jeune femme qui semble se moquer de nous, usant de son air de petite fille pour se justifier d’actes cruels et d’une absence de lucidité frisant l’exagération.
Et si certains passages, sincères au milieu de tout un ramassis de sornettes destinées à nous faire avaler des couleuvres, ressurgissent avec une telle force, ce n’est que pour mieux nous faire regretter que le reste du texte ne soit pas à leur hauteur :

« Je n’ai pas senti la colère tout de suite, elle a mis du temps à remonter, plusieurs jours, jusqu’à ce qu’elle arrive dans ma bouche et que je crie sans plus m’arrêter. La colère à cause de l’accident qui me courait après. La colère contre les suspensions qui se sont décrochées et qui m’ont empêchée pour toujours d’avoir un bébé à moi tellement j’avais eu peur. La colère contre mon ventre que je voulais plus, dans lequel je voulais enfoncer des ciseaux et qu’on en parle plus. »

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