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21 février 2013 4 21 /02 /février /2013 13:19





Donoma entrecroise les histoires et se contente de montrer sans chercher à expliquer quoi que ce soit. Les personnages principaux de ce film sont de jeunes adultes de l’ère moderne, différents de leurs aïeux au même âge à cela qu’ils se cherchent encore à l’heure où ceux-ci avaient déjà souvent entrepris de fonder une situation familiale. La liberté de choix a ses atouts indiscutables, mais elle a aussi ses revers propres que Donoma expose à travers quelques destins bien choisis.


Sous la forme du film choral, le film entrelace trois histoires amoureuses –même s’il serait dommage de limiter à cette expression les enjeux bien plus conséquents qui gravitent autour de la recherche du partenaire idéal. Dacio, un élève perturbateur de 17 ans, se lie à sa professeure d’espagnol entre haine et amour, alors que sa relation avec Salma se détériore –question de différence d’origine sociale seulement ? Salma est perturbée, mais pas seulement à cause de son couple. Elle vit seule, avec sa sœur atteinte de leucémie, et il n’est pas rare qu’elle se sente léviter, qu’elle entende des voix et qu’elle vive des scènes de crucifixion. A travers ses échanges avec les autres, elle espère trouver une explication à ce qu’elle vit, et alors que tout le monde déserte autour d’elle, elle se raccroche à la vision d’un jeune homme priant dans le train. Pour Chris, enfin, l’amour sera un terrain d‘expérimentation comme un autre. Après en avoir vécu des centaines par procuration –en photographiant des couples-, elle décide de s’en remettre au hasard afin que celui-ci choisisse à sa place qui sera son compagnon. Elle impose une règle : interdiction de parler de vive voix. Il faudra trouver d’autres moyens de communication…





Djinn Carrenard déploie ces intrigues avec une cohérence qu’il n’est peut-être pas toujours facile de déceler de prime abord, mais qui permet des recoupements lumineux. De toute façon, ce qui compte ici n’est pas tant le contenu dramatique des situations vécues par chaque personnage que le discours sous-jacent qui draine les interrogations du réalisateur. Ce discours est unique et ne subordonne pas l’action. Il véhicule un propos et des interrogations qui ont la sincérité d’un auteur ayant choisi de faire de son cinéma un moyen de réflexion ne se contentant jamais d’être platement démonstratif.




Même s’il faut souligner la gageure de ce film réalisé avec seulement 150€, il serait dommage de se limiter à ce seul indice chiffré comme gage du talent de Djinn Carrenard. On se prend à imaginer quelle allure pourrait avoir son prochain film si on lui attribuait plus de moyens, et on espère un émerveillement aussi conséquent, tout en sachant que celui-ci ne pourra être présent que si le réalisateur s’investit aussi personnellement et aussi totalement que dans Donoma. En nous montrant des destins singuliers, Djinn Carrenard réussit à nous faire prendre conscience de l’aspect ludique de nos propres existences, et les illumine de son regard à la fois tendre et attristé.

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