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19 avril 2011 2 19 /04 /avril /2011 21:01



Première lecture de Faust déstabilisante… Je m’attendais à quelque chose de complètement différent…

Une des difficultés qui surgit au premier abord concerne l’apparente accessibilité du texte. Le livre n’est pas épais, les scènes sont souvent courtes, le vocabulaire est aisé à comprendre… Et pourtant, il se cache derrière cette facilité de surface toute une réflexion sur des thèmes universels –dont, principalement, la recherche du bonheur- dont la lecture n’épuise jamais le sens.
Comme l’ont déjà dit beaucoup des Parfumés, chaque reprise du texte apporte son nouveau lot de découvertes, amène à de nouvelles réflexions et fait apparaître ce Faust comme beaucoup plus riche qu’à la lecture précédente.



Le fait que la pièce soit courte n’est pas un gage de facilité dans cette pièce. Au contraire, si peu de pages sont suffisantes pour raconter l’histoire de Faust, il faut qu’un grand nombre d’ellipses soient présentes dans le texte, et d’une scène à la suivante, le lecteur doit souvent faire un effort d’imagination pour tisser lui-même les liens que Goethe n’a pas jugé utiles d’intercaler entre les deux passages.
Et puisque l’on parle d’imagination, celle du lecteur est encore mise à rude épreuve lors de la lecture de passages mythiques tels que La cuisine de la sorcière ou La nuit de sabbat. On tire sur le fantastique à longueur de pièce, sans que cela ne paraisse extravagant, et cela est d’autant plus flagrant que Faust, l’homme raisonnable par définition, s’il n’approuve pas ce qu’il voit, ne semble pas s’en étonner outre-mesure.

Et puisque l’on parle de Faust, je trouve qu’il représente à merveille l’homme actuel, qui balance entre des aspirations élevées (devenir érudit, accumuler en soi toute la science du monde) et l’envie de redevenir un homme plus simple, ce qui semble aller de pair avec le bonheur.

« Eh bien ! rends-moi ces temps de mon adolescence
Où je n’étais moi-même encor qu’en espérance ;
Cet âge si fécond en chants mélodieux,
Tant qu’un monde pervers n’effraya point mes yeux ;
Tant que, loin des honneurs, mon cœur ne fut avide
Que des fleurs, doux trésors d’une vallée humide !
Dans mon songe doré, je m’en allais chantant ;
Je ne possédais rien, j’étais heureux pourtant !
Rends-moi donc ces désirs qui fatiguaient ma vie,
Ces chagrins déchirants, mais qu’à présent j’envie,
Ma jeunesse !... En un mot, sache en moi ranimer
La force de haïr et le pouvoir d’aimer ! »


La première partie du texte, qui traite essentiellement des aspirations contraires qui s’affrontent en Faust, est la plus intéressante. Malheureusement, j’ai moins apprécié la deuxième partie du texte qui tourne autour d’une histoire d’amour traitée d’une manière un peu plate, malgré tous les rebondissements qu’elle rencontre.
Ne servait-elle qu’à mettre en scène la partie finale ? Ou à obéir aux mêmes préceptes que le directeur, dans le prologue consacré au théâtre, demandait à ses poètes d’appliquer ?

« LE DIRECTEUR : […] Tout maussade d’ennui, chez nous l’un vient d’entrer ;
L’autre sort d’un repas qu’il lui faut digérer ;
Plusieurs, et le dégoût chez eux est encore pire,
Amateurs de journaux, achèvent de les lire :
Ainsi qu’au bal masqué, l’on entre avec fracas,
La curiosité de tous hâte les pas :
Les hommes viennent voir ; les femmes, au contraire,
D’un spectacle gratis régalent le parterre.
Qu’allez-vous cependant rêver sur l’Hélicon ?
Pour plaire à ces gens-là faut-il tant de façon !
Osez fixer les yeux sur ces juges terribles !
Les uns sont hébétés, les autres insensibles ;
En sortant, l’un au jeu compte passer la nuit ;
Un autre chez sa belle ira coucher sans bruit.
Maintenant, pauvre fou, si cela vous amuse,
Prostituez-leur donc l’honneur de votre muse !
Non !...mais, je le répète, et croyez mes discours
Donnez-leur du nouveau, donnez-leur-en toujours ;
Agitez ces esprits qu’on ne peut satisfaire… »

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