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27 mai 2011 5 27 /05 /mai /2011 10:23




La femme défigurée fait partie de ce que l’on appelle « le manga de l’horreur »… Ca ne veut pas dire grand-chose pour moi qui aie toujours considéré que le manga en lui-même était assez représentatif de tout ce qu’il pouvait y avoir d’horrible dans la bande dessinée, sauf rares exceptions (des séries à rallonges qui se développent dans un format étouffant, une évolution toujours assez prévisible de l’intrigue, des personnages stéréotypés…).
Déjà, bonne nouvelle : La femme défigurée est une série qui ne comporte que deux tomes. Et on ne peut pas vraiment dire que ce soit une série au sens où les histoires se suivent… L’ouvrage s’apparente plutôt à un recueil de « récits ».

Le premier tome regroupe trois histoires indépendantes. La première, qui donne son titre au livre, est étonnamment la moins bonne des trois (et c’est aussi, malheureusement, la plus longue…). Toutes gravitent autour du thème de l’exclusion, du rejet, de la violence des enfants entre eux, et se concluent par la transformation du brimé en monstre avide de vengeance…

La femme défigurée raconte l’histoire d’une petite fille brimée qui a subi de nombreuses violences et qui, plus tard, alors qu’elle est devenue adulte, n’arrive pas à trouver le bonheur dans la maternité puisque son enfant lui a été retiré. Depuis, elle cache son visage sous une immense écharpe et elle surveille les enfants à la sortie de l’école, à la recherche de la petite fille sage, qui ne crie pas et qui a la bouche cousue…
Cette histoire n’échappe pas aux défauts de la majorité des mangas : histoire à rallonge qui s’encombre d’une suite de rebondissements tous plus loufoques les uns que les autres pour finir en apothéose grotesque et invraisemblable. A force d’hurler à longueur de page, les personnages transforment la « peur » qui est censée s’emparer du lecteur en une énorme lassitude.

« Si par hasard… c’est vraiment un monstre… je peux vous dire son point faible ! C’est la brillantine !... »



Les mollusques mutants, la deuxième histoire, relève un peu le niveau. Si la base de l’intrigue est toujours aussi invraisemblable que la première, ce n’est pas dérangeant car Kanako Inuki n’essaie pas de donner une explication rationnelle à ce qui se passe. On reste plongés dans le dégoût pur, sans savoir comment toute l’orgie de limaces qui parcourent cette histoire va se terminer. Pas très ragoûtant mais jubilatoire dans le genre dégueulasse !




La dernière histoire, Possession cosmétique est excellente elle aussi ! Otonashi, jeune fille laide et sans personnalité, se fait sans cesse brimer par les élèves de son école jusqu’au jour où, trouvant par hasard du rouge à lèvres, elle décide de se maquiller, pour voir ce que ça donne… La métamorphose est impressionnante ! De petit laideron, Otonashi devient une jeune fille éblouissante qui séduit tous ses camarades et qui cloue de jalousie les anciennes pimbêches. Cette évolution physique s’accompagne également d’une évolution morale et Otonashi, grisée par cette nouvelle séduction qu’elle exerce sur tous ceux qu’elle croise, ne se gêne plus pour dire tout ce qu’elle pense avec une arrogance et une prétention qu’elle ne s’était jamais connue.
Bien sûr, on ne peut pas tricher sans être punie, et les revers du maquillage se feront vite sentir sur la peau de la belle Otonashi… Encore une fois, c’est dégueulasse mais bien fait, et cette histoire basée sur le thème de l’importance de l’apparence est plutôt intelligente…

« Le cœur et l’âme d’un homme se reflètent sur son visage… Enjoué, rebelle, étourdi… Il n’y a pas de certitude absolue mais on peut souvent prévoir le caractère d’un individu rien qu’en regardant son visage… Ce que nous appelons visage pourrait en réalité être considéré comme un miroir qui reflète l’âme. Par exemple mon visage, mon visage est banal, sans la moindre singularité… »



Des histoires plutôt inégales donc mais qui, dans l’ensemble, se laissent lire avec plaisir. Un petit divertissement mineur dans le monde de la BD mais majeur dans le monde du manga. dentsblanches

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