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7 juin 2012 4 07 /06 /juin /2012 15:06




Quelle liberté littéraire peut caractériser un peintre qui ne se refuse rien, pas même le droit d’écrire pour une revue de thalassothérapie intitulée « La cure marine » ? Démesurée, elle a autorisé James Ensor à publier ses opinions dans toutes sortes de revues et de journaux, dans des enquêtes artistiques, des préfaces de catalogues d’exposition ; à les exprimer au cours de cérémonies qui lui sont dédiées ou de cercles artistiques et autres sociétés carnavalesques.

Car n’oublions pas que James Ensor est avant tout connu pour ses travaux en tant que peintre, dessinateur, graveur et aquafortiste. Les références dans le domaine émaillent tout au long de ses récits et justifient ses prises de position. Pour qui n’aurait pas combattu avec Ensor les réserves de la vieille-garde en peinture, il y a souvent de quoi se sentir perdu… Heureusement, le peintre ne s’en tient pas à des règlements de compte et étend ses propos à des considérations plus larges qui, partant du cercle étroit des peintres de son époque, s’étendent à décrire une certaine frange de la population bourgeoise avec un cynisme et un verbe anarchique.

Si en peinture, James Ensor n’a jamais aimé emprunter les voies débroussaillées par d’autres avant lui, il n’agit pas différemment en littérature, à tel point qu’il est parfois difficile de le suivre dans ses divagations et dans ses emportements, qu’il traduit par des successions d’énumérations saugrenues faisant primer la musicalité avant la sens. Emile Verhaeren a traduit cette fougue en ces termes : « Lorsqu’une bouteille d’ardent champagne se débouche et que le fourmillement des bulles gazeuses s’élève myriadaire et pétille vers le goulot pour se répandre et se résoudre en mousse, je songe au style fermenté de James Ensor ». Ce n’est pas faux, car l’overdose n’est jamais loin lorsqu’on se plonge dans les écrits du peintre. A lire comme de la poésie, en prenant son temps, pour s’assurer une dégustation que n’aurait pas renié James Ensor, ce peintre qui au-delà des formes, des mouvements et des couleurs, appréciait également la bonne chère, la musique et les bons mots.



Citation:
« J’aimerais défendre avec vous la jeunesse et ses espoirs et je dirai à tous la belle légende du Moi, du Moi universel, du Moi unique, du Moi ventru, du grand verbe Être : Je suis, nous sommes, vous êtes, ils sont ! »
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