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15 janvier 2012 7 15 /01 /janvier /2012 18:22



Ce film nous mène loin des premiers Cronenberg qui sentaient la monstruosité à plein nez et dont la réalisation crade flirtait parfois avec le film de série Z pas glorieux.
A dangerous method se propose de traiter un petit évènement bien connu de l’histoire de la psychanalyse en abordant le cas de Sabina Spielrein, d’abord objet de convoitise de Carl Jung, avant qu’elle ne se tourne ensuite vers Freud lorsque ses relations avec Jung se détériorent. Tous les éléments sont réunis pour mettre en scène une histoire d’amour peu commune, faite d’une bonne dose d’amour extraconjugal et d’un soupçon de frivolité, éclairée aux lumières et au prestige de la science naissante que représente alors la psychanalyse. Rien à voir avec les scénarios de La mouche, de Scanners ou de Chromosome 3, par exemple. Est-ce toutefois une raison suffisante pour baisser la garde ? La réalisation a beau être d’une qualité et d’une rigueur presque aseptisée, les relents de la monstruosité ne tardent pas à surgir derrière l’apparence limpide de la perfection. Les vieilles obsessions de Cronenberg n’ont toujours pas disparu, elles s’expriment différemment, de manière latente.




Physiquement, les acteurs ne sont atteints d’aucune déformation. L’hystérique qu’on nous présente au début du film est parfois un peu effrayante, d’accord (et encore, grotesque serait un mot plus adapté), mais heureusement, elle se remet bien vite d’aplomb, même si ses troubles se manifestent encore périodiquement. Jung est reluisant de bout en bout. Freud fume cigare sur cigare, mais il est encore trop tôt pour que son cancer se manifeste. La vraie malformation des personnages se situe dans leur cerveau. Essayez un peu de transposer les dialogues qu’ils échangent dans le film à la réalité… Jamais ils ne passeraient. C’est d’ailleurs pour cela que Sabrina, Jung et Freud semblent évoluer en huis clos. S’ils ont des contacts avec l’extérieur, ils se limitent au cercle de leur famille, famille considérée surtout de manière utilitaire comme un outil de reconnaissance sociale. Rien n’est laissé intact à la dissection de leur conscience. Ils épluchent chaque élément anodin et essaient de l’éclairer à l’aune de leur « intelligence » qui, si elle n’est pas vice rationnalisé, ressemble parfois à la folie même.




La psychanalyse n’est qu’un prétexte. A dangerous method ne se propose pas d’en retracer une histoire exhaustive et précise. Elle est considérée comme l’état d’esprit qui imprégnait chacun des personnages de cette histoire et peut-être, aussi, comme un moyen formidable de révéler l’homme monstrueux contenu en chacun de nous.


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