Incitée à regarder ce film par quelques critiques élogieuses lues çà et là, je suis bien obligée de reconnaître que l’art de la persuasion de celles-ci est meilleur que l’art de la réalisation
d’Abel Ferrara pour ce Go, go tales.
Le scénario de ce film se résume simplement : Ray Rubis, dirigeant d’un cabaret de gogo danseuses à Manhattan, peine à faire suffisamment de profits pour payer ses employées et la propriétaire
des lieux. Coup de bol : Ray Rubis gagne au loto. Manque de pot : il ne retrouve plus le billet. Et pendant ce temps, il doit échapper à la colère de son entourage et tenter de persuader un car
de touristes japonais d’assister à ses spectacles plutôt que d’aller manger des sushis…
Ça fait peu pour deux heures de film, mais Abel Ferrara revendique justement cette légèreté de trame pour mieux mettre en avant l’univers de son cabaret. C’est ici que se trouve sa vision du
conte moderne pour adultes. On attend d’être séduit à notre tour –éventuellement d’être happé par le conte-, mais rien n’y fait : on reste sur la touche. Abel Ferrara a beau essayer de glisser
quelques touches de provocation lorsqu’il fait intervenir sur scène ses gogo danseuses –on s’attarde longuement sur une scène nous montrant une des filles qui roule un patin à un chien-, la magie
n’opère pas. Devant ces démonstrations plus désolantes qu’émoustillantes, on piquerait presque un somme…
Puisque Go, go tales semble uniquement vouloir réaliser un fantasme d’Abel Ferrara (filmer de jeunes femmes dénudées dans le cadre d’une boîte de strip-tease), et que le scénario
n’enrobe le tout qu’afin de se doter des apparences d’un long métrage diffusable en salles, on regrette le manque d’honnêteté du réalisateur. Il aurait gagné en crédibilité en se laissant aller
pleinement à la réalisation d’un film érotique, et il aurait épargné à de nombreux autres spectateurs une intrigue aussi inintéressante qu’affligeante.