Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
22 février 2012 3 22 /02 /février /2012 10:22



Ce sont les personnages qui créent l’aventure. Avec San Antonio et le Bérurier, le train s’emballe. A peine réveillés, les voilà embarqués pour une mission dans le désert du Sin Kiang, en Chine, décision prise sur un coup de tête entre la quinzième et la seizième tournée qu’ils s’offrent dans leur troquet habituel. Sitôt arrivés en Chine, les voilà pris en traque et forcés à se remuer les fesses pour échapper à leurs poursuivants. Sur leur route, ils se lieront d’amitié avec un mouton, que la faim les poussera parfois à confondre avec un chop suey, et parviendront à dénicher une base de lancement chinoise. La mission a-t-elle été menée à bien ? Peu importe, tout ce qui compte c’est de rentrer au bercail en traversant le ciel à bord d’une fusée, tout naturellement.

La surenchère ne fait pas peur à Frédéric Dard et surprend à peine. Les pensées de San Antonio ne s’imposent aucune limite, ni dans le fond, ni dans la forme. L’argot et les jeux de mots transforment la langue en un pot-pourri qui brasse de multiples origines et surtout beaucoup d’originalité. Le plaisir ne naît pas tant des propos en eux-mêmes que de leur musicalité. S’il était possible de mettre en scène les aventures totalement extraordinaires vécues par San Antonio dans ce livre, les dialogues se déploieraient dans tout leur éclat dans le cadre du milieu théâtral…


« On se répartit les effusions, on se distribue l’émotion, on se l’émiette, on se la fait goûter, on se l’entre-grume, on se la lèche, on se la boit, on se la décerne, on se la cerne, on y patauge, on la distille, on l’alimente, on l’éclabousse. D’autres bras m’enlacent, d’autres lèvres me composent. Je pleure aussi. J’ai le malheur qui ronronne dans ma poitrine comme le moteur d’un rasoir électrique. »

Ce livre est absurde, fatigant, épuisant, comme une fête endiablée à laquelle on aimerait quand même bien participer... Il présente un San Antonio qui fait figure de modèle d’héroïsme bien malgré lui : héros qui rate beaucoup de choses mais qui ne perd pas son aura grâce à sa capacité de riposter en dégainant son humour et son insouciance. San Antonio incarne une philosophie à lui seul : celle de la rédemption par le verbe comique. Et ce Tango Chinetoque en est une illustration brillante !


« Notre boussole est morte ! Nos couvertures n’existent plus. Nous voici dépouillés jusqu’à l’os. Nous n’avons même plus de poils occultes. »

Partager cet article
Repost0

commentaires

K
On a, plusieurs fois, comparé l'esprit de ma Saga "Wan & Ted", deux livres déjà publiés chez OXYMORON Éditions et un troisième à venir, à celui des San Antonio de Frédéric Dard. N'ayant,<br /> jusqu'à il y a peu, jamais lu de San Antonio, j'ai, effectivement, retrouvé ce goût des jeux de mots, de la narration au présent et de la propension qu'a l'auteur à intervenir dans le récit.<br /> Bien que je n'utilise pas de termes argotiques, il est vrai qu'il y a une certaine filiation totalement involontaire entre les aventures de San Antonio et celles de "Wan & Ted".
Répondre
M
Ah ah ! Colimasson tu ne perds pas ton temps tout le temps.<br /> Tu as tenté l'aventure San-Antonio et tu as découvert son univers.<br /> Comme d'habitude tu nous écris un excellent commentaire c'est un plaisir de te lire.<br /> Salut Coli..<br /> michel(rivela)
Répondre