Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
15 mai 2011 7 15 /05 /mai /2011 18:18



Ce livre tiré de l’expérience de Soljenitsyne est en partie autobiographique. Au début de la déstalinisation, en 1955, Soljenitsyne est exilé au Kazakhstan après huit ans de goulag et il apprend qu’il est atteint d’un cancer, dont il se remettra miraculeusement.
Dix ans plus tard, Soljenitsyne commence à rédiger Le pavillon des cancéreux dans lequel il relate son expérience à travers un éventail de personnages issus de milieux variés et aux conditions sociales différentes, afin de de peindre le tableau social de ces années de la déstalinisation.

Sur 700 pages, sans aucun parti pris, Soljenitsyne nous laisse le temps de nous attacher aux personnages et de nous faire les spectateurs des débats idéologiques entre communistes chevronnés et victimes des goulags, entre l’infirmière totalement dévouée à son métier et celle, plus naïve, qui écoute son cœur avant de se tourner vers les rudiments de son apprentissage en médecine.

Cette foule bigarrée se retrouve finalement dans le pavillon des cancéreux, où toute trace de différence est abolie. Ici, chacun est empêtré dans une situation identique : la lutte contre le cancer. La vie ralentit, rythmée seulement par les séances de radiation, les rendez-vous avec les médecins, les visites des proches et les discussions avec les autres malades.

« Il avait fallu la petite boule dure d’une tumeur inattendue, insensée, parfaitement inutile, pour qu’on l’entraînât ici, comme un poisson à l’hameçon, et qu’on le jetât sur ce lit de fer étroit, pitoyable avec sa toile métallique grinçante et son matelas efflanqué. Il lui avait suffi de se changer, sous l’escalier, de dire adieu à sa femme et à son fils, et de monter dans cette chambre pour que toute sa vie d’avant, harmonieuse, réfléchie, se fermât, comme une porte qui claque, supplantée brusquement par une autre vie, si abominable qu’elle lui faisait plus peur encore que sa tumeur même. Il ne lui était plus loisible désormais de poser les yeux sur quoi que ce fût d’agréable, d’apaisant ; il lui fallait contempler huit malheureux, devenus ses égaux, semble-t-il, huit malades en pyjamas blancs et roses déjà passablement défraîchis et usés, rapiécés ici, déchirés là, trop petits pour l’un, trop grands pour l’autre. »

Ce livre me parle tout particulièrement, puisqu’il relate l’expérience de l’enfermement, sans jamais tomber dans la facilité de l’apitoiement ou dans le bonheur naïf d’une promesse de guérison inéluctable.

« Cet automne-là, j’ai appris que l’homme peut franchir le trait qui le sépare de la mort tout en restant dans un corps encore vivant. Il y a encore en vous, quelque part, du sang qui coule mais, psychologiquement, vous êtes déjà passé par la préparation qui précède la mort et vous avez déjà vécu la mort elle-même. Tout ce que vous voyez autour de vous, vous le voyez déjà comme depuis la tombe, sans passion, et vous avez beau ne pas vous mettre au nombre des chrétiens, et même parfois vous situer à l’opposé, voilà que vous vous apercevez tout à coup que vous avez bel et bien pardonné à ceux qui vous avaient offensé et que vous n’avez plus de haine pour ceux qui vous ont persécuté. Tout vous est devenu égal, voilà tout ; il n’y a plus en vous d’élan pour réparer quoi que ce soit ; vous n’avez aucun regret. Je dirai même que l’on est dans un état d’équilibre, un état naturel, comme les arbres, comme les pierres. Maintenant, on m’a tiré de cet état, mais je ne sais pas si je dois m’en réjouir ou non. Toutes les passions vont revenir, les mauvaises comme les bonnes. »

« Rabinovitch était un malade qui venait à la consultation ; il en était au moins à sa deux centième séance ; chacune d’elle lui était pénible et il sentait que chaque dizaine d’irradiations le rapprochait moins de la guérison que de la mort. Là où il vivait, dans son appartement, dans sa maison, dans sa ville, personne ne le comprenait : tous ces gens bien portants couraient du matin au soir, pensant Dieu sait quels succès ou à quels échecs, qui leur paraissaient très importants. Même sa famille en avait assez de lui. Il n’y avait qu’ici, sur le petit perron du dispensaire anticancéreux qu’on l’écoutât pendant des heures et que l’on compatît à son sort ; chaque malade en effet comprenait ce que cela veut dire lorsque le trigone souple du cartilage thyroïdal s’est complètement durci et que tous les endroits irradiés portent des cicatrices considérablement épaissies… »

Soljenitsyne nous permet d’effectuer une formidable traversée de la psychologie de chacun de ses personnages. Leurs sentiments et leurs contradictions sont analysés avec une acuité perçante. Soljenitsyne fait preuve d’une humanité remarquable et ne dévalorise jamais ses personnages, leurs travers, vices et mensonges étant toujours les conséquences regrettables d’une lutte qu’ils n’arrivent pas à mener dans l’objectif de donner un sens à leur vie. Malgré tout ce qui leur tombe sur les épaules, malgré le sentiment d’immense injustice que peut leur inspirer cette succession d’évènements nauséabonds qui a formé leur vie depuis leur naissance jusqu’à l’éclosion de leur cancer, l’espoir n’est jamais bien loin, et ce message est d’autant plus fort qu’il jaillit au cœur de ce lieu morbide qu’est le pavillon des cancéreux.

« Ce n’est pas le niveau de vie qui fait le bonheur des hommes mais bien la liaison des cœurs et notre point de vue sur notre vie. Or l’un et l’autre sont toujours en notre pouvoir, et l’homme est toujours heureux s’il le veut, et personne ne peut l’en empêcher. »

« Eh bien, voilà ce que c’est que le socialisme moral : ne pas lancer les hommes à la poursuite du bonheur car le bonheur c’est encore une idole du commerce, mais leur proposer comme but la bienveillance mutuelle. Heureux, l’animal qui déchiquette sa proie l’est aussi, tandis qu’il n’y a que les hommes qui puissent être bienveillants les uns envers les autres. Et c’est là ce que l’homme peut viser de plus haut. »

L’espoir, chez Kostoglotov par exemple, se cristallise entièrement dans la journée qui lui permettra enfin de retrouver sa liberté, à l’extérieur de la clinique. Après un moment d’ivresse, Kostoglotov redécouvre la réalité du monde extérieur, tel qu’il l’avait abandonné, et toute l’absurdité de son existence, ni meilleure dans la maladie, ni meilleure dans la bonne santé, se révèle à lui.

« Les poules ont beau savoir que chacune d’elles aura le couteau en travers de la gorge, elles n’en continuent pas moins à glousser et à grattouiller pour trouver leur nourriture. Et on peut bien en prendre une pour l’égorger, ça n’empêchera pas les autres de grattouiller. »

Une pensée de Soljenitsyne qui s’applique admirablement au contenu du Pavillon des cancéreux :

Citation:
« C’est terrible à penser, mais alors toutes nos vies sacrifiées, nos vies boiteuses, et toutes ces explosions de nos désaccords, les gémissements des fusillés et les larmes des épouses –est-ce que tout cela aussi sera oublié tout à fait ? est-ce que tout cela aussi donnera la même beauté éternelle et achevée ? »


Alexandre Soljenitsyne dans Etudes et Histoires minuscules

Partager cet article
Repost0
9 mai 2011 1 09 /05 /mai /2011 13:26




Je ne pourrais pas parler de ce livre en restant raisonnable!
A la fois roman, journal de bord, essai, uchronie, incluant des passages poétiques et des dialogues complètement barrés dans le fond mais d’une classe inégalable dans la forme, ce livre ne cesse de se renouveler à chaque nouvelle lecture !

Giovanni Papini nous avertit dans la préface : [/b]Gog[/b] est tiré du journal de bord d’un patient de clinique psychiatrique, rencontré alors qu’il allait rendre visite à un de ces amis. Intrigué par la teneur de ses écrits, par la virulence de ses jugements, par la grande diversité des personnes et des pays qu’il a rencontrés au cours de sa vie de milliardaire désœuvré, Giovanni Papini a voulu en faire profiter ses lecteurs. S’attardant davantage sur l’originalité des opinions de Gog, aucun jugement de valeur ne sera porté sur ce récit. Au lecteur de séparer le bon grain de l’ivraie, à moins que le lecteur, comme moi, ne trouve rien à jeter !

Les opinions les plus loufoques finissent même par persuader le lecteur, tant Gog sait se montrer convaincant. Au cours de ses rencontres, il arrive toujours à présenter chacun de ses interlocuteurs sous un jour nouveau, le plaçant, par l’intermédiaire des répercussions de ses actes ou de ses pensées sur l’humanité, du côté du bien ou du côté du mal, mais rarement à l’endroit attendu. Gandhi, Freud, Wells, Edison ? Tous des pourris ! Gandhi a voulu virer les Anglais hors de l’Inde pour s’être trop inspiré des idées anglaises, Freud a créé la psychanalyse parce qu’il n’a jamais réussi dans la littérature, Wells a profité d’un engouement pour la prophétie pour mieux vendre ses bouquins, et Edison était un vieil homme qui s’ennuyait et qui n’a rien trouvé de mieux que de bricoler pour se passer le temps, devenant par la même occasion le pionner de l’électricité.

« Vous voulez savoir pourquoi nous désirons renvoyer les Anglais de l’Inde ? La raison en est très simple : ce sont les anglais eux-mêmes qui m’ont inspiré cette idée purement européenne. […] Je me suis avisé qu’aucun peuple d’Europe ne supporterait d’être administré ni commandé par des hommes d’un autre peuple. Et c’est surtout chez les Anglais que ce sens de la dignité et de l’indépendance nationales est très développé. Je ne veux plus d’Anglais chez nous justement parce que je ressemble trop aux Anglais. Les vieux Hindous se souciaient peu de ce qui se passait sur terre, et bien moins encore de politique. Plongés dans la contemplation de l’Atman, du Brahman, de l’Absolu, ils ne désiraient rien que de se fondre dans l’Âme unique de l’univers. […] La culture anglaise et, en général, la culture de l’Occident, importée ici par l’effet de la conquête, a changé la conception que nous avions de la vie. Je dis « nous » pour parler des intellectuels, car la masse reste encore réfractaire, et pour des siècles, au message de liberté politique que l’Europe nous envoie. Le premier Hindou qui s’imprégna totalement des idées occidentales, ce fut moi, et je suis devenu le guide des Hindous, justement parce que je suis le moins Hindou qu’aucun de mes frères. »
Une visite à Gandhi

La culture prend aussi un sacré coup dans l’aile ! Gog, en vieux blasé qui ne réussit plus à s’émerveiller de rien, invite une pléthore d’artistes novateurs, aussi bien dans le domaine de la sculpture, de la musique ou de la poésie. Au feu les vieux livres de littérature, qui ressassent les histoires loufoques et grotesques de personnages aussi décérébrés que leurs lecteurs ! La sculpture, la poésie et toutes les autres formes d’art ont été tellement exploitées au cours des siècles passés que Gog désespère encore de pouvoir trouver une quelconque forme d’innovation dans ces domaines, et il convie, dans l’espoir de se démentir, des poètes qui combinent toutes les langues ou qui résument leurs écrits à un titre, des musiciens qui organisent des concertos silencieux et des sculpteurs de l’éphémère.

« Toute la musique tend au silence et sa puissance est toute dans les pauses qui séparent les sons. Les vieux compositeurs ont encore besoin de ces soutiens harmoniques pour dégager le silence de son mystère. Mais j’ai trouvé la façon de supprimer l’encombrement superflu des notes, et je présente le silence à son état de pureté originelle. […]Le Bolivien monta sur la scène et donna le signal de l’ouverture en frappant son pupitre d’une longue baguette blanche. Personne ne bougea, on n’entendit aucun son. Seul le chef d’orchestre s’agitait, levant les yeux en l’air comme s’il écoutait une mélodie sensible pour lui seul, puis il se tournait de droite et de gauche, fixant ses musiciens spectraux et leur visages de cire, indiquant de sa baguette, tantôt un pianissimo, tantôt un presto, avec de légers sursauts des flancs qui faisaient penser à un fantôme à l’agonie. Quarante yeux de porcelaine le fixaient dans une commune expression de haine impuissante.»
Musiciens

« Je ne vais jamais visiter d’atelier d’artiste : parce que je m’y ennuie, parce que je ne sais que dire, parce qu’on y trouve presque toujours les mêmes choses ; parce que l’on ne voit jamais en moi qu’une machine à signer des chèques, un mécène sans compétence et facile à tromper. »
La sculpture nouvelle

Gog s’en prend également à la civilisation, à ses villes monstrueuses, construites à l’emporte-pièce et sans aucun respect pour la moindre harmonie. Gog en vient à rêver au milieu de vieilles ruines, il se moque des monuments dont les hommes font la louange et il rêve de pouvoir modeler la terre selon son envie, défaisant les monts pour en reconstruire de nouveaux et teignant les mers de toutes les couleurs de l’arc-en-ciel. La démesure de Gog est sans égal !

« Un architecte ne peut plus concevoir un temple ou un palais à soi, destiné à s’insérer dans des complexes anciens, mais seulement une masse compacte de constructions, inspirée par un concept unitaire et révolutionnaire. Que diriez-vous d’un poète moderne qui voudrait introduire un de ses vers dans un chant de l’Iliade ou une scène de son invention au milieu d’un acte de Shakespeare ? C’est pourtant une absurdité de ce genre que l’on demande aux architectes modernes, et que ceux-ci exécutent lâchement. » Villes ultranouvelles

« Quand je me trouvai pour la première fois au pied de la tour Eiffel, je ne pus m’empêcher de rire. Cette ridicule cage de fer rouillé qui semble un joujou d’in-génieur abandonné auprès d’un pauvre petit fleuve, était-ce là vraiment la construction la plus élevée de la terre ? C’est à vous faire honte d’être un homme et d’être né dans ce siècle. »
Tout petit petit

Gog hait les hommes ! Il collectionne des monstres pour pallier à sa solitude, et rêve de recouvrir le visage de ses semblables de masques, pour ne plus avoir à subir leur figure outrancière à longueur de journée. Il imagine pour eux une nouvelle religion qui leur conviendrait à merveille et à laquelle ils seraient définitivement fidèles : l’Egôlatrie, consistant au culte de sa propre personne, et une nouvelle forme de gouvernement, la Pédocratie, le règne de la chair fraiche et inculte.

« La religion nouvelle et définitive que je propose aux hommes est l’Egôlatrie. Chacun s’adorera soi-même, chacun aura son Dieu personnel : soi-même. La Réforme protestante se flattait de faire de tout comme un prêtre : plus d’intermédiaire entre la créature et le Créateur ! Moi, je fais un pas en avant : plus d’intermédiaire entre l’adorateur et l’adoré. Chacun est à soi-même son Dieu. On combine de cette façon les avantages du polythéisme et ceux du monothéisme. Chaque homme aura un seul Dieu, mais il y aura autant de Dieux que d’hommes. Et les scissions ne seront pas à craindre parce que les égôlatres, tout e étant d’accord sur le principe fondamental de la nouvelle religion, ne tomberont jamais, et pour des raisons évidentes, dans la folie d’adorer un Dieu étranger, c’est-à-dire un autre être, leur semblable. »
L’Egôlatrie

Gog est un homme désabusé. Son argent ne lui procure aucun plaisir, et tous les hommes qu’il a pu rencontrer au cours de son existence l’ont déçu, d’une manière ou d’une autre. Son point de vue sur tous les phénomènes historiques et culturels du 19e et 20e siècle est d’une originalité frappante. Je doute que vous trouviez les propos de Gog ailleurs que dans ce livre, et chaque page constitue un émerveillement nouveau pour l’originalité d’une pensée qui se veut sans concessions.
Giovanni Papini, à travers Gog, tient sans doute à dénoncer toute l’absurdité d’une époque, et il y parvient royalement en tournant en dérision tous les évènements d’un siècle, incontestablement nommés « progrès », pour leur redonner leur juste valeur : celle de gestes insignifiants voués à disparaître aussi rapidement et aussi totalement que l’humanité et la Terre en elles-mêmes.

« J’ai essayé l’opium : il me rend idiot ; tous les alcools : ils me transforment en un fou répugnant ; la cocaïne : elle abrutit et abrège la vie. Le haschisch et l’éther sont bons pour les petits décadents attardés. La danse est un abêtissement qui fait suer. Le jeu, dès que j’ai perdu deux ou trois millions, me dégoûte : une émotion trop commune et trop coûteuse. Dans les music-halls, on ne voit que les habituels pelotons de girls toutes peintes, toutes déshabillées, toutes odieuses, toutes pareilles. Le cinéma est un opprobre réservé aux classes populaires. »
Amusements

Mais Gog n’est pas un nihiliste et un misanthrope total. Il faut lire le livre jusqu’à son dernier chapitre pour réaliser qu’à travers toutes les critiques acerbes qu’il adresse à l’humanité, Gog n’est rien d’autre qu’un homme à la recherche des valeurs réelles qui animent une existence. Si Gog détruit toutes les réalisations de son époque –époque immorale et dépravée- ce n’est que pour mieux faire ressurgir les valeurs simples et naturelles d’une humanité qui n’aurait pas été pervertie par la science –cette ennemie éternelle de Gog.

Citation:
« Quiconque a lu mes livres, surtout les derniers, s’apercevra qu’il ne peut rien y avoir de commun entre moi et Gog. Mais dans ce demi-sauvage cynique, sadique, maniaque, hyperbolique, j’ai vu une sorte de symbole de la civilisation cosmopolite, fausse et bestiale –selon moi- et je l’exhibe à mes lecteurs d’aujourd’hui, dans la même intention qui animait les Spartiates montrant à leurs fils un ilote abominablement ivre. »


Partager cet article
Repost0
6 mai 2011 5 06 /05 /mai /2011 11:59




Présentation de l'éditeur

Citation:
J’aurais aimé expliquer à mon mari ce qui s’était passé, mais j’aurais dû lui expliquer les roues de la poussette et ça c’était la chose au monde que je pouvais plus jamais raconter à personne. " Une très jeune femme raconte son histoire. Avec une saine autodérision, elle essaie d’oublier (mais n’y parvient pas) l’épisode traumatique qui l’a pour toujours figée dans l’adolescence. Comment vivre après cela ? Même la compagnie de Newborn, arrivé par la Poste, adorable poupon nouveauné, taille 36, ne pourra changer la donne... Construit autour et à cause d’une blessure que notre société préfère taire, la stérilité, La Poussette ne cultive ni pathos ni apitoiement. Bien au contraire ! La voix singulière de la narratrice donne à ce court roman un ton à la fois naïf et cruel, tendre et inconfortable.



Présenté comme un roman en charge de dénoncer les pressions sociales subies par les femmes à l’âge de procréer, La poussette ressemble finalement davantage à un conte qu’à un pamphlet virulent.

L’histoire nous parvient à travers les propos d’une femme de trente-et-un ans dont la croissance, tant physique que mentale, semble s’être figée à l’âge de quatorze ans et demi, alors que l’accident de la poussette, utilisé comme justificatif à toutes ses déceptions futures, survint lors d’un cours de puériculture. On devine facilement qu’à travers cet incident plutôt insignifiant, la narratrice se justifie d’une impossibilité à procréer qui ne doit rien au hasard d’une leçon de puériculture.
Le ton employé pour nous raconter son histoire –la rencontre avec son mari, le ramassage des balles de golf au fond des obstacles d’eau, le voyage de noces, suivis de la lente décrépitude qui s’accompagne, entre autres, de la « mort » du mari, de la perte du « morceau de foie », de la « naissance » de NewBorn- est celui d’une fillette tout juste sortie de l’enfance.
Naïve, elle s’émerveille des papillons qui viennent voler autour de ses cheveux…

« Les papillons devaient aussi aimer particulièrement mon shampooing adoucissant au mélaleuca d’Australie, ils venaient voleter autour de ma tête, se poser sur mes cheveux, les explorer de leurs longues antennes et quand ils comprenaient qu’il n’y avait rien à en tirer, à part qu’ils étaient brillants et souples, ils repartaient en voletant vers les vraies orchidées. J’ai testé à tour de rôle plusieurs adoucissants, la vanille bio de Madagascar, l’hibiscus du Burkina Faso, le fruit de la passion du Brésil… En fonction, ce sont d’autres papillons qui venaient, soit tous les jaunes, soit tous les multicolores, soit ceux avec une tête de mort sur les ailes. »

… et elle rêve d’avoir un enfant pour s’en occuper comme d’une poupée, déambulant devant les vitrines des magasins en imaginant de quels accessoires et de quels vêtements elle pourrait remplir son sac si, enfin, elle parvenait à être mère :

« Je faisais des trousseaux imaginaires avec une brassière en coton bio, une salopette multipoches, un cardigan zappé, une gigoteuse, un nid-d’ange… Dans les pharmacies, je demandais des échantillons de lait en poudre, de soins pour la peau, que l’assistante pharmacienne me tendait avec un sourire ému. Je les mettais dans l’aquarium en rentrant. »

Alors, oui, si l’accident de la poussette a figé cette jeune femme à l’âge de quatorze ans, il est en effet la cause de tous ses malheurs. Plus les pages du livre s’égrènent, plus les évènements qui traversent sa vie deviennent sinistres, mais ils semblent au contraire rapprocher la narratrice de l’idéal de la mère tel qu’elle se l’imagine et son discours se fait de plus en plus émerveillé, jusqu’au dénouement final qui signe la condamnation d’une jeune femme à ne jamais connaître la maternité.

Malheureusement, désirant rappeler à chaque page que la narratrice est encore une enfant, le style de l’écriture est lourd et ne laisse pas le lecteur se prendre au jeu, à la manière d’un Momo dans La vie devant soi. Les tournures de phrases sont lourdes à digérer et sentent bien trop le réchauffé :

« Au rayon de la supérette, je suis restée longtemps devant les Clearblue, Primastick, Predictor, First Response… Ils coûtaient tous la même chose, mais un seul disait « Enceinte » ou « Pas enceinte », écrit avec de vrais mots en vraies lettres et pas seulement avec un trait où il faut relire trois fois le mode d’emploi pour se souvenir si le trait doit être au milieu à droite ou à gauche pour que ça soit la preuve que oui ou que non. »

Difficile de s’attacher à cette jeune femme qui semble se moquer de nous, usant de son air de petite fille pour se justifier d’actes cruels et d’une absence de lucidité frisant l’exagération.
Et si certains passages, sincères au milieu de tout un ramassis de sornettes destinées à nous faire avaler des couleuvres, ressurgissent avec une telle force, ce n’est que pour mieux nous faire regretter que le reste du texte ne soit pas à leur hauteur :

« Je n’ai pas senti la colère tout de suite, elle a mis du temps à remonter, plusieurs jours, jusqu’à ce qu’elle arrive dans ma bouche et que je crie sans plus m’arrêter. La colère à cause de l’accident qui me courait après. La colère contre les suspensions qui se sont décrochées et qui m’ont empêchée pour toujours d’avoir un bébé à moi tellement j’avais eu peur. La colère contre mon ventre que je voulais plus, dans lequel je voulais enfoncer des ciseaux et qu’on en parle plus. »

Partager cet article
Repost0
19 avril 2011 2 19 /04 /avril /2011 21:01



Première lecture de Faust déstabilisante… Je m’attendais à quelque chose de complètement différent…

Une des difficultés qui surgit au premier abord concerne l’apparente accessibilité du texte. Le livre n’est pas épais, les scènes sont souvent courtes, le vocabulaire est aisé à comprendre… Et pourtant, il se cache derrière cette facilité de surface toute une réflexion sur des thèmes universels –dont, principalement, la recherche du bonheur- dont la lecture n’épuise jamais le sens.
Comme l’ont déjà dit beaucoup des Parfumés, chaque reprise du texte apporte son nouveau lot de découvertes, amène à de nouvelles réflexions et fait apparaître ce Faust comme beaucoup plus riche qu’à la lecture précédente.



Le fait que la pièce soit courte n’est pas un gage de facilité dans cette pièce. Au contraire, si peu de pages sont suffisantes pour raconter l’histoire de Faust, il faut qu’un grand nombre d’ellipses soient présentes dans le texte, et d’une scène à la suivante, le lecteur doit souvent faire un effort d’imagination pour tisser lui-même les liens que Goethe n’a pas jugé utiles d’intercaler entre les deux passages.
Et puisque l’on parle d’imagination, celle du lecteur est encore mise à rude épreuve lors de la lecture de passages mythiques tels que La cuisine de la sorcière ou La nuit de sabbat. On tire sur le fantastique à longueur de pièce, sans que cela ne paraisse extravagant, et cela est d’autant plus flagrant que Faust, l’homme raisonnable par définition, s’il n’approuve pas ce qu’il voit, ne semble pas s’en étonner outre-mesure.

Et puisque l’on parle de Faust, je trouve qu’il représente à merveille l’homme actuel, qui balance entre des aspirations élevées (devenir érudit, accumuler en soi toute la science du monde) et l’envie de redevenir un homme plus simple, ce qui semble aller de pair avec le bonheur.

« Eh bien ! rends-moi ces temps de mon adolescence
Où je n’étais moi-même encor qu’en espérance ;
Cet âge si fécond en chants mélodieux,
Tant qu’un monde pervers n’effraya point mes yeux ;
Tant que, loin des honneurs, mon cœur ne fut avide
Que des fleurs, doux trésors d’une vallée humide !
Dans mon songe doré, je m’en allais chantant ;
Je ne possédais rien, j’étais heureux pourtant !
Rends-moi donc ces désirs qui fatiguaient ma vie,
Ces chagrins déchirants, mais qu’à présent j’envie,
Ma jeunesse !... En un mot, sache en moi ranimer
La force de haïr et le pouvoir d’aimer ! »


La première partie du texte, qui traite essentiellement des aspirations contraires qui s’affrontent en Faust, est la plus intéressante. Malheureusement, j’ai moins apprécié la deuxième partie du texte qui tourne autour d’une histoire d’amour traitée d’une manière un peu plate, malgré tous les rebondissements qu’elle rencontre.
Ne servait-elle qu’à mettre en scène la partie finale ? Ou à obéir aux mêmes préceptes que le directeur, dans le prologue consacré au théâtre, demandait à ses poètes d’appliquer ?

« LE DIRECTEUR : […] Tout maussade d’ennui, chez nous l’un vient d’entrer ;
L’autre sort d’un repas qu’il lui faut digérer ;
Plusieurs, et le dégoût chez eux est encore pire,
Amateurs de journaux, achèvent de les lire :
Ainsi qu’au bal masqué, l’on entre avec fracas,
La curiosité de tous hâte les pas :
Les hommes viennent voir ; les femmes, au contraire,
D’un spectacle gratis régalent le parterre.
Qu’allez-vous cependant rêver sur l’Hélicon ?
Pour plaire à ces gens-là faut-il tant de façon !
Osez fixer les yeux sur ces juges terribles !
Les uns sont hébétés, les autres insensibles ;
En sortant, l’un au jeu compte passer la nuit ;
Un autre chez sa belle ira coucher sans bruit.
Maintenant, pauvre fou, si cela vous amuse,
Prostituez-leur donc l’honneur de votre muse !
Non !...mais, je le répète, et croyez mes discours
Donnez-leur du nouveau, donnez-leur-en toujours ;
Agitez ces esprits qu’on ne peut satisfaire… »

Partager cet article
Repost0
18 avril 2011 1 18 /04 /avril /2011 09:24

http://ecx.images-amazon.com/images/I/41hCJOVq8kL._SL160_.jpg

 

Mots d’Esprits, deuxième recueil de poésies de Damien Khérès, salué par le prix SFR Jeunes Talents, est un curieux mélange de slam et de fabliau. On retrouve les techniques habituelles qui permettent de distinguer le texte poétique du simple récit avec des jeux essentiellement portés sur le rythme ou la sonorité des mots, mais ceux-ci sont appliqués à des textes dont la portée morale se veut en contradiction totale avec la légèreté de la recherche musicale. 

Ainsi, si certaines trouvailles sur la sonorité des mots sont plutôt réussies :

 

« Les liaisons résonnent au diapason,

Me raisonnent et traversent les cloisons

Des raisons monotones.

Les consonnes et les voyelles foisonnent,

S’emmêlent et détonnent »

(Musique des lettres)

 

D’autres découlent d’un travail si laborieux que le texte en devient obscur, et le peu qu’on en comprend laisse dubitatif…

 

« La part de torpeur d’un empire vise l’export impur

A part avoir peur du pire, mon transport est pur

Je pars sans stupeur et inspire l’apport d’épure

Par vapeur je respire, un triste rapport suppure »

(Allitérations contre nature)

 

Certains textes ont pour ambition de s’amuser avec la langue française, ses expressions et les différents sens accordés aux mots. Malheureusement, l’idée de jouer avec la langue française perd tout de son intérêt dès les premiers vers et ne réussit pas à se détacher de ses contraintes initiales. Damien Khérès vise des objectifs qu’il peine à surmonter, et la difficulté de l’exercice qu’il s’impose transforme chacune de ses initiatives en rédaction scolaire :

 

« La châtelaine chapeauté sortit de son château

Accompagnée de son chat tôt aujourd’hui

Elle fit quelques achats

Même pour son chat

Qui lécha les vitrines »

(Une affaire de chat)

 

> Les jeux de mots pêchent par leur facilité et leur abondance injustifiée au détriment du sens que Damien Khérès souhaite, par ailleurs, apporter à chacun de ses textes. Souhaite-il en privilégier le sens ou la musicalité ? Il faudra trancher car concilier ces deux exigences semble visiblement impossible. Pourquoi vouloir à tout prix donner un sens à un texte poétique ? N’est-ce pas gâcher tous les efforts portés sur la recherche de la musicalité des mots que de vouloir leur confier un rôle double, à la fois esthétique et moral ?

Le résultat de cette trop grande ambition est décevant. Les réflexions anéantissent toute musicalité et chaque texte, à la manière d’un fabliau, apporte une morale bien dispensable au lecteur.

 

Ainsi, si celui-ci aurait pu se laisser porter par les mots, il déchantera toutefois rapidement devant certaines considérations psychologiques douteuses : « C’est curieux parfois les histoires de famille / Elles partent souvent de rien et se finissent en vrille » (Le vieil homme et l’amer), portraits d’une délicatesse inouïe : « On entend des propos honteux / Disant qu’elle aime s’envoyer en l’air. / Tout ça parce qu’elle est célibataire / Et qu’aux fesses elle a le feu» (à propos d’une hôtesse de l’air) (Les 4 éléments), cours de biologie : « Des poussières d’étoiles arrivées sur la terre / Ont peuplé une nouvelle planète encore en feu, Après une longue traversée du cosmos à travers les airs / La vie a enfin éclos grâce à l’apparition de l’eau» (La vie), blagues Carambar : « T’as pas vu que j’avais minci ? / – Mince ! J’avais pas remarqué… » (Brèves de comptoir), petits mots d’amour : « Moi aussi je te souhaite / Une très belle journée / Pas de clairons, ni de pouet-pouet / Seulement une pensée / D’un pseudo poète / A sa muse bien-aimée ! » (Mots doux),  et conclusions terrifiantes : « Se contraindre à rester seul simplement par orgueil c’est embêtant » (Le vieil homme et l’amer).

 

> Finalement, les meilleurs passages restent ceux dans lesquels Damien Khérès, sans chercher à jouer au conteur, exprime simplement son amour du langage : « Aussi longtemps que je m’écouterai penser, / Je jouerai des mots en les faisant sonnets / Car quoi qu’on en dise, la musicalité des lettres / Fait simplement appel à la musique innée de l’être » (Musiques des lettres), évitant ainsi de céder à sa crainte la plus justifiée, lorsqu’il évoque ses souvenirs : « Mais j’ai surtout peur de mal les raconter, il l’aurait sûrement fait mieux que moi » ( Ode à mon grand-père).

Partager cet article
Repost0
9 avril 2011 6 09 /04 /avril /2011 09:32



Attention, voilà du lourd !
Orlando, c’est le genre de bouquin qu’on commence à lire, plein de bonnes intentions (parce que c’est du Virginia Woolf, ça devrait être pas trop mauvais quand même…) et puis après les premières pages, on commence déjà à être au bord de l’indigestion, comme si s’était enfilé une grosse part de forêt noire à chaque page achevée.

L’histoire en elle-même est intéressante… Nous suivons les pérégrinations d’Orlando, un jeune noble anglais du début du 18e siècle. S’ensuit une histoire d’amour inachevée avec la fille de l’ambassadeur de Russie, suite à quoi il décide de partir en Orient. Après un sommeil prolongé d’une semaine, Orlando se réveille femme. Il vit quelques temps en compagnie des Tziganes puis, regrettant la vie moderne de Londres, Orlando retourne dans son pays d’origine où elle mènera une vie mondaine et connaîtra quelques déboires amoureux provoqués par sa nouvelle identité sexuelle et sa vie d’écrivain. Le livre se clôt en 1928, alors qu’Orlando trouve enfin la gloire dans sa carrière d’écrivain.

Si l’histoire n’est pas trop mauvaise, en revanche, le bât blesse au niveau du style. Il pourra plaire à certains, je n’en doute pas, mais il ne correspond pas du tout à mes préférences personnelles dentsblanches .
Certaines phrases s’étendent sur une ou plusieurs pages, et c’est plutôt la règle que l’exception. Cette longueur, loin d’apporter quelque chose au texte, semble même plutôt pallier à une faiblesse de l’écriture de Virginia Woolf : parce qu’elle n’arrive pas à expliciter clairement ses pensées en un mot ou en une expression, elle tourne autour du pot, utilise un mot et toute sa suite d’homonymes dans une longue énumération ponctuée par des points-virgules, si bien que lorsque l’on atteint le bout de la phrase, on a déjà oublié ce dont voulait nous parler Virginia au début.
En dehors de cela, le style est un peu trop ampoulé à mon goût, et ce n’est absolument pas ce que je recherche dans la lecture, mais c’est une question de préférences personnelles…

Les meilleurs passages s’affirment lorsque Virginia nous parle des difficultés que peut rencontrer tout écrivain lors de l’acte d’écriture :

« Quiconque a tâté des rigueurs du style me dispensera ici des détails ; il sait ‘avance qu’Orlando écrivait et trouvait tout bon ; lisait et trouvait tout affreux ; corrigeait puis déchirait ; retranchait ; ajoutait ; touchait à l’extase, puis au désespoir ; connaissait les bons soirs et les mauvais matins ; empoignait les idées pour les perdre ; voyait son livre, naguère si net devant lui, se dissoudre ; mimait le rôle de ses personnages en mangeant ; déclamait en marchant ; pleurait ; riait ; hésitait entre divers styles ; préférait aujourd’hui l’héroïque et le pompeux, demain le simple et le terre-à-terre ; tel jour les vallons de Tempé, tel autre les champs du Kent ou de Cornouailles ; sans pouvoir décider, en fin de compte, s’il était le génie le plus divin ou le plus fieffé imbécile de la terre. »

(et en plus, un exemple des phrases à rallonge, quoique celle-ci reste encore très modeste dentsblanches )

On trouve également des bons passages lorsqu’Orlando femme intègre les grandes soirées mondaines et se lasse très rapidement de sa compagnie :

« Voici des mois que je vais dans le monde, dit Orlando en jetant un bas à travers la pièce, et je n’ai rien entendu que Pippin [le chien d’Orlando] n’eût été capable d’exprimer. J’ai froid. J’ai faim. Je suis content. J’ai attrapé une souris. J’ai enterré un os. Un baiser sur mon nez, je vous prie. »

« La vieille Madame du Deffand et ses amis ont parlé pendant cinquante ans sans arrêt. Et qu’en reste-t-il ? Peut-être trois mots spirituels. Nous sommes donc libres de croire soit qu’on ne disait rien chez Madame du Deffand, soit qu’on n’y disait rien de spirituel, soit enfin que les trois paroles spirituelles durèrent dix-huit mille deux cent cinquante soirées, ce qui ne laisse pas beaucoup d’esprit à la part de chacune. »

En dehors de l’intrigue et du style, Orlando peut être un livre intéressant pour ceux qui ont envie de mieux connaître Virgnia Woolf puisqu’il semble clairement qu’à travers son personnage, elle décrive ses propres ambivalences sexuelles et la difficulté qu’elle ressent à affirmer son identité sexuelle. On retrouve également les interrogations qui jalonnent son parcours d’écrivain et la solitude qu’elle éprouve au milieu de ses semblables.

Reste la gêne que j’éprouve devant le style de Virginia Woolf… et je ne sais pas si je repartirais de sitôt avec un autre de ses livres. Mais si Orlando est un ouvrage mineur de son œuvre, ce n’est peut-être pas pour rien…

Partager cet article
Repost0
5 avril 2011 2 05 /04 /avril /2011 21:13




Pour décrire le contenu de ce livre, rien de mieux que laisser l’auteur en parler lui-même :

Citation:
Un nouveau stupéfiant collectif envahit les sociétés occidentales : le culte du bonheur. Soyez heureux ! Terrible commandement auquel il est d'autant plus difficile de se soustraire qu'il prétend faire notre bien. Comment savoir si l'on est heureux ? Et que répondre à ceux qui avouent piteusement : je n'y arrive pas ? Faut-il les renvoyer à ces thérapies du bien-être, tels le bouddhisme, le consumérisme et autres techniques de la félicité ? Qu'en est-il de notre rapport à la douleur dans un monde où le sexe et la santé sont devenus nos despotes ?

J'appelle devoir de bonheur cette idéologie qui pousse à tout évaluer sous l'angle du plaisir et du désagrément, cette assignation à l'euphorie qui rejette dans l'opprobre ou le malaise ceux qui n'y souscrivent pas. Perversion de la plus belle idée qui soit : la possibilité accordée à chacun de maîtriser son destin et d'améliorer son existence.

C'est alors le malheur et la souffrance qui sont mis hors la loi, au risque, à force d'être passés sous silence, de resurgir où on ne les attendait pas. Notre époque raconte une étrange fable : celle d'une société vouée à l'hédonisme, à laquelle tout devient irritation et supplice.

Comment la croyance subversive des Lumières, qui offrent aux hommes ce droit au bonheur jusqu'alors réservé au paradis des chrétiens, a-t-elle pu se transformer en dogme ? Telle est l'aventure que nous retraçons ici.



J’ai fondu sur ce livre pour l’attrait du sujet. Qui n’a jamais ressenti au quotidien cette obligation de paraître sous son meilleur jour et d’afficher la mine glorieuse de ceux à qui tout réussit ?
Avec ce livre de Pascal Bruckner, on se dit : « Enfin, un gars qui pense comme moi ! » (et quand même, ce n’est pas n’importe quel gars, quoiqu’on puisse en dire…). Tenir ce livre entre ses mains est déjà déculpabilisant en soi ! dentsblanches

Le problème que j’ai rencontré, après un développement intéressant expliquant comment nous sommes passés d’une morale du repentir au Moyen Âge à une obligation de jouir aux 20e et 21e siècles, trouve résonnance avec le sujet traité par le livre : finalement, je n’ai pas été émerveillée plus que de raison par les propos de Pascal Bruckner. Victime d’une époque rongée par la grisaille, comme le dit si bien l’auteur?
Je m’attendais à un texte virulent ou qui m’ouvre tout du moins l’esprit à de nouvelles idées ; j’ai trouvé un texte monotone, surtout inspiré des réflexions des autres (une phrase sur trois sont des citations d’autres auteurs) et qui n’a pas honte d’énoncer des banalités ou des clichés.
Finalement, ce livre illustre bien le propos qu’il contient : arrêtons de rechercher le bonheur, la nouveauté ou l’originalité à tout prix ; continuons à lire des livres qui nous laissent de marbre et qui n’enrichissent pas, ou si peu.

Mais je suis méchante. J’ai parlé des nombreuses références que Pascal Bruckner faisait à des auteurs meilleurs que lui, et ce sont ces références qui sauvent le livre. Merci à L’Euphorie Perpétuelle qui m’a permis de découvrir Mars de Fritz Zorn, un livre contenant une critique bien plus virulente et novatrice que celle de Bruckner.

Allez, parmi tous les clichés contenus dans ce livre, je vous offre la perle… Le sujet ? Le téléphone portable… Accrochez-vous, c’est profond !

« Et quel meilleur exemple de cette urgence que le portable : dès la première sonnerie il convie chacun à se ruer sur son sac, ses poches pour attraper le petit animal clignotant et bourdonnant. C’est d’ailleurs tout le développement technologique qui met en demeure ceux qui n’y adhèrent pas d’être écartés du groupe. Il faut souscrire ou périr, surtout chez les adolescents. »

Ah, euphorie de la lecture, quand tu t’échappes…

Dommage, le sujet m’intéressait bien pourtant.

« Avouons l’existence du mal sans ajouter encore aux laideurs de la vie l’absurde complaisance de les nier. »
Voltaire

(C’est vrai que c’est facile les citations des autres finalement… innocent )

Partager cet article
Repost0
26 mars 2011 6 26 /03 /mars /2011 13:22




Résumé éditeur :

Citation:
« Un beau matin, Onni Rellonen, petit entrepreneur dont les affaires périclitent, et le colonel Hermanni Kemppainen, veuf éploré, décident de se suicider. Le hasard veut qu'ils échouent dans la même grange. Dérangés par cette rencontre fortuite, ils se rendent à l'évidence : nombreux sont les candidats au suicide. Dès lors, pourquoi ne pas fonder une association et publier une annonce dans le journal ? Le succès ne se fait pas attendre. Commence alors une folle tournée à travers la Finlande : une trentaine de suicidaires de tous poils s'embarquent pour l'aventure. Un périple loufoque mené à un train d'enfer, des falaises de l'océan Arctique jusqu'au cap Saint-Vincent au Portugal. »


D’après Wikipédia :

Citation:
« Ses œuvres se caractérisent par un sens de l'humour et de la narration rares ; elles sont remplies d’une bonne humeur et d’une jovialité inhabituelles dans la littérature contemporaine, d'un humour doux-amer et burlesque. »



Etait-ce parce que je m’étais attendue à une œuvre qui corresponde parfaitement à cette description que Petits suicides entre amis m’a déçue à ce point ?
Visiblement, je ne partage pas la même définition de la jovialité, de l’humour et du burlesque que ces auteurs de Wikipédia et que la plupart des critiques qui encensent Paasilinna et son « humour noir ravageur ».
Humour ? Noir ? Ravageur ? Suspect
Laissez-moi en douter…
On trouve bien quelques passages ironiques qui descendent en flèche le soi-disant confort de vie éprouvé en Finlande :

« L'on constata qu'il ne faisait pas bon vivre en Finlande, la société était dure comme le granit. Les gens étaient cruels et jaloux les uns des autres. Le goût du lucre était général, tous couraient après l'argent avec l'énergie du désespoir. Les Finlandais étaient sinistres et malveillants. S'ils riaient, c'était pour se réjouir du malheur d'autrui. Le pays grouillait de traîtres, de tricheurs, de menteurs. Les riches opprimaient les pauvres, leur faisaient payer des loyers exorbitants et leur extorquaient des intérêts prohibitifs. Les déshérités, de leur côté, se conduisaient en vandales braillards et n'élevaient pas mieux leurs enfants : ils étaient la plaie du pays, à couvrir de graffitis les maisons, les objets, les trains et les voitures. Ils cassaient les carreaux, vomissaient et faisaient leurs besoins dans les ascenseurs. »

…mais la critique ressemble plutôt au mécontentement d’un petit garçon qui remarque que son jouet n’est pas livré avec les piles le soir de Noël. Bref, la critique est toujours très conventionnelle et ne soulève rien de bien neuf. Etonnant pour un auteur supposer bouleverser tous les codes des bonnes mœurs officielles...

Je ne reproche pas à Paasilinna son côté pipi-caca-alcool (quoiqu’il aurait pu faire mieux de ce côté-là : ce n’est pas parce qu’il parle une fois ou deux de vodka ou d’aquavit qu’il parviendra jamais à égaler le Gargantua de Rabelais), principale raison évoquée pour le manque de goûts de ces demoiselles vis-à-vis des œuvres de Paasilinna (c’est trop facile non ? dentsblanches ).

Je déploré plutôt la lassitude éprouvée lors de ma lecture, à la répétition d’un schéma narratif qui se veut innovant et original au début (des potes vont se suicider ensemble) et qui finit par tourner en rond et par se mordre la queue (arrivés à l’endroit du suicide, les potes trouvent une bonne raison pour rester en vie, et ils repartent sur la route, et ils arrivent, et ils reportent, et ils repartent, et ils arrivent…). Impression que Paasilinna nous prend pour des abrutis et nous fait lire le même passage dix fois de suite.

A la page 165 (alors que le livre compte environ 300 pages), on peut lire :

« En payant la note, le colonel songea avec une pointe de mélancolie que c’était là leur dernier sauté. Ils n’auraient bientôt plus besoin de personne pour leur cuisiner de la viande de renne ou leur cueillir des airelles en guise d’accompagnement. »

Ah, ah, vraiment ? Et quid des 135 pages restantes ? Le lecteur n’est pas dupe, à moins de ne pas savoir compter ou à moins d’avoir l’espoir que Paasilinna ne se réveille avant de nous avoir totalement pris pour des imbéciles.

Passilinna porte un regard tendre et débordant d’humanité sur ses personnages. Oui, et c’est bien mignon, mais de là à les faire ressusciter d’entre les morts, comme nous le montre ce passage… :

« L’ingénieur retraité des ponts et chaussées Jarl Hautala et sa jeune compagne condamnée par la maladie Tarja Haltunen s’accrochèrent à la vie, si surprenant que cela puisse paraître, mois après mois. L’on constata finalement que le cancer de Hautala avait cessé de proliférer et que le HIV de la jeune femme était entré dans une phase de latence. »

Bien sûr, il faut prendre toute cette succession de clichés et d’absurdités au second degré, mais même comme ça, l’histoire continue à rester totalement dénuée d’intérêt.
C’est lourd, grotesque, épuisant. Les dernières pages se lisent en diagonale. De toute façon, on ne comprend plus rien aux personnages (il y en a quarante mille et on ne parle de chacun d’eux que le temps d’une page, le temps de les jeter aux oubliettes sitôt le livre refermé) et on connaît déjà la fin de l’histoire.

Petits suicides entre amis, c’est du Bienvenue chez les Chtits en niveau finlandais. Ni plus, ni moins.

Partager cet article
Repost0
23 mars 2011 3 23 /03 /mars /2011 09:20

http://www.deslivres.com/images/products/image/Meme-les-cow-girls-ont-du-vague-a-l-ame.jpg

 

Résumé :

Sissy hankshaw a été dotée à sa naissance des deux plus longs pouces du monde : elle deviendra donc la plus grande auto-stoppeuse des Etats-Unis. Conduite par ses pouces, Sissy fait des rencontres étonnantes qui transforment sa vie, la Comtesse, magnat des déodorants intimes; Julian Gitche, l'Indien, qui sera un temps son mari, le docteur Robbins, psychiatre farfelu. Et surtout, les cow-girls, qui revendiquent l'égalité avec les hommes sous la conduite de la belle Bonanza Jellybean.

 

 

Cela fait déjà un petit moment que j'ai lu ce livre mais il m’avait laissé une sensation bizarre, alors je l’ai laissé reposer un petit moment et j’y suis retournée récemment, pour le feuilleter à nouveau et relire certains passages intéressants (et Dieu sait s’il y en a dans ce livre !).

Donc, impression un peu floue après la première lecture. Après coup, je me dis que c’est normal : je l’ai lu assez rapidement et il y a une telle quantité d’informations, de péripéties, de digressions et d’ironie à encaisser que le résultat est forcément déstabilisant ! Tom Robbins n’y va pas de main morte avec ses lecteurs. Pas une page où il nous laisse tranquille, où il nous permet de décrocher et de nous permettre de rêvasser un peu paresseusement (j’avoue être une mauvaise lectrice parfois innocent ).
Il y a toujours un développement philosophico-scientifico-politique (et autres mélanges bizarres) sur une théorie jamais entendue jusqu’alors pour nous ramener à la réalité du livre.

Du point de vue de l’originalité et de la personnalité de l’auteur, pas de problème donc ! Je n’ai pas lu ses autres bouquins mais je pense que son style est reconnaissable de loin.
Les métaphores prêtent parfois à sourire, mais elles sont trop nombreuses et alourdissent parfois l’histoire qui, même sans cela, ne pourrait sans doute pas prétendre se lire comme du petit lait Suspect . C’est même parfois un peu lourd, avec l’impression que Tom Robbins veut en faire des tonnes, mais comment le lui reprocher ? Il se rattrape ensuite avec une petite thèse bien tordue tirée d’on-ne-sait-où (son cerveau est maléfique !) qui fait toujours plus ou moins réfléchir, malgré son air de ne pas y toucher…

Petite déception par contre pour le personnage de Sissy qui est étrangement le moins sympathique de tous (alors qu’elle est censée être le centre de l’histoire non ?). Je lui préfère largement le Chinetoque et toute la bande des médecins qui se triturent les méninges pour arriver à comprendre son cas. Mais la pauvre Sissy, à part ses pouces, n’a pas grand-chose pour elle… Impression de rester face au même personnage du début jusqu’à la fin.
Deux pouces disproportionnés ne suffisent pas à faire une héroïne de roman…

Bref, cette seconde lecture à tête reposée m’aura permis d’apprécier davantage l’écriture de Tom Robbins Very Happy. Ce livre mérite que l’on revienne dessus…

Quelques passages que j’ai bien aimés dentsblanches

Une théorie de la loose bien rassurante pour les gens qui connaissent souvent l’échec Razz :

Citation:
« Mais les projets sont une chose et le destin une autre. Lorsqu’ils coïncident, c’est le succès. Mais il ne faut pas tenir le succès pour un absolu. On peut d’ailleurs se demander si le succès est une réaction adéquate à la vie. Le succès élimine autant d’options que l’échec. »



Des descriptions réjouissantes et ravissantes…

Citation:
« Le parquet de danse luisait de bave tandis qu’y boitaient, chancelaient, glissaient et ballottaient les orteils de crabe et les talons de poulet de plus d’une vingtaine d’organismes désaxés, déglingués et bancals, et que dans le rougeoiement des lanternes chinoises faites à la main, palais fendus, bec-de-lièvre, mâchoires décrochées, tics, convulsions, bouches écumantes, yeux égarés, narines dégoulinantes et crânes pointus se trémoussaient sur divers tempos inspirés par un disque de Guy Lombardo et les modèles cinétiques de ceux qui étaient sur la piste. »



Des interventions fréquentes (et toujours pertinentes !) de l’auteur :

Citation:
« L’auteur n’est pas très fixé quant à l’existence ou non de ce qu’on appelle exagération. Notre cerveau nous permet d’utiliser une fraction tellement minuscule de ses ressources qu’en un sens, tout ce que nous ressentons est en réduction. Nous n’employons les drogues, les techniques yogiques et la poésie –et mille autres méthodes plus maladroites encore- que pour nous efforcer de ramener les choses à la normale. »



Tom Robbins et sa vision des livres :

Citation:
« L’auteur n’est pas très fixé quant à l’existence ou non de ce qu’on appelle exagération. Notre cerveau nous permet d’utiliser une fraction tellement minuscule de ses ressources qu’en un sens, tout ce que nous ressentons est en réduction. Nous n’employons les drogues, les techniques yogiques et la poésie –et mille autres méthodes plus maladroites encore- que pour nous efforcer de ramener les choses à la normale. »



Et pour terminer (j’ai gardé le meilleur pour la fin diablotin ), un passage où Robbins s’emballe carrément ! Un peu excessif le bonhomme mais il ce doit être son côté flatteur-gentleman innocent

Citation:
« Le nez qui s’offense des forts parfums du con n’est pas un nez fait pour ce monde, et devrait plutôt renifler de l’or sur les trottoirs récurés du Paradis. Le vagin embaume la vie et l’amour et cætera. O vagin ! Ton encens salé, ta fauve odeur de champignon lunaire, tes profonds relents de miel de crustacé qui se brisent comme des vagues contre l’acier froid de la civilisation ; vagin, fais besogner notre nez dans l’extase, et laisse-nous mourir en respirant les mêmes odeurs qu’à notre naissance ! »



_________________

Partager cet article
Repost0
5 mars 2011 6 05 /03 /mars /2011 19:29

http://idata.over-blog.com/0/21/25/75/wilt_1_tom_sharpe.jpg

 

Le début semble prometteur. J’aime beaucoup les premières phrases du roman :

« Chaque fois qu’Henry promenait son chien ou, pour être plus précis, chaque fois que son chien l’emmenait promener ou, pour être exact, chaque fois que Mrs Wilt leur enjoignait de débarasser le plancher car c’était l’heure de ses exercices de yoga, il suivait invariablement le même chemin. Le chien le prenait docilement, et Wilt suivait le chien. »

Et puis, petit à petit, l’histoire s’enlise dans une suite d’évènements tous plus invraisemblables les uns que les autres. Je n’avais peut-être pas ouvert le bon livre si j’espérais trouver quelque chose qui soit un peu réaliste avec Tom Sharpe mais je ne crois pas qu’un enchaînement de péripéties abracadabrantes constitue quelque chose de passionnant pour le lecteur. A la fin, on finit par s’y habituer et par se lasser parce que l’effet de surprise et d’étonnement ne se produit même plus.

La critique de la société et des manières petit-bourgeois des proches d’Henry fait sourire, mais malheureusement ces réflexions sont trop rares. Je m’attendais à quelque chose d’un peu plus méchant…
J’apprécie toutefois beaucoup ce passage :

« Les Pringsheim et leurs affidés symbolisaient tout ce qu’il avait en horreur. Ils étaient frelatés, superficiels, prétentieux : une bande de clowns dont les excentricités, contrairement aux siennes, n’avaient même pas l’excuse de la naïveté. Ils faisaient non seulement semblant de s’amuser. Ils riaient pour s’entendre rire et faisaient étalage d’un appétit sexuel qui n’avait rien à voir avec un sentiment ou un instinct quelconque et n’était que le fruit sec de leur imagination rabougrie. Copulo ergo sum. Et la Sally Salope qui s’était foutu de lui parce qu’il n’avait pas le courage de ses instincts. Comme si l’instinct consistait à éjaculer dans le corps chimiquement stérilisé d’une femme qu’il avait rencontrée vingt minutes auparavant. Wilt avait réagi tout à fait instinctivement en fuyant devant cette concupiscence faite de goût du pouvoir, d’arrogance et d’un insupportable mépris qui présupposait que ce qu’il était, ce peu de chose qu’il était, ne représentait qu’une extension de son pénis, et que l’expression ultime de ses pensées, de ses sentiments, de ses espoirs et de ses ambitions ne pouvait être atteinte qu’entre les cuisses d’une pute à la mode. Et c’était ça la libération ? »

J’ai un peu peur de continuer avec la suite de la série. Ce premier roman m’avait déjà paru s’étendre dans des longueurs dispensables, je me demande ce que sera la suite…
En revanche, les commentaires que vous avez laissés sur Le Bâtard récalcitrant me font envie… surtout lorsque vous comparez le héros de ce livre à celui de La Conjuration des imbéciles ! :dentsblanches :

Autrement, j’ai entendu parler de films tirés d’adaptations de romans de Tom Sharpe : Wilt ou comment se sortir d’une poupée gonflable et beaucoup d’autres ennuis encore par Michael Tuchner et Sexes faibles de Serge Meynard d’après La route sanglante du jardinier Blott.
Si quelqu’un a déjà vu l’un de ces deux films, je serais curieuse d’entre son avis Razz

Et enfin, puisque l’on parle de Yankee dans Wilt 1, je ne peux m’empêcher de partager avec vous cet aphorisme de E. B. White Razz

Citation:
Pour les étrangers, un Yankee est un Américain.
Pour les Américains, un Yankee est un Nordiste.
Pour les Nordistes, un Yankee est quelqu'un de la côte Est.
Pour ceux de la côte Est, un Yankee est un habitant de la Nouvelle-Angleterre.
Pour ceux de la Nouvelle-Angleterre, un Yankee est un habitant du Vermont.
Et dans le Vermont, un Yankee est quelqu'un qui mange des tartes au petit-déjeuner.


Partager cet article
Repost0