Les 500 anecdotes historiques de ce livre ne sont pas destinées à l’amour de l’histoire mais plutôt à l’amour de la connaissance -considérée comme une discipline soumise à des
obligations de rentabilité, d’efficacité et de longévité. Ainsi, on découvrira avec surprise que l’ouvrage est réalisé par des « auteurs plus pédagogues qu’experts
» (bien que « des spécialistes apportent toutefois leur caution scientifique au contenu ») afin que le lecteur médiocre puisse « mémoriser
les notions de culture générale pour corriger ses lacunes ». Ou comment faire de ces anecdotes historiques un moyen pour l’individu d’augmenter sa capacité à se vendre sur le marché social et
culturel… La connaissance n’est plus considérée comme un plaisir mais entrevue sous l’angle de la compétitivité (« Redonner à ses neurones une autonomie et de vraies
capacités de mémorisation »), de la concision (« les bases nécessaires ») et de la culpabilisation («
Décomplexer le lecteur de ses lacunes »). Il est important de préciser tout ceci car on nous indique encore que la structure du livre a été élaborée afin de permettre au lecteur une
assimilation optimale des anecdotes historiques dont il va se faire le « consommateur ».
Sans être originale, la présentation des informations est en effet claire, aérée et organisée. L’Histoire, comme toujours, est découpée en grandes périodes. Chacune d’entre elles est introduite
par un quizz court de trois questions permettant de situer les prérequis du lecteur, suivi par un rappel des grands faits historiques qui la caractérisent, puis par un florilège de quelques
grandes phrases prononcées par ses personnages marquants ou de citations relevées dans les textes les plus célèbres ou représentatifs de l’époque.
Avez-vous bien tout compris ? Avez-vous retenu quelque chose ou n’êtes-vous qu’une vieille outre percée ? La fin de chaque chapitre propose à nouveau un petit questionnaire de connaissances afin
de permettre au lecteur d’évaluer ses acquisitions. Et ainsi de suite, on file de millénaires en siècles, puis de siècles en années –car le livre ne dépare pas au défaut majeur de la plupart des
ouvrages de vulgarisation historique : le chronocentrisme. Ainsi, si la période de l’Antiquité, qui s’étend sur plusieurs dizaines de siècles, est résumée en seize pages, la période s’étendant de
la Renaissance (16e siècle) à nos jours représente les trois quarts de l’ouvrage. On ne risque donc pas d’apprendre plus que ce que l’on ne savait déjà sur les périodes antiques et médiévales de
l’histoire, mais on a de grandes chances de se voir rappeler ce que l’on savait déjà sur l’histoire de notre civilisation du siècle passé –car, bien sûr, on ne sortira pas non plus d’une vision
occidentale de l’Histoire.
Puisqu’l s’agit, avant tout, de détenir des connaissances utiles, les 500 anecdotes historiques de cet ouvrage sembleront souvent remâchées. Parmi les phrases les plus connues, on
retrouvera le fameux « Un petit pas pour l’homme, un grand pas pour l’humanité », des répliques de film (« Téléphone, maison »), des slogans utilisés à toutes les sauces (« Sous les pavés la
plage ») ou des extraits de livres connus (« L’enfer, c’est les autres »). Chaque citation est replacée dans son contexte, ce qui permet bien souvent à des phrases aujourd’hui vidées de leur sens
de se doter à nouveau d’un semblant d’âme. Même si la plupart de ces anecdotes apparaîtront davantage comme des rappels que comme de véritables découvertes, parmi le vaste florilège proposé des
500 anecdotes, il y aura forcément un peu de place pour l’étonnement et les joutes verbales de qualité :
« Un marchand du nom de maître Jean, fréquemment invité à la table du Roi Louis XI, lui demande un jour des lettres de noblesse que ce dernier lui accorde. Mais une fois anobli, Louis XI ne lui porte plus aucune attention. A maître Jean qui s’en étonne, le Roi répondit : « Monsieur le gentilhomme, quand je vous faisais manger avec moi, je vous regardais comme le premier de votre condition ; aujourd’hui que vous en êtes le dernier, je ferais injure aux autres si je vous honorais de la même faveur. » »
Ainsi, même si l’ouvrage n’a pas été élaboré dans l’intention première d’apprendre de nouvelles choses à son lecteur, il lui permettra quand même de faire une balade culturelle agréable à travers
l’Histoire, reliant chaque période différente par cette caractéristique commune : l’importance du langage et de l’héritage culturel sur la façon dont l’homme façonne son monde.
Anecdote sur l'origine du terme de "lapalissade" :
Citation: |
Lors du siège de Pavie en Italie par François Ier, le Seigneur Jacques de la Palice trouve la mort. En hommage, ses soldats lui dédient une chanson où figurent ces vers : « Hélas, La Palice est mort. Est mort devant Pavie ; Hélas, s’il n’était pas mort, il ferait encore envie. » La phrase a progressivement été déformée par : « Un quart d’heure avant sa mort, il était encore en vie » qui a donné naissance au terme des lapalissades. |
Et les bonnes paroles de Mac-Mahon :
Citation: |
On attribue au troisième Président de la République Française [Mac-Mahon] de nombreux bons mots. « Je vous suis les yeux fermés ! » dit-il à une hôtesse qui l’accueille pour inaugurer une exposition de peinture. « La fièvre typhoïde est une maladie terrible. Ou on en meurt ou en reste idiot. Et je sais de quoi je parle, je l’ai eue. » En 1875, deux ans après son élection à la présidence de la République, la Garonne connaît une crue historique. Arrivé aux alentours de Toulouse et découvrant l’ampleur de l’inondation, Mac-Mahon a cette belle envolée : « Que d’eau, que d’eau ! » |