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9 août 2011 2 09 /08 /août /2011 09:17




Résumé :

Alors que Zlabya s'ennuie au côté de son époux, le rabbin reçoit une caisse contenant un peintre russe voulant parcourir l'Afrique pour retrouver la douzième tribu d'Israël.

Cinquième tome du best-seller de Joann Sfar, Jérusalem d'Afrique est un éblouissant voyage dans une Afrique sublimée, croisement improbable sur plus de 80 pages entre Tintin au Congo et les chefs-d'oeuvre d'Albert Cohen. Et en plus le chat reparle.


Dans ce nouvel album, comme de coutume, le Rabbin et son chat nous ferons voyager, s’enfonçant cette fois au cœur de l’Afrique noire.

Les premières pages nous montrent la vie ralentie du village. Le mariage de Zlabya bat de l’aile, et comme les femmes ne rêvent que d’amour dans la série de Sfar (c’est le seul reproche qu’on peut lui adresser), cette situation devient de plus en plus insoutenable.


Heureusement, l’imprévu ne tarde pas à surgir, et il s’extirpe cette fois d’une caisse commandée par le mari de Zlabya. Celle-ci, censée être remplie de livre, abrite en réalité un étrange russe sorti de nulle part. Pas déboussolé le moins du monde, celui-ci s’intègre à la troupe du rabbin, après avoir trouvé en la personne d’un russe du village le traducteur qui lui faisait défaut. Son but ? Retrouver la douzième tribu d’Israël. Mais il ne sait pas exactement où elle se situe…




Tout cela n’est que prétexte à une nouvelle aventure qui se concentrera essentiellement sur le rabbin, son chat et le nouvel intrigant russe, et autour desquels graviteront de nombreux personnages secondaires tels Monsieur Vastenov, le cheikh Mohammed Sfar, une serveuse et même… Tintin (que Joann Sfar ne semble d’ailleurs pas particulièrement porter dans son cœur)


Tintin, aussi fatigant qu’en réalité…



Au-delà de l’intérêt dramatique des histoires de chacun des albums du Chatd u rabbin, c’est bien sûr le message de Joann Sfar qui m’intéresse. Ici, la réflexion tourne principalement autour de la notion de peuples, mobilisant les cultures, les religions et les concepts qui les animent pour les confronter parfois avec violence. Difficultés à communiquer, envie d’imposer ses croyances, sentiment de supériorité… Les hommes, lorsqu’ils ne vivent qu’à travers leur peuple, ne s’attirent pas la sympathie de Sfar, mais comme son jugement n’est jamais définitivement tranché, certains d’entre eux arrivent à s’extirper du carcan duquel ils sont issus pour transmettre leur propre parole aux étrangers qu’ils croisent sur leur chemin.




Les textes, toujours relevés par l’humour du chat du Rabbin, sont aussi délicieux que dans les albums précédents. D’autant plus qu’après de nombreux tomes de mutisme, notre chat retrouve enfin la parole ! Et il se fait le meilleur médiateur qu’il soit possible d’inventer entre les différents peuples, entre les hommes d’un langage différent.



Le chat du rabbin, messager universel des hommes



Le monde décrit par Sfar dans Le chat du rabbin est loin d’être un monde parfait aux courbes lisses. Les failles surgissent de partout, mais le chat rebondit allègrement pour les éviter. Il dégaine ses réparties comme des perches tendues aux hommes qui auraient chuté. D’un optimisme réconfortant, il prouve encore une fois qu’il a lune force et une vigueur à toutes épreuves.


« Je me frotte contre des paires de bas, profitant des privilèges dus à ma race. Un ongle joliment teint me gratte l’oreille. Merveille que cette sensualité universelle qui nous permet de nous aimer entre espèces différentes. Un chat, des orteils : l’amour. »



« Au contraire de l’amitié entre les hommes, l’amitié entre les peuples n’existe pas. D’ailleurs les peuples sont des inventions de sorciers, de gourous et de menteurs de charme : ils prétendent que les hommes sont les enfants d’une terre, alors qu’il suffit d’ouvrir les yeux pour voir qu’ils poussent dans ders ventres nomades. Les peuples ne sont que des lignes entre les hommes, afin qu’on puisse y cultiver la haine de part et d’autre. »
Philippe Val


- Ca te fait quoi, quand tu peins ?
- Comme toi si tu croques une proie. Tu trouves qu’elle était plus jolie quand elle courait dans le paysage mais c’est plus fort que toi : tu ne peux pas t’empêcher d’y planter les crocs.

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8 août 2011 1 08 /08 /août /2011 09:30




Synopsis :

L'été quand on a 15 ans. Rien à faire si ce n'est regarder le plafond. Elles sont trois : Marie, Anne, Floriane. Dans le secret des vestiaires leurs destins se croisent et le désir surgit. Si les premières fois sont inoubliables c'est parce qu'elles n'ont pas de lois.

Même si les difficultés adolescentes rencontrées par Marie, Anne et Floriane sont violentes, le film de Céline Sciamma en parle avec une douceur et une indifférence qui m’ont littéralement fait baigner avec elles dans l’eau de la piscine qui connaîtra leurs premiers émois.


Les jalousies, les querelles, les déceptions amoureuses, les humiliations sexuelles, la solitude n’ont rien de joyeux, mais tout ceci se déroule dans une apathie ouateuse à l’image de celle qui entoure les personnages. Pas très loquaces, ceux-ci subissent ce qui leur arrive, la plupart du temps sans rechigner. Ils s’en prennent plein la tête mais ça ne les empêche pas de continuer à vivre, parfois ni mieux ni moins bien qu’avant. J’ai trouvé cette indifférence très apaisante. On se laisse porter par des mésaventures réduites au strict minimum. Aucun signe du vécu familial ou scolaire de ces adolescentes. Ce qui est important se situe ailleurs, dans la découverte de nouveaux sentiments qu’il faudra arriver à surmonter ou à accepter. Marie, Anne et Floriane sont vouées à elles-mêmes et se battent sans cesse, à l’image des petits soldats de la natation synchronisées : toujours souriantes, elles ne doivent pas interrompre une seconde leurs efforts pour garder la tête à la surface de l’eau.




Même s’il n’en a jamais l’air, Naissance des pieuvresme semble être un film très difficile et qui n’accorde aucune concession à ses personnages. Sans prétendre à quoi que ce soit, il arrive à communiquer très clairement les tensions qui peuvent survenir à cet âge critique qu’est l’adolescence.




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7 août 2011 7 07 /08 /août /2011 09:19




Résumé :

L'auteur a recueilli les souvenirs d'un survivant de l'Holocauste: son père. Témoignage poignant sur l'extermination des juifs durant la seconde guerre, une bd sans concession traitée sur le mode animalier.

« Des amis ? Tes amis ? Enfermez-vous une semaine dans une seule pièce, sans rien à manger, alors tu verras ce que c’est, les amis ! »

Voici ce que dit Vladeck, rescapé des camps nazis, à son fils seulement âgé de onze ans lorsque celui-ci commence à goûter aux premières bassesses des coalitions humaines lorsqu'elles décident de choisir un bouc-émissaire pour mieux solidifier les liens qui existent entre eux. Art Spiegelman, de nombreuses années plus tard, se souvient encore de cette phrase, et c’est peut-être pour en élucider le mystère, pour mettre la lumière sur une période de son enfance qu’il n’aurait comprise qu’à demi-mot, qu’il décide d’écouter le témoignage de son père sur l’évènement qui l’aura totalement transformé : l’expérience concentrationnaire. Ce témoignage prendra la forme d’une bande dessinée intitulée Maus.


Les rêves prémonitoires existent…


Tout est très sincère dans la démarche de Spiegelman. Il ne cache pas au lecteur qu’il ne se fait que le simple rapporteur des évènements vécus par son père, et il n’oublie pas de nous faire partager toutes les phases de l’élaboration de son livre, qui passent par des rendez-vous parfois houleux avec son père, lorsqu’il n’assiste pas à des scènes conjugales d’une grande violence entre son père et sa nouvelle femme, Mala, rescapée elle aussi des camps nazis.



Il s’agit d’une fatalité : les rescapés semblent ne pouvoir fréquenter personne d’autre que ceux qui ont vécu la même expérience qu’eux, et de ceux qui n’en ont rien connu, ils en retirent rétrospectivement un sentiment de supériorité qui s’exprime souvent par des petites phrases anodines, comme celle du début de l’ouvrage. D’ailleurs, Art Spiegelman nous montre très rapidement que Vladeck n’est pas le héros que l’on croit, doté d’une sagesse distillée peu à peu au contact cruel de la réalité des camps de concentration. Très caractériel et s’emportant parfois plus rapidement que son propre fils, certains aspects de son caractère sont même déconcertants et semblent répondre à une logique hors de propos. D’un côté, l’accumulation de déchets dont il espère pouvoir tirer parti (des morceaux de fil de fer…) ; de l’autre, l’élimination des précieux carnets de la mère d’Art ou de son manteau, pas assez sophistiqué pour faire honneur à sa personne.


Art Spiegelman prend un malin plaisir à révéler les défauts de son père…


Mieux qu’une simple retranscription chronologique des évènements vécus par Vladeck, le fait que ses récits soient entourés des entretiens de lui et de son fils permettent de prendre le recul nécessaire à une lecture rationnelle. Le ton n’est pas dénué d’émotion mais il ne tombe jamais dans le pathétique. On lit le récit de Vladeck comme il se replonge dans ses souvenirs, et ce ton a la force et la cruauté de ce qui fut la réalité d’un homme. En revanche, pas d’angoisse ni d’appréhension particulière pour le sort des personnages. Qu’ils aient échappés ou non au sort qui leur était destiné n’importe plus tellement puisqu’au moment de la lecture, cette grande page de l’Histoire a été tournée. Débarrassée de ce souci, j’ai pu appréhender l’histoire de Vladeck d’un point de vue global. Son récit devient universel.


Dans une abnégation de soi-même nécessaire à la survie, Vladeck se souvient de toutes les ruses déployées par lui et sa famille pour échapper aux rafles, et il les décortique minutieusement sous forme de schémas.


« Oubliez vos préjugés : ces souris-là ont plus à voir avec Kafka ou Orwell qu’avec Tom et Jerry. Ceci est de la vraie littérature. »
4e de couverture


De l’humour malgré tout…


Où l’on comprend toute la subtilité de l’utilisation des faciès animaux et des masques dans Maus…


Peut-être en prélude du tome 2 de Maus, on découvre quelques planches réalisées par Art Spiegelman avant le recueil des récits de son père. Le point de vue totalement subjectif d’un enfant de la Shoah sur l’expérience vécue par ses parents.


« - Mon histoire, par cœur je la connais. Et même moi, ça m’intéresse !
- Ca devrait avoir beaucoup de succès.
- Oui, un jour tu seras célèbre comme… comment il s’appelle ?
- Euh ? « Célèbre commet comment-il-s’apelle ?! »
- Tu sais… le grand dessinateur…
- Quel dessinateur tu peux bien connaître ? Walt Disney ??
- Oui ! Walt Disney ! »
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4 août 2011 4 04 /08 /août /2011 09:41



Métapsychologie est un des textes importants de l’œuvre de Freud. Définissant plusieurs concepts clés tels que l’inconscient, les pulsions, le refoulement, la mélancolie, Freud met en place la psychanalyse, science de l’inconscient, en élaborant une méthode expérimentale fondée sur un procédé d’investigation des manifestations de l’inconscient.
Ce texte est profondément novateur puisqu’il remet en question la définition rationnelle de la conscience telle qu’on la connaît depuis le 18e siècle. Comme le dit un beau commentaire de lecteur sur Babelio :

  "Il faut beaucoup de talent et d'imagination pour inventer la psychanalyse. Il faut simplement la complicité des médias pour devenir Onfray."

 


« Comme nous l’apprend l’investigation psychanalytique, une partie de ces processus latents possède des caractères et des particularités qui nous apparaissent comme étranges et même incroyables et qui vont directement à l’encontre des propriétés de la conscience que nous connaissons. Nous sommes par là fondés à modifier l’inférence que nous avons appliquée à la personne propre ; elle ne prouve pas qu’il y a une seconde conscience en nous, mais qu’il existe des actes psychiques qui sont privés de conscience. »

Il faudra quand même s’armer de courage et de patience pour entrer dans ce texte de Freud. Pas aussi accessible que Psychopathologie de la vie quotidienne, pas aussi parlant et argumenté que Malaise dans la culture, Métapsychologie emploi un langage qui, pour être le plus précis possible, ne cherche pas particulièrement à faire de la vulgarisation. Pour comprendre tous les concepts de Freud, il faudra s’y reprendre à plusieurs reprises, mais quelle satisfaction de se plonger dans les prémisses de son œuvre !

On apprendra par exemples quels sont les fondements de la réalité psychique (dynamique, économique, topique), ainsi que la définition de la première topique (ensuite complétée par la deuxième topique) et que l’on peut résumer par ce schéma :



Freud définit également le principe de réalité, qui désigne la capacité d’ajourner la satisfaction d’une pulsion ; le narcissisme, dont on trouve une version primaire saine et une version secondaire à la base de certains troubles psychologiques chez l’adulte ; les pulsions de vie et de mort, qui peuvent être refoulées et qui peuvent conduire à la formation de substituts ; et les différents stades de la maturation de l’appareil psychologique.

« Si l’on écoute patiemment les multiples plaintes portées par le mélancolique contre lui-même, on ne peut finalement se défendre de l’impression que les plus sévères d’entre elles s’appliquent souvent très mal à sa propre personne, tandis qu’avec de petits modifications elles peuvent être appliquées à une autre personne que le malade aime, a aimé, ou devait aimer. Chaque fois qu’on examine les faits, ils confirment cette supposition. Ainsi on tient en main la clef du tableau clinique lorsqu’on reconnaît que les auto-reproches sont des reproches contre un objet d’amour, qui sont renversés de celui-ci sur le moi propre. »

« Une perception qu’une action peut faire disparaître est reconnue comme extérieure, comme réalité ; si cette action ne change rien, c’est que la perception vient de l’intérieur du corps, elle n’est pas réelle. C’est une chose précieuse pour l’individu de posséder un tel signe distinctif de la réalité, signe qui est en même temps un moyen de se protéger de la réalité, et il voudrait bien être pourvu d’un pouvoir semblable contre ses revendications pulsionnelles souvent inexorables. C’est pour cela qu’il se donne tant de peine pour déplacer à l’extérieur, pour projeter ce qui, venant de l’intérieur, lui devient importun. »


En définitive, il me semble que cet ouvrage est l’un des plus importants de l’œuvre de Freud que j’ai lus jusqu’à présent, puisqu’il est à la base de ses recherches ultérieures et puisqu’il tient à fonder la psychiatrie en tant que science possédant des concepts clairement définis.
Mais pour le côté ludique de Métaphyschologie, on repassera… Les anecdotes croustillantes qui faisaient le régal de certains de ses autres textes sont beaucoup moins présentes dans cet ouvrage, mais cette austérité permet de se concentrer sur les principes essentiels, pour mieux apprécier, ensuite, les tranches de vie que Freud aime rapporter dans ses écrits.

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3 août 2011 3 03 /08 /août /2011 09:27



Synopsis :




Le locataire, après la réalisation par Polanski de Répulsion et de Rosemary’s baby, clôt la trilogie des films horrifiques se déroulant à l’intérieur d’un appartement. Considéré comme le chef d’œuvre du réalisateur, ce film m’a au contraire laissé un sentiment d’inachevé… L’angoisse n’a pas réussi à m’atteindre avec une force égale que celle ressentie devant les deux autres films de la trilogie.


Je crois que ce décalage tient d’abord au personnage joué par Polanski lui-même : Trelkovsky, le petit employé de bureau discret et empoté n’a jamais l’air de se rendre véritablement compte de ce qui lui arrive. Traduisant peut-être son malaise et son incapacité à communiquer avec les autres, je retiens surtout de lui son petit air goguenard qui détruit toute la puissance de certaines scènes qui auraient pu s’avérer, sans cela, très efficaces. Cette ironie, surtout présente dans la première partie du film, m’a d’ailleurs fait croire que Le locataireétait une parodie de film d’angoisse… Finalement, la suite confirmera que tel n’est pas le cas, ce qui laisse une impression d’incohérence dérangeante…
Dommage aussi que les scènes de délire de Trelkovsky soient aussitôt éclaircies et expliquées par le regard d’une personne extérieure. Lorsqu’on réalise que ses voisins ne le traquent pas véritablement jour et nuit et qu’ils ne lui apparaissent qu’en hallucination, le pouvoir de ces visions est beaucoup moins fort.


Dans la trilogie des films horrifiques de Polanski, je classe donc ce Locataireloin derrière Répulsionet Rosemary’s babyqui eux, au moins, ne s’embarrassaient pas d’explications décevantes de la folie de leurs personnages.

Citation:
Trelkovsky, d'origine juive polonaise, travaille dans un service d'archives et se lie difficilement avec ses collègues. Il visite un appartement inoccupé dans un quartier populaire de Paris et la concierge lui apprend que la locataire précédente s'est jetée par la fenêtre quelques jours auparavant. Trelkovsky s'installe dans l'appartement. Mais il est bientôt victime de multiples vexations de la part de ses voisins...
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1 août 2011 1 01 /08 /août /2011 09:28

 



Synopsis :
Citation: Valse avec Bachir est un film autobiographique. Ari Folman, metteur en scène israélien, a rendez-vous en pleine nuit dans un bar avec un ami en proie à des cauchemars récurrents, au cours desquels il se retrouve systématiquement pourchassé par une meute de 26 chiens. 26, exactement le nombre de chiens qu'il a dû tuer au cours de la guerre du Liban, au début des années 80 !
Le lendemain, Ari, pour la première fois, retrouve un souvenir de cette période de sa vie. Une image muette, lancinante : lui-même, jeune soldat, se baigne devant Beyrouth avec deux camarades.
Il éprouve alors un besoin vital de découvrir la vérité à propos de cette fraction d'Histoire et de lui-même et décide, pour y parvenir, d'aller interviewer à travers le monde quelques-uns de ses anciens compagnons d'armes.
Plus Ari s'enfoncera à l'intérieur de sa mémoire, plus les images oubliées referont surface.


Valse avec Bachir est un bijou d’animation qui procure sans cesse délice sur délice à coup d’images surréelles, de couleurs oniriques et de jeux angoissants sur les ombres et les lumières, le tout surplombé par une musique qui correspond toujours habilement à l’image. D’ailleurs, cette musique m’a donné plusieurs fois l’impression de me trouver devant une véritable pièce musicale, rythmée au gré de quelques scènes qui reviennent marteler le cerveau du spectateur à la manière d’un refrain de chanson. Je pense par exemple à la scène des chiens, à la scène de la mer ou à celle dans laquelle on voit Ari tourner au coin d’une rue et croiser la population palestinienne. Ces images fonctionnent aussi de manière subliminale puisqu’elles interviennent parfois sans propos, comme elles peuvent sans doute ressurgir brusquement de la mémoire fragile d’Ari.


Ces procédés prouvent qu’Ari Folman est un maître de la manipulation. A l’aide de ceux-ci, je me suis sentie immédiatement happée dans ce qu’il nous présente comme son monde intérieur. Au bord d’une table, causant avec son ami psychiatre, Ari s’étend sur des considérations psychologiques qui trouvent toujours une explication raisonnable aux yeux du médecin. Pour peu, on oublierait presque que le film traite du massacre de Sabra et Chatila. Nombre de scènes pourraient en effet parfaitement être retranscrites dans le cas de tout autre traumatisme, qu’il soit de guerre, familial, amoureux, peu importe, dans le fond… D’ailleurs, le film ne nous en apprendra pas beaucoup plus sur ce massacre, sur les antécédents de la Palestine et d’Israël qui en ont été la cause, ou sur les conséquences de cet acte de guerre du point de vue des victimes et des pays en eux-mêmes. Le massacre me semble n’être qu’un prétexte à l’exercice d’introspection d’un soldat. Ce n’est pas condamnable puisqu’Ari Folman espère malgré tout faire comprendre aux jeunes l’absurdité de la guerre, mais il s’agit là du but secondaire de cet exercice de mémoire.



Je ne pense pas être la seule à avoir compris le film de cette manière-là. Il suffit de voir l’enthousiasme de l’Europe et des Etats-Unis lorsqu’ils ont remis le Prix du Golden Globe au film alors même que plus loin, la guerre de Gaza continuait sans que personne ne le mentionne, pour se rendre compte du peu d’impact du message politique du film. Mais peut-être suffit-il de savoir éveiller l’empathie pour des personnes qui, au premier abord, n’étaient pas censées la mériter, pour que tout un chacun accède à davantage d’humanité, et donc à une plus grande attention vis-à-vis d’autrui ?

Citation: Quand Valse avec Bachir a remporté le Golden Globe du meilleur film étranger en janvier alors que la machine militaire israélienne se déchaînait contre Gaza, que des crimes de guerre et des atrocités étaient commises par les soldats israéliens, tout que Folman a trouvé à dire c’est : « mon film est contre la guerre et par conséquent - et c’est triste - il sera toujours d’actualité ». Étant donné la dérobade dans le film devant la responsabilité et la mise hors contexte de la narration, cette déclaration est à peine surprenante.
Source : ICI


Quoiqu’il en soit, ce film est une merveille esthétique et psychologique, et on ne peut pas lui reprocher d’avoir voulu se doter d’une qualité supplémentaire –l’engagement politique- alors même que la plupart des autres films se détachent totalement de cette dimension sans s’attirer les foudres de quiconque. Sur ce point, Ari Folman est très clair et explique sans prétention les raisons qui l’ont poussé à réaliser Valse avec Bachir :

"J'ai réalisé Valse avec Bachir du point de vue d'un soldat quelconque, et la conclusion est que la guerre est si incroyablement inutile ! Ca n'a rien à voir avec les films américains. Rien de glamour ou de glorieux. Juste des hommes très jeunes, n'allant nulle part, tirant sur des inconnus, se faisant tirer dessus par des inconnus, qui rentrent chez eux et tentent d'oublier. Parfois ils y arrivent. La plupart du temps, ils n'y arrivent pas."

Et parce que ça fait plaisir de retrouver PIL avec « This is not a love song » :


 


 

 

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31 juillet 2011 7 31 /07 /juillet /2011 09:35



Résumé :




Avant de lire ce livre, Les Beatles m’étaient plutôt étrangers… Certaines de leurs chansons me plaisent mais sont loin de déclencher ma passion. Quant aux autres, je les ai déjà oubliées. Pour ce qui est de John Lennon, le mystère est encore plus grand… Encore plus inconnu pour moi que le groupe auquel il a largement contribué.

Heureusement, avec Foenkinos, les lacunes sur le sujet ne sont pas un problème insurmontable à la lecture. On peut ouvrir Lennon sans rien connaître du personnage, et on peut même se permettre l’hérésie de se lancer dans cette lecture sans jamais avoir écouté une des chansons du groupe (même si c’est toujours un avantage pour comprendre les quelques paragraphes dans lesquels Lennon règle son compte à certaines chansons qui ont fait le succès du groupe –et je pense tout particulièrement à Yesterday) :

« Il y avait toujours un con pour me dire qu’il adorait plus que tout Yesterday. Je ne disais rien, mais bon, j’en ai rien à foutre de cette chanson. Elle est de Paul. Elle est complètement Paul. J’ai dîné tellement de fois ans des restaurants où les musiciens du coin se mettaient à jouer Yesterday pour me faire plaisir. Faut être vraiment con pour croire que ça pourrait me mettre en joie. »

Ici, il est question de musique, bien sûr, mais celle-ci ne se résume pas simplement à la création d’une harmonie de notes et de sons visant uniquement à l’élaboration d’une chanson. Avec toute l’honnêteté que l’on est en droit d’exiger lorsqu’on lit les confessions d’un homme à son psychiatre, on comprend rapidement que la création musicale n’est qu’un moyen pour combler le déficit sentimental accumulé par John depuis son enfance. Le succès, l’admiration, le sentiment d’appartenance à un groupe… quoi de mieux en effet pour pallier momentanément à un sentiment de solitude et d’abandon ?

« Je me sens seul, et c’est de cette solitude-là que tout a découlé. C’est pour ça que les Beatles ont marché. Le socle du groupe, c’est ma solitude. Ma nécessité de vivre avec eux pour survivre. »

Pour autant, Foenkinos ne donne pas à Lennon le ton apitoyé d’un homme qui cherche à régler ses comptes avec son passé en désignant des coupables. On a plutôt l’impression de l’entendre raconter simplement sa vie, uniquement pour lui permettre de réaliser le chemin parcouru depuis son enfance solitaire.
Les anecdotes s’enchaînent les unes après les autres, chaque séance chez le psychiatre s’attardant plus particulièrement sur un évènement bouleversant de son existence : l’enfance chez Mimi, puis le bref retour chez sa mère, l’ennui, la formation du premier groupe, les premiers concerts, la première copine, la folie des Beatles, le coup de foudre avec Yoko Ono, la séparation. La fin, bien sûr, Lennon ne la connaît pas encore, et elle fera simplement l’objet d’un épilogue.
Faut-il croire ou non à toutes les élucubrations de Foenkinos au sujet de la vie de Lennon ? Ou est la part de vérité, ou est la part de digression littéraire ? Même si Foenkinos semble vouer beaucoup d’admiration à Lennon, il ne perd jamais son regard critique et permet au lecteur de réfléchir en même temps que lui. Cette biographie romancée, véritable plaisir de lecture, ne pouvait aller plus directement au cœur de son sujet qu’en plaçant le lecteur dans la peau de son psychiatre. Et le résultat me paraît très réussi.

(Après ça, j’ai essayé de réécouter des albums des Beatles mais la magie n’a malheureusement pas opéré… Je resterai toujours réfractaire il me semble !)

« On était quatre garçons dans le vent, mais c'était un vent glacial. Je criais au secours, et les gens applaudissaient. J'étais une bête apeurée. Je me sentais si fragile, j'avais l'impression que tout le monde allait me fuir. J'avais des visions de gens prenant des trains et des avions pour aller le plus loin possible de moi. J'ai toujours ressenti ça. J'ai chanté si souvent que je ne voulais pas qu'on me laisse tomber. Et même avec vous, je vais essayer d'être drôle, de vous séduire un peu, de faire en sorte que vous m'aimiez pour ne pas foutre le camp. Je sais c'est facile, c'est lié à mes parents. Ils se sont barrés quand j'étais petit. Pas besoin d'une longue séance pour comprendre ma vie, c'est une tentative incessante de prouver au monde que je vaux quelque chose. Mais bon...si mes parents étaient restés, que se serait-il passé? J'aurais peut-être été heureux. Et je serais devenu dentiste. »

Citation:
Après une enfance mouvementée, une plongée précoce dans l'immensecélébrité, la rencontre décisive avec Yoko Ono, des années d'errance et de drogue, John Lennon a décidé d'interrompre sa carrière en 1975, à l'âge de 35 ans, pour s'occuper de son fils Sean. Pendant cinq années, à New York, il n'a pas sorti d'album, s'est retiré de la vie médiatique, et a profité des plaisirs simples. C'est pendant cette période qu'il a pris le temps de réfléchir à la folie de son parcours.

Ainsi, les séances qui suivent, pendant lesquelles Lennon se raconte à son psy, se sont déroulées entre le 21 septembre 1975 et le 7 décembre 1980, veille de son assassinat par un déséquilibré. Sous forme de monologues, David Foenkinos s'empare du symbole universel qu'incarne le créateur des Beatles pour livrer au lecteur un portrait intime de l'artiste.
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29 juillet 2011 5 29 /07 /juillet /2011 09:36




Résumé éditeur :

 


Ce livre, c’est avant toute autre chose une révélation sur les années 70 en Grande-Bretagne. Comme qui dirait :

« On a tendance à oublier à quoi ressemblaient vraiment les années soixante-dix. On se souvient des cols pelle à tarte et du glam rock, on évoque, avec des larmes dans les voix, les Monty Python et les émissions pour enfants, mais on refoule toute la sinistre étrangeté de cette période, tous ces trucs bizarres qui se passaient tout le temps. On se rappelle le pouvoir qu’avaient les syndicats à l’époque, mais on oublie comment réagissaient les gens : tous ces tordus militaristes qui parlaient de mettre sur le pied des armées privées pour rétablir l’ordre et protéger la propriété quand la loi ne serait plus en mesure de le faire. On oublie l’arrivée des réfugiés indiens d’Ouganda à Heathrow en 1972, qui avait fait dire que Powell avait raison, à la fin des années soixante, de prophétiser un bain de sang ; on oublie à quel point sa rhétorique devait résonner pendant toute la décennie, jusqu’à cette remarque qu’un Eric Clapton ivre mort fit sur scène en 1976 au Birmingham Odeon. On oublie à l’époque, le National Front apparaissait comme une force avec laquelle il allait falloir compter.»

Et à partir de là, sur cinq cents pages, Jonathan Coe nous parle le plus simplement du monde de la vie d’une bandes d’adolescents et de leurs familles dont les destinées personnelles auront plusieurs fois l’occasion de se croiser et de se recouper, dans un beau fouillis propre à déclencher des drames alléchants pour le lecteur.

Le ton alterne souvent entre la légèreté des préoccupations de ces adolescents et la réalité pas toujours rose de la Grande-Bretagne des années 70, entre premiers émois amoureux, attentats de l’IRA (les deux se mêlant parfois allègrement), concerts de rocks, syndicats et humiliations au collège, la vie est chargée. Heureusement, Jonathan Coe ne nous enfonce jamais dans des considérations trop longtemps accablantes ou trop souvent frivoles. L’un et l’autre alternent allègrement, et se croisent souvent au sein du même paragraphe, par exemple lorsqu’un article satyrique du journal du collège n’hésite pas à s’emparer du racisme contre les irlandais pour noircir des pages :

« Il y avait fort longtemps que nous soupçonnions notre voisin, M. O’Reilly, d’être, puisqu’il faut appeler les choses par leur nom, irlandais. Nous n’en avions pas de preuves concrètes, mais plusieurs indices –son nom, la couleur (vert émeraude) qu’il avait choisie pour sa voiture, l’habitude qu’il avait de siffloter « Danny Boy » en tondant le gazon –semblaient confirmer sans doute possible qu’il avait du sang irlandais. Il ne fallut que quelques heures à Gladys pour disposer devant chez lui un piège à loup rudimentaire puis, tandis qu’il pendouillait lamentablement par la cheville gauche au réverbère le plus proche, pour le ligoter solidement et le transporter à l’étage, hurlant et gesticulant, jusqu’au placard à provisions, où il est toujours enfermé. Ca fera toujours un bouffeur de patates en moins à souiller les rues de notre belle ville ! »

Impossible de s’ennuyer à la lecture des aventures des personnages de ce livre. Même s’ils sont nombreux, leur personnalité est facilement identifiable et la mémorisation des particularités de chacun se réalise aisément.
Les différentes formes de narration alternent souvent, que ce soit au niveau du point de vue du personnage ou au niveau de la forme, n’hésitant pas à intégrer des pages de journal intime, des lettres d’amour ou des articles de journal scolaire. Jonathan Coe, talentueux dans le dédoublement de personnalités, donne une voix à chacun de ses personnages et, le plus naturellement possible, change de ton autant de fois qu’il est possible pour aborder une même thématique.

Finalement, se fondant à merveille dans l’esprit de ses personnages un peu frivoles des années 70, le seul reproche que je pourrais adresser à ce Bienvenue au club serait le souvenir tiède qu’il a laissé dans ma mémoire. Les évènements, traités sur le même pied d’égalité et sur un ton plutôt anodin, ne marquent pas au fer rouge, et après avoir refermé le livre, je n’en garde qu’une impression vaguement favorable, qui ne me donnera pas spécialement envie de revenir dessus une seconde fois. Finalement, la légèreté est une bonne chose pour le lecteur, mais pas forcément pour l’auteur…

« Il visait à produire quelque chose qui soit simple mais vibrant, austère mais fervent, le parfait antidote, espérait-il, aux divers excès contre lesquels il s’imaginait se rebeller, à savoir d’un côté les prétentions symphoniques ridicules des musiciens de rock progressif, les héros de Philip, et d’autre part le dynamisme néocromagnon du punk que Douglas commençait tout juste à découvrir en essayant d’y convertir ses amis horrifiés. Tracer un sentier créatif complètement différent, moins entre ces deux courants que sur une lande solitaire et sauvage qui n’appartiendrait qu’à lui, paraissait à Benjamin une tâche noble et romantique. »

Citation:
Trotter, Harding et Chase ont environ 15 ans et font leurs études à l'école de Birmingham. Nous sommes dans les années 1970, une période reculée où l'on n'avait pas encore de portables, où l'informatique ne régnait pas encore en maître et où les syndicats, depuis longtemps puissants, osaient parler haut et fort. C'était avant l'avènement de Mrs Thatcher. La vie de ces adolescents est riche en aventures, en espoirs et en déceptions. Ils lancent un journal, tombent amoureux, montent un orchestre de rock, se jalousent et se détestent, s'interrogent sur leurs aînés. Les parents ont d'autres préoccupations : la violence, le terrorisme de l'IRA, les grèves à l'usine de British Leyland où travaillent les pères, l'agitation sociale... Tout ce climat se reflète dans les existences des quatre jeunes héros.
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27 juillet 2011 3 27 /07 /juillet /2011 10:24



Synopsis:




J’ai regardé Black Swanimmédiatement après avoir vu un documentaire critique sur les émissions de téléréalité intitulé Le temps de cerveau disponible. Quel rapport ? Eh bien, ce documentaire décortiquait les mécanismes des émissions de téléréalité pour révéler au spectateur que ce qui le scotchait à l’écran tenait en l’affrontement des pulsions de vie et des pulsions de morts qui constituent la base de ce genre de programme. C’est avec cette idée en tête que je me suis lancée dans Black swan, et j’ai eu l’impression dérangeante de retrouver ce même genre de mécanisme au sein de ce film.
D’un côté, la pulsion de mort qui envahit sans cesse Nina, jeune danseuse névrosée qui maltraite son corps au sang, qui le mutile et qui s’acharne à s’enfermer dans un comportement autodestructeur aussi jubilatoire pour le spectateur qu’il semble douloureux pour la jeune fille. De l’autre côté, Thomas, le chorégraphe, représentant de la pulsion de vie et de ses penchants chaud-lapin, ardent à connaître ses ballerines dans les moindres recoins de leur corps. Du même côté, on retrouve également la rivale de Nina, belle sauvageonne qui la poussera une fois à se dépasser, avant de vite l’achever de nouveau. Toujours dans l’extrême, jamais dans le tempéré.
Et c’est avec l’impression que Darren Aronofksy voulait jouer avec les penchants les plus bestiaux de ses spectateurs que j’ai regardé Black swan. Mais l’impression d’être prise pour une amatrice de sordide à coup d’ongles arrachés, de peau gratouillée, de sang qui coule et de parties de jambes en l’air avec Tome t Jerry (quelle blague douteuse !) m’a un peu dérangée. Sans parler de la psychiatrie de comptoir qui surgit, essentiellement au début du film, pour accentuer le côté castrateur de la mère au point que le spectateur pourrait vite faire l’amalgame amour étouffant de la maman / problème de la fillette avec les garçons, ce qui est un peu réducteur mais ce qui pourrait constituer un bon résumé de bouquin de psychologie.


Hormis ces aspects qui, finalement, même s’ils nuisent à la crédibilité du film, ne nuisent pas à sa beauté esthétique, il faut avouer que Black swanne lésine pas du côté grand spectacle. Les ballerines, la musique, les lumières, les décors, les costumes : tout est à ravir. Du miel pour les yeux ! C’est bon, c’est doux, ça dégouline de beauté et d’harmonie, et les déchaînements de Nina sont autant d’emportements qui transforment la douce mélodie du départ en un maelström de notes déchainées qui emballent le spectateur à la vitesse de ses pas de danse.



Je n’ai pas cherché à savoir si ce que vivait Nina dans la dernière partie du film était réel, fantasmé ou signe de sa psychose. Le mystère règne et renforce la beauté magique du film. Quelle tristesse de résumer Black swanà une tentative de compréhension du monde des schizophrènes. La réalité est triste, laissons-la pour la fin du film, et profitons de Nina transformée en démon.
Citation:
Rivalités dans la troupe du New York City Ballet. Nina est prête à tout pour obtenir le rôle principal du Lac des cygnes que dirige l’ambigu Thomas. Mais elle se trouve bientôt confrontée à la belle et sensuelle nouvelle recrue, Lily...
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25 juillet 2011 1 25 /07 /juillet /2011 09:29




Présentation de l’éditeur :


 


Tout commence ici, en Afrique. Le contraste entre les innocents et les coupables s'affiche d'emblée...



Sortez-moi de ma torpeur ! Voilà un bouquin qui m’aura plongée dans une léthargie bien désagréable… Je me demande encore quel miracle a permis à cet album d’être auréolé du prix du Festival d’Angoulême 2010… Faut-il être passionné de polar pour apprécier Fais péter les basses, Bruno !(même le titre est ridicule) ? Ce n’est pas mon cas, ce qui expliquerait peut-être mon manque d’enthousiasme à la lecture, mais j’imaginais qu’un Prix d’Angoulême saurait faire apprécier tous les genres à n’importe quel type de lecteur. Soyons fous : j’espérais même que cette lecture m’ouvrirait un peu l’esprit et me donnerait envie de lire un peu plus de polars. C’est raté. M’en voici dégoûtée comme jamais.


Que de suspens !



Les personnages sont emmerdants à force d’être archétypaux. On nous balance du Slimane africain, Dieu du foot qui espère faire carrière en France mais qui se retrouve embrigadé dans les troupes d’éboueurs de la ville de Paris, on nous balance du Zizou, petit voyou des quartiers de banlieue, et des vieux roublards grisonnants qui aiment se pinter au bistrot du coin entre deux échanges de mallettes remplies de billets. Ben, oui, c’est sympa, ça fait réaliste et France profonde. Baru sort l’épée pour dénoncer les injustices et la misère de notre pays, tout en veillant à conserver le grain de sel destructeur du banditisme pour procurer à son lecteur une tension dramatique qui s’achèvera, bien heureusement, par le rétablissement de la justice : les bons sont graciés, les mauvais sont punis.


De rebondissements en rebondissements...



Le dessin non plus n’est pas remarquable. Les personnages sont laids et leur figure reste souvent figée dans une expression qui est particulière à chacun et dont ils ne se départiront plus jusqu’à la fin. Les couleurs sont moroses, baignant dans un ensemble gris/caca d’oie et l’ambiance qui résulte du trait grossier, qui rappelle celui des séries de BDs pour enfants, ne colle pas tellement à l’histoire. Question d’originalité peut-être, mais j’aurais préféré que l’originalité vienne investir d’autres domaines plus profitables de cet album ennuyeux.


Et ils tirent la même tronche du début jusqu'à la fin...
Citation:

L’histoire commence dans un petit village africain. Ousmane Traoré, célèbre footballeur de passage au pays, repère un gamin doué d’un talent exceptionnel balle au pied. Le gamin s’appelle Slimane. Ousmane lui prédit un bel avenir sur les terrains de fouteballe, mais à une condition : qu’il accepte de faire le voyage en Europe. Et voilà comment Slimane se retrouve planqué dans la soute d’un avion, avant de sauter à terre à l’atterrissage et de se mettre à courir pour échapper aux flics. Il court, court, court sans s’arrêter, sur les voies du périph, à travers champs, il court à s’en faire péter le coeur. Et il devient... travailleur clandestin pour de basses et rudes besognes. Pendant ce temps-là, Zizou sort de prison. Zizou ? Non, pas le Zinedine Zidane adulé des foules. Un autre Zinedine, lascar de banlieue coupable de quelques peccadilles. A peine dehors, il s’empresse de régler les affaires courantes : renouveler sa garde-robe et dessouder celui qu’il accuse de l’avoir fait coffrer. Ensuite, il décide de se consacrer à son grand projet : mettre la main sur un fourgon de la Brinks et ses 7 ou 8 millions, sans escorte, car à Noel ils sont en manque de personnel. Son coup ultime, « pour finir peinard, en attendant le cimetière, comme une retraite, quoi ».

Le problème, c’est que Zizou a autant de cervelle que de scrupules. Pour réussir son coup, il a besoin d’aide...
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