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5 mars 2011 6 05 /03 /mars /2011 19:08

http://www.librairiepantoute.com/img/couvertures_300/malaise-dans-la-culture-10.jpg


Considéré comme étant l'un des livres les plus pessimistes de Freud, cette raison s'explique souvent par le fait que Freud souffrait alors horriblement de son cancer à la mâchoire qui nécessita une trentaine d'opérations, pour aboutir au résultat que l'on connaît...

Pourtant, Freud n'est pas totalement pessimiste. Il est conscient des bienfaits que la culture apporte aux hommes, même si le prix à payer est relativement élevé. Elle représenterait un frein à la réalisation du but ultime de tout homme : accéder au bonheur. Pour contrer cette difficulté, Freud énumère trois types de réactions :

Citation:


La vie telle qu’elle nous est imposée est trop
lourde pour nous, elle nous apporte trop de douleurs, de déceptions, de tâches
insurmontables. Pour la supporter, nous ne pouvons nous passer de moyens
palliatifs […]. De tels moyens, il en est peut-être de trois sortes : de
puissances diversions qui nous font mépriser notre misère, des satisfactions de
substitution qui la réduisent, des stupéfiants qui nous y rendent
insensibles.



Freud redonne aux activités culturelles leur véritable valeur. L'art, la recherche ne constitueraient plus des spéculations purement intellectuelles mais ne seraient que le rebut des pulsions sexuelles des hommes passées à travers le filet de la sublimation :

Citation:


Une autre technique de défense contre la
souffrance se sert des déplacements de libido que permet l’appareil de l’âme,
par lesquels sa fonction gagne tant en souplesse. La tâche à accomplir consiste
à placer autre part les buts pulsionnels, de telle sorte qu’ils ne puissent
être atteints par les frustrations du monde extérieur. La sublimation des
pulsions prête ici son secours. C’est lorsqu’on s’entend à élever suffisamment
le gain de plaisir issu des sources du travail psychique et intellectuel, que
l’on obtient le plus.



Freud identifie également le surmoi, qu'il décrit de cette façon :

Citation:


L’agression est introjectée, intériorisée, mais
renvoyée à vrai dire là d’où elle est venue, c’est-à-dire retournée contre
notre propre moi. Elle y est prise en charge par une partie du moi, le surmoi,
qui s’oppose au reste et exerce en tant que « conscience morale » la
même sévère agressivité contre le moi que celle que le moi aurait volontiers
satisfaite sur d’autres individus étrangers. La tension entre le sévère surmoi
et le moi qui lui est soumis, nous la nommons conscience de culpabilité ;
elle se manifeste comme besoin de punition.



Citation:


Le surmoi est une instance déduite par nous, la
conscience morale une fonction que nous lui attribuons parmi d’autres, qui doit
surveiller et juger les actions et les intentions du moi, et qui exerce une
activité de censure. Le sentiment de culpabilité, la dureté du surmoi, sont
donc la même chose que la sévérité de la conscience morale, il est la
perception impartie au moi d’être ainsi surveillé, l’évaluation de la tension
entre ses aspirations et les exigences du surmoi, et la peur de cette instance
critique, peur qui est au fondement de toute la relation ; le besoin de
punition est une manifestation pulsionnelle du moi devenu masochiste sous
l’influence du surmoi devenu sadique, c’est-à-dire qu’il utilise une part de la
pulsion présente en lui, de destruction interne pour en faire une liaison
érotique au surmoi.



Pour Freud, la mise en place d'un tel instrument est une source de grand malheur chez les hommes, faisant naître en eux ce qu'il nomme le sentiment de culpabilité :

Citation:


Ici, le renoncement pulsionnel n’aide pas
suffisamment, car le désir demeure et ne saurait se dissimuler devant le
surmoi. Un sentiment de culpabilité surviendra malgré le succès du renoncement,
et ceci est un grand inconvénient économique de l’instauration du surmoi, ou
pour le dire autrement, de la formation de la conscience morale. Désormais, le
renoncement pulsionnel n’a plus un plein effet libérateur, l’abstinence
vertueuse n’est plus récompensée par l’assurance de l’amour ; contre un
malheur extérieur menaçant –perte d’amour ou punition de la part de l’autorité
extérieure- on a échangé un malheur intérieur permanent, la tension de la
conscience et de la culpabilité.



Incapable de répondre complètement aux normes exigées par la culture, l'homme devient névrosé. De grandes psychoses collectives s'établissent en parallèle. Ainsi Freud désigne-t-il la religion :

Citation:


Mais on affirme que chacun de nous, sur un point
ou un autre, se comporte comme le paranoïaque, corrige par une formation de
désir un aspect du monde qui lui est intolérable, et inscrit ce délire dans la
réalité. Il est un cas qui revêt une importance particulière, lorsqu’un assez
grand nombre d’hommes font ensemble la tentative de s’assurer du bonheur et de
se protéger contre la souffrance par une reconfiguration délirante de la
réalité. C’est comme un tel délire de masse que nous devons aussi caractériser
les religions de l’humanité. Naturellement, on ne reconnaît jamais le délire
quand on y participe.



Citation:


La religion compromet ce jeu du choix et de
l’adaptation en ce qu’elle impose à tous la même manière d’acquérir le bonheur
et de se protéger contre la souffrance. Sa technique consiste à rabaisser la
valeur de la vie et à déformer de façon délirante l’image du monde réel, ce qui
présuppose d’intimider l’intelligence. A ce prix, à travers la fixation
violente d’un infantilisme psychique et l’intégration à un délire de masse, la
religion parvient à épargner à un grand nombre d’hommes la névrose
individuelle.



Plus loin, Freud décrit l'enjeu de la culture:

Citation:


Et je pense que désormais, le sens du
développement de la culture n’est plus obscur pour nous. Il doit nous montrer
le combat entre Eros et la mort, entre la pulsion de vie et la pulsion de
destruction, tel qu’il s’accomplit dans l’espèce humaine.



Il décrit les regroupements exigés par la culture et révèle ce qui lui semblent être les véritables motivations des communautés telles que la famille :

Citation:


La fondation d’une famille était probablement en
corrélation avec le fait que le besoin de satisfaction génitale ne survenait
plus comme un hôte qui apparaît soudain chez quelqu’un et ne donne après son
départ plus de nouvelles pendant longtemps, mais comme un locataire
s’installant à demeure chez l’individu. Par là, le mâle trouvait un motif pour
garder auprès de lui la femme –ou plus généralement, les objets sexuels ;
les femelles, qui ne voulaient pas se séparer de leurs petits sans elles privés
de secours, durent aussi, dans l’intérêt de ceux-ci, demeurer auprès du mâle,
plus fort.





Faisant
preuve d’une grande lucidité, il remet en place les idéaux formés par la
culture et redonne aux grandes vertus leur véritable valeur en mettant à jour
les motivations réelles qui sont mises en jeu
:

Citation:


L’éthique dite « naturelle » n’a ici
rien à offrir si ce n’est la satisfaction narcissique de pouvoir se considérer
meilleur que les autres. L’éthique qui s’appuie sur la religion fait intervenir
ici ses promesses d’un Au-delà meilleur, je pense qu’aussi longtemps que la
vertu ne sera pas déjà récompensée sur terre, l’éthique prêchera en vain.



Freud est conscient du fait que son livre n'est pas réconfortant, mais bien loin de s'en excuser, il se donne raison et affirme :

Citation:


Aussi le courage me manque-t-il pour m’élever en
prophète devant mes semblables, et je m’incline devant le reproche qu’ils me
feront de ne savoir pas leur apporter du réconfort, car au fond, c’est ce
qu’ils réclament tous, les révolutionnaires les plus sauvages avec non moins de
passion que les croyants les plus pieux et les plus paisibles.
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5 mars 2011 6 05 /03 /mars /2011 17:46



Mes premières impressions lorsque j’entends parler de ce livre…
Pour tout dire, pas grand-chose… Il est « sympa », parce qu’il se lit sans déplaisir mais qu’il ne restera certainement pas gravé longtemps dans mes souvenirs des meilleurs livres qui sont passés entre mes mains.

Comme je suis gentille, je commence par certaines qualités indéniables de ce bouquin. A commencer par les descriptions des lieux que je trouve très inventives Razz :

Citation:
Nous habitions Point Dume, une langue de terre qui avançait dans la mer comme un sein dans un film porno, au nord du croissant de la baie de Santa Monica. Point Dume est une sorte de lotissement dépourvu d’éclairage municipal, une excroissance suburbaine chaotique couverte d’un réseau si dense de rues tortueuses et d’impasses que, j’avais beau y habiter depuis vingt ans, je m’y perdais encore dès qu’il pleuvait ou qu’il y avait du brouillard, et j’errais souvent à l’aveuglette dans les rues situées à moins de deux blocs de chez moi.


On trouve aussi des pointes d’humour noir qui enthousiasment au début, et puis, à force de les voir se répéter sans cesse, sans que le fond de leur propos n’évolue réellement, on finit par sourire, puis par passer outre sans même les remarquer encore. Dommage, le soufflé retombe vite :

Citation:
Elle était pourtant adorable, mon Harriet : vingt-cinq ans qu’elle tenait le coup à mes côtés ; elle m’avait donné trois fils et une fille, dont j’aurais joyeusement échangé n’importe lequel, voire les quatre, contre une Porsche neuve, ou même une MG GT ’70.


(Marrant au début, et puis au bout de la 15e lecture du même genre d’opinion, ça commence à devenir un peu lourd quand même non ?)

L’idée du chien comme représentant animal de l’auteur est sympa (encore une fois j’utilise ce mot pour marquer le peu d’enthousiasme ou de déception que m’a procuré ce livre). L’idée donne lieu à des passages mémorables :

Citation:
Il était un chien, pas un homme, un simple animal qui en temps voulu deviendrait mon ami, emplirait mon esprit de fierté, de drôlerie et d’absurdités. Il était plus proche de Dieu que je ne le serais jamais, il ne savait ni lire ni écrire, et cela aussi était une bonne chose. C’était un misfit et j’étais un misfit. J’allais me battre et perdre ; lui se battrait et gagnerait. Les grands danois hautains, les bergers allemands arrogants, il leur flanquerait une bonne dérouillée, il en profiterait même pour les baiser, et moi je prendrai mon pied.


Et tout le reste du livre suit le schéma évoqué par ce passage… Stupide prend de l’ampleur dans le foyer, triomphe des autres toutous du voisinage, pendant que Henry se traîne la patte dans son foyer en désintégration, de plus en plus seul et perdu (la fin est assez tragique et pas décevante, comme beaucoup le trouvent pourtant).


Spoiler:
 


Isidore Ducasse a écrit:
Au final, j'ai aimé. L'idée de centrer le livre sur un animal, à mon avis, rehausse bien cette sensation sous-latente de vide dans la vie du personnage, son manque, sa douleur d'être passé à côté de quelque chose. Quand on préfère son chien à ses enfants, c'est qu'il y a un problème. Le personnage n'est pas réellement attachant, mais on le comprend facilement, et il est tout de même touchant.


N’empêche, c’est vrai qu’il n’avait pas une vie facile ce pauvre Henry… Mais si c’est pour notre plaisir ! dentsblanches

Et enfin, une phrase culte pour conclure :

Citation:
L’herbe élargit la conscience des cerveaux ratatinés. Tu en as besoin parce que tu es un crétin.

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5 mars 2011 6 05 /03 /mars /2011 15:41
Casse-Pipe (1949) de Louis-Ferdinand Céline




Résumé :
Citation:
Ce roman inachevé retrace le rude apprentissage de la condition militaire par un jeune engagé, avant la Première Guerre mondiale.


Hum… Pas très parlant ce résumé… J’ai trouvé mieux :

Citation:
C'est là le manifeste antimilitariste de Louis Ferdinand, conséquence d'un réel engagement le 28 septembre 1912 dans le douzième régiment (qui devient le dix-septième dans Casse-pipe) décrit avec désespoir dans le Carnet du cuirassier Destouches. Ce carnet incomplet recense des pensées sur l'armée, les comportements des soldats, son incompréhension de la hiérarchie et son désir de désertion qui se ressentiront dans Casse-pipe.

Source : link

A noter que les notes du Carnet du cuirassier Destouches ont été écrites en 1913 à l’âge de 17 ans.

Avec ce texte, on est vraiment confronté au style de Céline dans tout ce qu’il a de plus inimitable. C’est truffé d’une ponctuation expression, d’interjections, d’onomatopées, de cris… A en devenir parfois un peu incompréhensible, il faut bien l’avouer…
Voyage au bout de la nuit était dans ce sens beaucoup plus abordable et même s’il préservait le style propre à Céline, il ne constituait pas non plus une limite à sa compréhension, ce qui est le cas dans Casse-Pipe. L’histoire se traîne un peu en longueur… Casse-Pipe, un roman inachevé ? La question que je me suis posée, en l’ayant terminé, était la suivante : si Céline en avait terminé la rédaction, combien de pages aurait-il fait ? Je pense que ç’aurait été un monstre :suspect :

Bon, mis à part ça, le style, l’expression, le rythme, sont toujours aussi délectables. D’autres le disent bien mieux que moi :

Citation:
Il nous brosse un tableau brut, une véritable "croûte" : point de description construite ici ; les personnages, les lieux, les actions, tout est entr’aperçu au travers de ces cris quasi incompréhensibles pour qui n'est pas familier de l'écriture de Céline ; cris bestiaux teintés de haine, de peur et de paresse.

Source : link

Mais surtout, chapeau le rythme ! Certaines tirades pourraient presque être mises en chanson :

« Y a des malheureux partout, mais la façon la plus pire c’est de briffer gros comme ça la fouasse pour un sou par jour !... Que je dis ! Que je cause ! Bonjour ! Au revoir, monsieur l’Hôpital ! Et chiez donc, bonnes sœurs ! Pauvres de nous ! Bêtes maudites ! Vivement la guerre qu’on se tue ! Pauvres de nous ! Bêtes à mitraille ! Ecole à feu ! Il a bien de muter, l’infect doublard ! Orfize de mon cœur ! Je l’encadrais ! Je lui faisais la cravate des dimanches avec son boyau ! et voilà ! Parole d’ancien !... »

Et le vocabulaire est délectable aussi… Razz Entre les ramponneaux qui glaviotent avant d’entrer dans leur canfouine et les gandins qui poulopent dès lors qu’il se met à lansquiner un peu, vous n’aurez pas fini d’en apprendre du beau de l’argot !

« C’est la mer furieuse sens dessus dessous, la tempête à sauve qui peut… Tous les raccrochés par les poils, en bas dans la sciure, caracoleux, les nuages du pétrin plein la vue, jusqu’à l’instant où tout désossé, s’arrache, disloque, propage à dame, s’épanouit ! Bonhomme ! Sanfrusquin ! Pigeon vole ! Bascule ! Vidés ! labourent fendus ! Au ventrail hurlent ! A folles embardées, arrachent encore ! Ravinent à mort plein les sabots ! Epouvantable spectacle ! »

Et les descriptions, toujours aussi sordides dans leur description d’une réalité qui tâche :

« Le brigadier Le Meheu il était martyr des furoncles. Toujours un autre qui lui perçait. Ca lui mettait du pus partout. Au pied à terre, à la manœuvre, pour décoller sa culotte, il poussait des gueulements horribles. Il se montrait plus au major, il s’entaillait tout ça lui-même, franchement, à plein lard, au couteau. Pflac ! Il en avait eu des centaines de furoncles, un peu partout. Il se pansait avec de la paille, du cerfeuil et de l’ail. Jamais lui des cataplasmes, des cochonneries à la bouse, il en voulait pas, rien que du végétal, il en était fier. C’était toute une cérémonie la confection des emplâtres. »

Bref, ce petit Casse-Pipe est à réserver pour ceux qui se délectent du style de Céline. Sinon, mieux vaut passer son chemin.
A savoir, il existe une adaptation illustrée de ce roman effectuée par Jacques Tardi.




Citation:
De cette transposition du vécu en mots, Jacques Tardi a fait à son tour une transposition visuelle, avec la même fidélité à la sensibilité célinienne dont il avait déjà fait preuve dans son travail d’illustration de Voyage au bout de la nuit. Les dessins en noir et blanc, les nuances de gris de Tardi, collent parfaitement à la noirceur, le désespoir, mais aussi l’humour qui hantent les personnages du roman. En découle une œuvre à part entière qui n’est pas seulement
une illustration mais surtout une variation en images. Du grand art !


Source : link
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5 mars 2011 6 05 /03 /mars /2011 13:28
Fritz Haber Tome 3 : Un vautour, c’est déjà presque un aigle… (2010) de David Vandermeulen



Résumé :

Citation:
« 1915 fut pour Fritz Haber une année fatidique, lorsque le 22 avril il lança son ordre de lâcher la première attaque aux gaz sur le front belge. 1915 fut aussi pour ses amis et "coreligionnaires" comme Einstein, Walter Rathenau ou encore Haim Weizmann, l'année de toutes les contradictions. Empêtrée dans le plus terrible des conflits internationaux, embrumée dans les miasmes d'une idéologie nationaliste ainsi que par un antisémitisme nouvellement exacerbé, la diaspora juive occidentale se voit contrainte de se remettre en question face à une Allemagne et une Europe mues par un romantisme frelaté.

Malgré leur profond sentiment d'appartenance à la nation allemande, Haber ainsi que les grandes figures intellectuelles juives qu'il fréquentait furent, lors des premiers signes d'enlisement du conflit, assimilés à une ploutocratie cosmopolite antinationale ne songeant qu'au profit. Ce troisième tome s'attarde sur cette funeste année 1915, où un certain esprit allemand voyait l'héroïsme de ses aigles corrompu par des vautours entraînant la patrie vers sa perte. »



Je ne sais pas du tout si cela porte préjudice à la lecture de cet album mais j’ai découvert la série Fritz Haber avec ce tome, troisième du nom…
Je n’ai pas senti de manque particulier. A mon avis, la lecture peut se faire indépendamment de celle des précédents tomes, même si je pense que les deux précédents épisodes permettent une meilleure compréhension de ce troisième.
Malgré tout, j’ai bien ressenti le manque de Wikipédia à portée de main lors de cette lecture… :face : (site que j’ai dû consulter a posteriori lorsque j’avais l’occasion de descendre dans la salle wifi… :humeur : ) Beaucoup de notions historiques sont nécessaires pour comprendre toutes les références faites dans les dialogues entre les personnages… La lecture de cet album est une lecture exigeante. Elle demande des prérequis ou des recherches, histoire de comprendre ce qu’est le mouvement völkisch, l’Organisation Consul, la BASF, ou qui sont Romain Rolland, Walter Rathenau ou encore Adolf Roth…
Bref, pas de BD-divertissement dans ce Fritz Haber mais plutôt de la BD-documentaire. Le style lui aussi se veut sobre et à l’image des années évoquées… Ambiance sépia et cinéma muet, sans phylactères mais avec des textes rapportés en bas des cases ou dans des cases à part, à la manière des titrages des films muets.




A ce sujet, un extrait d’une critique réalisée par Sud-Ouest : link

Citation:
Par sa technique picturale étonnante : l'auteur, tout en produisant une image très réaliste, utilise une encre sépia pour apporter des contours flous. Il emploie l'eau de javel pour diluer les tons et les formes. Ce procédé donne au dessin la consistance d'une photographie ancienne tout en force et en contraste.



Et David Vandermeulen, s’expliquant sur les raisons d’un tel choix :

Citation:
[…] J'aime le cinéma expressionniste allemand qui n'est plus vraiment à la mode. Cela apporte une autre temporalité, il faut du temps pour comprendre. Je voulais une BD qui se lise lentement, à contre-courant de cette consommation rapide qui s'est généralisée.



Ce troisième tome est également largement ponctué de références littéraires, culturelles et politiques. Plusieurs pages s’inspirent par exemple des Nibelungen qui coupent l’histoire et la narration en lui donnant un souffle qui permet au lecteur de mieux replonger dans la frénésie de l’année 1915 sitôt ce court répit accordé.

A ce sujet, un extrait d’un article de Rue 89 : link

Citation:
Album plus chronologique que les précédents, « Fritz Haber III » reste néanmoins fidèle à l'une des spécificités narratives de la série : au gré des pages, des dessins restituant des scènes des Nibelungen (les nains des légendes germaniques) interrompent le récit. Ce film muet de Fritz Lang, réalisé en 1924, retrace l'épopée médiévale du même nom qui met en scène les exploits du blond Siegfried, détenteur du trésor des Nibelungen.



Citation:
« Le lecteur comprendra dans les prochains épisodes pourquoi ces extraits traversent la série. Dans ce troisième tome, il y a plus de pages qui sont consacrées aux Nibelungen, tout simplement parce que les scènes que je voulais montrer étaient plus longues. J'ai pris mon temps pour les dessiner, par pur plaisir. Ces images constituent des annonces pour la suite, qui donnera plus de place aux moments poétiques. »





Chaque début de chapitre est accompagné d’une citation d’un écrivain, d’un homme politique ou d’un scientifique allemand plus ou moins contemporain de l’époque, et qui enrichit encore la compréhension du chapitre à venir et de l’évolution historique et politique du pays.

« Peu importe la femme, peu importe l’enfant,
J’ai bien d’autres soucis en tête.
Qu’ils aillent mendier, si la faim les tenaille,
L’Empereur, mon Empereur, prisonnier. »

Heinrich HEINE

« Ainsi va le monde : personne ne sait ce qu’on pourra faire un jour des choses. L’ouvrier qui a posé ces vitres ne pensait assurément pas que le plomb pourrait causer un violent mal de tête à l’un de ses arrière-neveux (et quand mon père m’engendra, au diable s’il se demande qui, des oiseaux du ciel ou des vers de la terre, mangerait ma carcasse !) »
Goethe, Götz de Berlichingen

Quant au style de l’écriture en lui-même, les dialogues sont brefs, percutants, mais s’autorisent quelques fois de très beaux passages un peu plus imagés, vecteurs d’émotions intenses qui s’accordent à merveille avec le dessin et l’ambiance de l’album.
Je vous laisse avec ces deux petits extraits…

« Seuls quelques rares buissons retiennent encore de petits halos de gaz fluorescents. Un épouvantable silence s’impose. Dans le no man’s land, on n’entend plus que les bottes allemandes foulant et écrasant la mort. Partout l’on découvre des cadavres d’oiseaux, de lapins, de taupes, de rats ; tous ces animaux qui, pour mourir, ont quitté leurs repaires. »

« C’est dans une époque comme la nôtre que l’on voit à quelle triste espèce animale nous appartenons ! Tout cet héroïsme sur commande me paraît si vil et méprisable… Je préfèrerais être taillé en pièce plutôt que de prendre part à cette abomination ! Le nationalisme allemand est une maladie infantile, c’est la rougeole de l’humanité ! »

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5 mars 2011 6 05 /03 /mars /2011 13:27
Quai d’Orsay – T1 : Chroniques diplomatiques (2010) de Blain et Lanzac



Blain au dessin, Lanzac à l’investigation… Ancien conseiller du Quai d’Orsay, ce dernier nous fait profiter de son expérience au sein de ces grands bureaux en mettant en scène un personnage dont la ressemblance avec Dominique de Villepin n’est absolument pas fortuite :dentsblanches :

Chaque chronique est introduite par une citation d’Héraclite censée représenter le goût du ministre pour tous les bons mots des grands maîtres à penser dont il semble friand :

« Je me suis cherché moi-même. »
« A l’âme appartient le discours qui s’accroît lui-même. »
« Présents, ils sont absents. »
« En se transformant, il reste au repos. »
« Fatigue c’est : peiner aux mêmes tâches et par elles commencer. »
« La sagesse : dire le vrai et agir selon la nature. »
« Errants dans la nuit : mages, bacchants, bacchantes, initiés. »


Citant à tort et à travers Mao Zedong, Marlier, Erasme, Montesquieu, Schumann, Jaurès… la représentation de De Villepin nous apparaît finalement comme un homme creux qui n’a de pensées personnelles que celles que d’autres ont déjà eues avant lui.
Toujours expert pour repousser les priorités à plus tard, oubliant les problèmes au Moyen-Orient pour assister à un repas avec le prix Nobel de littérature Molly Hutchinson (qu’il ne passera pas sans ses petites fiches de rappel), l’image qu’on se fait de lui n’est pas forcément des plus reluisantes mais amuse par les parallèles que l’on peut faire avec l’actuelle gouvernance du pays :dentsblanches :

Quelques bons mots grappillés dans cette BD :

Le ministre à Arthur :
« Vous n’avez rien compris, Arthur, il faut de l’histoire, de la profondeur pour émouvoir les peuples. Les Américains, il faut qu’ils comprennent que je les aime. Même s’ils sont perdus. La vérité, c’est que je les aime plus qu’ils ne s’aiment eux-mêmes. Ils ne savent pas s’aimer. Ils ne savent pas aimer du tout d’ailleurs. »

Alors que le ministre est en train de discourir :
« On dirait Frankenstein qui s’adresse aux sept nains de Blanche-Neige. […] Regarde-les, regarde-les tous ! Tous ces mecs, là… C’est des cyniques. Ils sont venus à Genève pour faire les soldes et récupérer des subventions. Ca leur glisse dessus comme de l’eau sur les plumes d’un canard en rut. »

En parlant du ministre :
« Il se plante parce qu’il fait comme une chauve-souris qui aurait un problème de réglage avec sa fréquence d’ultrasons. T’ouvres la fenêtre pour qu’elle puisse sortir, elle se prend quand même la porte. »

Le ministre et sa théorie des bons livres :
« Regardez par exemple ce livre. Vous voyez tout de suite qu’il est nul. Y a rien qu’est stabilossé. Alors que ça, là, j’ai tout stabilossé. Ca, c’est un bon livre. »

A propos du ministre :
« C’est l’arme de l’irréel. Il invente trois ou quatre concepts sans trop savoir ce qu’il va dire. Il répète ça partout jusqu’à ce que tout le monde en soit persuadé, sans comprendre exactement ce que ça veut dire. »



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5 mars 2011 6 05 /03 /mars /2011 13:24
La théorie des gens seuls (2000) de Dupuy & Berberian




Résumé :
Citation:
Complètement à l’ouest, Félix, franchement déprimé, se fait héberger par son ami Jean…. Pour quelques temps seulement, enfin normalement !
Le problème avec Félix, c’est que comme il est seul, c’est à dire célibataire, il déprime, et comme souvent les célibataires qui arrivent à un certain âge, il établit des tas de théories plus ou moins de bon goût ! Et comme si cela ne suffisait pas pour empoisonner la vie de son hôte, il les déclame à tous moments, et évidemment , souvent quand il ne faut pas !
Ainsi, il sait tout des femmes et a tendance à les voir comme un danger qui va mettre sa vie et celle de ses amis en péril . Tant bien que mal, Jean va essayer de le supporter, ainsi que ses conquêtes féminines !
En même temps, l’inspiration de l’écrivain qu’il est semble lui faire faux bond !
Source : link

Cet album fait partie de la série Monsieur Jean et il s'intercale comme un hors-série entre le tome 3 et le tome 4. Mais il peut très bien se lire sans connaissance des tomes précédents (ce que j'ai fait...).
Il se compose de plusieurs histoires courtes qui s'articulent tout de même autour d'un thème commun : les épreuves traversées au quotidien dans nos tentatives de nous lier avec les autres. Rien de bien original mais le ton est plutôt léger et détaché. Pas de pathos, pas de caricature non plus : les aventures de Monsieur Jean et de ses amis sont très agréables à suivre. Rien d'inoubliable non plus mais j'ai passé un bon moment. Peut-être que je me serais sentie plus impliquée si j'avais suivi la série depuis le début ? Ce que je compte entreprendre d'ici peu...

"Je me fais des couilles en or... C'est une véritable rente. Je travaille une heure par jour grand maximum... Le reste du temps je me balade, je claque mon fric et en plus je me tape plein de filles ! La belle vie quoi !"
(dixit un écrivain qui n'arrive plus rien à écrire depuis trois ans... Mais faut bien impressionner les autres !)




 







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5 mars 2011 6 05 /03 /mars /2011 11:43
American Psycho (2000) de Mary Harron



Résumé :

Citation:
Au coeur des années Reagan, Patrick Bateman est un pur produit de la réussite américaine. Jeune, riche, il est un de ces golden boys qui triomphent à la bourse. Seul le nec plus ultra est digne de lui et il s'emploie à ne retrouver que des symboles qui lui renvoient une image de succès. Il accumule, avec une obsession maladive, les vêtements selects, les relations enviables. Son voeu le plus cher est de se fondre dans cette foule, de trouver sa place au milieu de ceux auxquels il s'identifie.



Après avoir lu et adoré American Psycho de Bret Easton Ellis, j’ai décidé de passer à la vitesse supérieure et de m’attaquer au film, adaptation du roman. Non sans crainte puisque les critiques laissaient à penser que cette adaptation était plutôt ratée. Mais il fallait que je sache :dentsblanches : Et puis, une mauvaise adaptation n’allait pas gâcher la qualité que je trouvais à l’original donc bon, quand faut y aller, faut y aller !



Tuera ? Tuera pas ?


J’ai bien fait de m’être lancée. Même si Mary Harron n’égale pas le talent de Bret Easton Ellis, le film reste indéniablement bon. Christian Bale dans le rôle de Pat Bateman est aussi détestable et répugnant que dans le livre. Tout le ridicule de ses rituels esthétiques du matin est parfaitement retranscrit dans la scène de la douche et des étirements (merci aux citations de Bret), et ceci dès les premières minutes.



L’ordre du livre n’est pas respecté, mais cela ne nuit pas à la compréhension des évènements. Après tout, les meurtres, les dîners et les partouzes se suivent et s’enchaînent dans une indifférence toujours égale pour Bateman, alors, à quoi bon s’embêter à suivre un ordre précis de déroulement ? Le final restera le même, quoiqu’il arrive.

Là où le film faiblit, c’est dans les ellipses un peu trop nombreuses accordées sur les passages criminels et sexuels de Pat Bateman, qui font pourtant le délice d’American Psycho livre (je pense notamment au meurtre du clochard noir et de son chien, réduit à une minute de film alors que la description de Bret s’étendait sur plusieurs pages sanglantes…). Volonté peut-être de toucher un public plus large car les films n’obéissent pas aux mêmes règles de censure que les livres.

A ce sujet, Guinevere Turner, coscénariste et interprète d’Elizabeth s’exprime :

"Pour souligner l'essence satirique du propos, Mary et moi avons concentré l'histoire originale, en avons sélectionné les moments cruciaux, en mettant l'accent sur l'humour du comportement des personnages et en choisissant les éléments clés des dialogues brillants et très drôles d'Ellis. En outre, la majeure partie de la violence se déroule hors du cadre. Elle est d'abord suggérée.
Nous étions conscientes dès le départ que si nous ne trouvions pas l'approche juste, le film pouvait aisément se transformer en un film d'horreur, sanguinolent et écoeurant. C'était bien la dernière chose que nous souhaitions. Au contraire, ici, c'est ce que l'on ne voit pas qui est le plus terrifiant.»





Mais les Inrocks ne sont pas contents et ils le disent :

Citation:
Les visions terrifiantes du romancier sont en effet faiblement retranscrites à l'écran, le film procédant à une autocensure systématique des scènes de violence, réduites à quelques zébrures parodiques.


Source : link

Sans aller jusque là, il est vrai que ces ellipses font perdre de l’intensité du récit de Bret, mais on comprend les obligations de Mary Hurron, et malgré cela, il reste encore cruel, assez en tout cas pour donner envie à ceux qui ne le connaissent pas de lire le livre d’Easton Ellis.

On pourrait résumer le tout de cette façon, à la manière de Mary Hurron :

« Là où la plupart de ces jeunes arrivistes se contentent de mépriser les pauvres, Bateman les tue. Là où on détruit socialement ses rivaux, Patrick Bateman les assassine. Et quand les hommes traitent les femmes avec mépris, lui les abat. »

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4 mars 2011 5 04 /03 /mars /2011 21:43

DES BONNES MŒURS DU MATIN

 

"Une âme folâtre est grande salubrité : le buveur de bonnes mœurs sait s'en souvenir. Un vin exquis, bu tripe creuse 1, renouvelle les forces [...]

C'est pourquoi il convient, dès potron-minet, de se rincer le museau, de s'humecter les poumons, de se laver les tripes : ainsi vous serez fringants et ingambes [...]

Le vin vous donnera le jour durant des selles fermes et assurées, que le sage Epistémon2 nomme papales, car elles sont par nature infaillibles. Qui au contraire boit dès le matin de l'eau ou quelque liquide analogue sera ramolli et cul-pendant jusqu'aux ultimes heures vespérales ; et il se couchera en sueur et aura des cauchemars. Et au contraire qui boit du vin aura la conscience tranquille et l'esprit paisible jusqu'au crépuscule ; et ainsi jour après jour et derechef.

Et le vin vous donnera pisse saine et rose, veloutée comme bois de cerf. Alors que les buveurs d'eau l'auront trouble et soufrée.

Et le vin vous donnera une verge puissante et belle, que vous brandirez à volonté et observerez avec contentement. Alors que les buveurs d'eau l'auront pleine de bulles et de hoquets. [...]"

 

http://www.cepdivin.org/actu/parutions/traite_de_bon_usage_de_vin_songes_drolatiques_b.jpg

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4 mars 2011 5 04 /03 /mars /2011 21:23
L'homme boîte publié en 1973



Présentation de l'éditeur :

Citation:
Kôbô Abé est un des tous premiers écrivains japonais d'aujourd'hui. Redoutable parabole des temps modernes, son roman L'Homme-boîte nous interroge un peu à la manière des pièces de Beckett. Cet homme qui a enfoui sa tête et le haut de son corps dans une boîte en carton n'est pas un Diogène cynique réfugié dans un tonneau par mépris de l'humanité. C'est un anti-héros, un être mythique dont le mal profond est l'impuissance. Un voyeur aussi, car la seule relation qu'il peut établir avec le monde extérieur se fait par l'intermédiaire de son regard. Ce personnage anonyme a placé un écran entre les autres et lui afin de se protéger des contraintes de la société et la boîte est pour lui à la fois sécurisante et protectrice. Tourmenté et solitaire, il est en même temps capable d'humour et même d'amour. Pour Kôbô Abé, qui est aussi médecin, une identité détruite peut en quelque sorte être "refaçonnée". Et c'est grâce à la femme qu'il aime que "l'homme-boîte" sortira de son carcan volontaire et rejoindra la vie.


Comme certains d'entre vous, j'ai trouvé le style d'Abé souvent lourd et pompeux, n'hésitant pas à nous bassiner d'effets spéciaux sans que l'on sache où il veut en venir. J'ai parfois eu l'impression que tout cela ne servait qu'à cacher un éventuel manque d'idées, ce que je n'aurais pas trouvé étonnant vu que l'histoire tourne vite en rond.

Le début m'avait pourtant bien plu. L'histoire est originale, le style n'est pas encore trop pompeux, et puis tout se dégrade au fil des pages. Il vient se mêler une histoire de vrai/faux homme-boîte où je me suis bien emmêlée les pinceaux...

Les premières pages sont intrigantes :


Citation:
Il est certain que l’homme-boîte ne se remarque pas facilement. Il est comme une ordure qui aurait été jetée sous un pont ou bien entre une palissade et des v-c publics. Mais il y a une différence entre ne pas être visible et ne pas être remarqué. Comme il ne s’agit pas d’un être particulièrement remarquable, il y a toutes les chances que tu aies eu l’occasion d’en apercevoir un. Toi, par exemple, il t’a sûrement sauté aux yeux. Mais je conçois bien que, par ton attitude, tu aies refusé de le reconnaître. Tu n’es pas la seule personne à le regarder sans le voir ; tu détournes les yeux instinctivement. C’est comme si, la nuit, tu portais des lunettes très sombres ou un masque, tu ne pourrais éviter que l’on te prenne pour une créature très timide, ou pour quelqu’un qui mijote un mauvais coup.

Citation:

La seule erreur de A. était d’être plus conscient qu’un autre de sa condition d’homme-boîte. Vous ne pouvez pas vous moquer de lui. Si vous êtes un de ceux qui ont imaginé dans leurs pensées, même une fois, une ville anonyme qui existerait seulement pour les habitants anonymes, une ville où ce qu’on appelle les portes seraient ouvertes à tous sans discrimination, une ville où, parmi ceux qui vous sont étrangers, vous n’auriez pas besoin d’être sur la défensive, où vous pourriez marcher sur la tête ou dormir dans la rue sans qu’on vous dise rien, où vous pourriez chanter si vous êtes fier de votre talent, et où, quand vous avez fait tout cela, vous pourriez, si vous le désiriez, vous mélanger à la foule anonyme –alors, vous ne devriez pas être indifférent, car vous pouvez toujours être exposé aux mêmes dangers que lui. C’est pourquoi, il ne faut jamais pointer un fusil devant un homme-boîte.


Passage lourd dont Abé a le génie ( dentsblanches ). Le passage est court, je vous épargne le pire :

Citation:
Oui ; peut-être est-ce moi qui suis en train d’écrire en t’imaginant, toi qui es en train d’écrire en m’imaginant, moi.


Bon, le livre est aussi parcouru de photographies accompagnées de commentaires en rapport avec l'histoire plutôt bien trouvés. Vous pouvez vous contenter de cet album-photo si vous avez envie d'avoir une idée du contenu du bouquin sans le lire en entier dentsblanches

Citation:
Quand je pense à de petites choses, je crois que j’aimerais continuer à vivre. Des gouttes de pluie… des gants trempés qui ont rétréci… Quand je contemple quelque chose de trop grand. J’ai envie de mourir… le building du Parlement ou la carte du monde…


Mais je suis trop méchante... Ce livre n'est franchement pas mauvais, il est seulement agaçant, parce qu'on a parfois envie de dire à Kôbô Abé d'arrêter de vouloir faire de l'esprit à tout prix, parce que ça ne lui réussit pas tellement au bonhomme... C'est un peu le même sentiment qu'on ressent à la lecture des livres d'Amélie Nothomb : ce n'est pas mauvais, il y a plein de bonnes idées mais il y a des passages qui sonnent cruellement faux et qui donnent envie de reposer le bouquin aussitôt. Et ça gâche le plaisir, c'est dommage...
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4 mars 2011 5 04 /03 /mars /2011 18:24
Hellphone (2006) de James Hunt



Résumé Allociné :

Citation:
Skater fan d'AC/DC, en terminale dans un lycée parisien, Sid rêve d'un téléphone portable. Avec lui, il pourra séduire Angie, sublime jeune fille fraîchement débarquée de New York, pendue pour l'instant au bras de Virgile, le playboy de l'école. Mais le téléphone que Sid achète dans cet étrange bazar chinois se révèle avoir d'étranges pouvoirs...
Hellphone a choisi Sid. L'amitié avec Pierre, son ami d'enfance, et l'amour pour Angie sauront-ils résister à la relation passionnelle entre Sid et son téléphone ?





Synopsis effrayant ? Je suis d’accord… Et le début du film n’est pas bien meilleur… Les personnages et leur situation sont amenés d’une manière un peu brutale et caricaturale : le type fan d’AC/DC un peu ringard (comprenez, il n’a pas de portable…) et son meilleur ami (un roux…l’acharnement sur cette population ne prendra visiblement jamais fin What a Face ) contre la bande de beaux mecs à la mode façon LOL et la superbe créature du lycée, dont notre héros est bien entendu fou amoureux mais, pas de bol : il a de la concurrence, et vous aurez deviné laquelle… (eh oui, les beaux mecs dont je viens de parler…). Et n’oublions pas les pimbêches qui escortent toujours la Reine de Saba.
Bref, la présentation des personnages est très critiquable, et à ce point du film, on se dit que c’est mal barré. Heureusement, on a du temps à perdre, des amis qui veulent voir la suite du massacre, et on ne baisse pas les bras… On regarde le temps qu’il reste… le film dure une heure et demie…ce n’est pas insurmontable… Et ça vaut le coup !




Parce que la suite du film s’avère être bien meilleure ! Very Happy Sans jamais devenir une réalisation exceptionnelle, James Hunt a su faire preuve d’originalité dans le choix de ses plans, dans l’enchaînement des péripéties, frisant l’audace avec des situations à la limite du grotesque et de la série Z : ça qu’est bon ! Le film ne se prend pas au sérieux… L’humour avant tout, et pas de l’humour complaisant qui fait rire aux moments attendus mais de l’humour qui surprend.
C’est osé. Même la fin est ridicule, mais c’est voulu et on rit de bon cœur avec James Hunt et ses acteurs. Bon, bien sûr, ça nécessite un peu de laisser-aller, et si on recherche un film purement intellectuel, avec des répliques littéraires et recherchés, ce ne sera peut-être pas le bon film. Mais pour une comédie qui sort un peu des carcans, c’est un bon choix…




Et si je n’ai pas réussi à vous convaincre, quelques extraits de la critique de Critikat…
Concernant les références du film :

Citation:
Bourré de références, son film les exploite avec malice, invitant au passage les trentenaires d’aujourd’hui à un tour de train fantôme au pays des films pop corn de leur jeunesse. Au passage, ils reconnaîtront des clins d’œil très appuyés à Christine (John Carpenter, 1984), Gremlins (Joe Dante, 1984), Retour vers le futur (Robert Zemeckis, 1985) ou encore La Folle Journée de Ferris Bueller (John Hugues, 1986), autant de fantaisies dont le charme tenait en même temps à la capacité à créer du spectacle en détournant des objets ou des mythes populaires et à séduire les plus jeunes autant que leurs parents grâce à plusieurs niveaux de lecture − le plus intéressant restant le commentaire, tantôt corrosif, tantôt désabusé, de l’Amérique reaganienne.



Et sur le choix du téléphone portable comme lampe magique :

Citation:
À son niveau, James Huth relève le défi : à partir d’un objet − le téléphone portable − devenu phénomène sociologique autant qu’accessoire de mode et par extension, symbole très fort d’appartenance à une classe sociale, le réalisateur ne se gêne pas pour tirer sur tout ce qui l’agace.



Source : link

D’ailleurs, James Hunt explique lui-même ses intentions lors de la réalisation du film :

"Le chemin vers la connaissance de soi et la simplicité est essentiel pour devenir un adulte libre et bien dans sa tête. C'est le message que j'avais envie de faire passer aux jeunes, en les faisant marrer plutôt que de leur prendre la tête. D'où cette comédie déjantée. En fait le film est une parabole sur les dangers du paraître."

Une curiosité à voir à l’occasion…

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